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Si toujours ce noble sein
Bat pour un digne dessein!
J'en veux faire le coussin
Où ton front se pose!

S'il est un rêve d'amour,
Parfumé de rose,

Où l'on trouve chaque jour
Quelque douce chose,
Un rêve que Dieu bénit,
Où l'âme à l'âme s'unit,

Oh! j'en veux faire le nid

Où ton cœur se pose!

Victor Hugo.

183

LXII

AUTRE CHANSON

L'aube nait et ta porte est close!
Ma belle, pourquoi sommeiller?
À l'heure où s'éveille la rose
Ne vas-tu pas te réveiller?

O ma charmante,
Écoute ici

L'amant qui chante
Et pleure aussi !

Tout frappe à ta porte bénie;
L'aurore dit: Je suis le jour !
L'oiseau dit: Je suis l'harmonie!
Et mon cœur dit: Je suis l'amour!

O ma charmante,
Écoute ici

L'amant qui chante
Et pleure aussi !

Je t'adore ange et t'aime femme.
Dieu qui par toi m'a complété
A fait mon amour pour ton âme
Et mon regard pour ta beauté !

O ma charmante,
Écoute ici

L'amant qui chante
Et pleure aussi !

Id. 183

LXIII

MA NORMANDIE

Quand tout renaît à l'espérance,
Et que l'hiver fuit loin de nous;
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux ;
Quand la nature est reverdie,
Quand l'hirondelle est de retour,
Je vais revoir ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.

J'ai vu les champs de l'Helvétie
Et ses chalets et ses glaciers,
J'ai vu le ciel de l'Italie
Et Venise et ses gondoliers;

En saluant chaque patrie,

Je me disais: Aucun séjour

N'est plus beau que ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.

Il est un âge dans la vie
Où chaque rêve doit finir,
Un âge où l'âme recueillie
A besoin de se souvenir;
Lorsque ma muse refroidie
Aura fini ses chants d'amour,
J'irai revoir ma Normandie,

C'est le pays qui m'a donné le jour.

F. Bérat. 183

LXIV

FLEUR DES CHAMPS

Fleur des champs, brune moissonneuse,
Aimait le fils d'un laboureur;

Par malheur, la pauvre faneuse
N'avait à donner que son cœur.
Elle pleurait; un jour, le père
Lui dit: "Fauche ce pré pour moi ;
Si dans trois jours, il est par terre,
Dans trois jours, mon fils est à toi."

Le doux récit que je vous chante
Est un simple récit du cœur ;
C'est une histoire bien touchante
Que m'a contée un moissonneur !

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En l'écoutant, la pauvre fille
Crut mourir de joie et d'amour.
À l'instant prenant sa faucille
Elle travaille nuit et jour.
Près de défaillir à l'ouvrage,
Elle puisait avec ferveur,
Dans sa prière, du courage,
Et sa prière dans son cœur.
Le doux récit, etc.

Sur sa route, une marguerite
Arrête ses yeux attendris:
Il faut tomber, pauvre petite,
Car mon bonheur est à ce prix.
Mais en tombant, la fleur naissante
Avait des regards si touchants,
Qu'elle fit pleurer l'innocente,
Comme elle, simple fleur des champs.
Le doux récit, etc.

Le troisième jour, dans la plaine
Revient le riche laboureur ;

L'enfant est pâle et hors d'haleine,
Mais ses yeux brillent de bonheur.

"J'ai plaisanté," dit-il, “ ma fille,
Mais pour toi voilà dix écus."
Et le soir près de sa faucille
Expirait une fleur de plus.

Telle est l'histoire bien touchante
Que m'apprirent des moissonneurs,
Et chaque fille qui la chante
À la chanson mêle ses pleurs !

Gustave Lemoine. 183

IV

SATIRICAL SONGS, EPIGRAMS, ETC.

I

BALLADE

Nouvelles ont couru en France,

Par mains lieux, que j'estoye mort ;
Dont avoient peu deplaisance*
Aucuns qui me hayent à tort;
Autres en ont eu desconfort,
Qui m'ayment de loyal vouloir,
Comme mes bons et vrais amis;
Sit fais à toutes gens savoir
Qu'encore est vive la souris.

Je n'ay eu ne mal, ne grevance,‡
mais suis sain et fort,

Dieu mercy,

Et passe temps en espérance

Que paix, qui trop longuement dort,

S'esveillera, et par accort

À tous fera liesse avoir;

Pour ce, de Dieu soient maudis
Ceux qui sont dolens de veoir

Qu'encore est vive la souris.

* Déplaisir.

+ Ainsi.

+ Grief.

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