Au sein de ces vastes forêts, Si l'ombre de ces bois épais De votre cœur trouble la paix, Chassez une crainte funeste, Auprès de vous votre ami reste : Dormez, dormez, chères amours, Pour vous je veillerai toujours.
Vos yeux se ferment doucement, Je vais chanter plus lentement: Heureuse d'un songe charmant, Puissiez-vous être ramenée Aux doux instants de la journée ! Dormez, dormez, chères amours, Pour vous je veillerai toujours.
Amédée de Beauplan. 182
Colinette était son nom, Elle habitait un village, Où l'été dans mon jeune âge, J'allais passer la moisson. Ce n'était qu'une fillette, Je n'étais qu'un écolier, Elle est morte en février; Pauvre Colinette!
Lorsque nous courions tous deux Dans la verdoyante allée,
Comme elle était essouflée,
Comme j'étais radieux !
Le pinson et la fauvette Chantaient nos chastes amours; Les oiseaux chantaient toujours: Pauvre Colinette!
Sur ce banc, ce fut un soir Notre dernière entrevue: J'avais l'âme toute émue; Je l'aimais sans le savoir ! Cachant ma peine secrète, Je lui dis, prenant sa main : Adieu jusqu'à l'an prochain, Pauvre Colinette !
Un tel récit est bien vieux; Cette histoire est bien commune, Pourtant il n'en est pas une Qui ne mouille pas les yeux. J'aimai plus tard en poète Par vingt coquettes charmé— Je n'ai qu'une fois aimé
Pauvre Colinette!
La vie est un voyage, Tâchons de l'embellir: Jetons sur son passage Les roses du plaisir.
Dans l'âge heureux de la jeunesse, L'amour nous flatte, il nous caresse, Il nous présente le bonheur, Puis il s'envole; on voit l'erreur, Hélas que faire ?
Tâcher de plaire.
Du bien présent savoir jouir Sans trop songer à l'avenir.
À la ville, au village,
On n'est content de rien : Pensons comme le sage Qui dit que tout est bien. Le bonheur n'est qu'imaginaire, Chacun sourit à sa chimère,
Chantons, célébrons tour à tour
Bacchus, le plaisir et l'amour. Que sous la treille
Le plaisir veille.
Tenant le flambeau de l'amour, Bacchus sera le dieu du jour.
Les dieux à leur image Formèrent la beauté ; Sur leur plus bel ouvrage L'amour fut consulté.
Le jour, la nuit fût-elle obscure, Sous la pourpre, sur la verdure, Suivons l'amour et la gaîté Aux autels de la volupté. Ah! quel délire
Pour qui respire:
L'encens par l'amour présenté
Des dieux c'est la félicité !
66 Batelier, dit Lisette, Je voudrais passer l'eau, Mais je suis bien pauvrette Pour payer le bateau."
Colin dit à la belle:
Venez, venez toujours,”
Et vogue la nacelle
Qui porte mes amours.
-Je m'en vais chez mon père,
Dit Lisette à Colin ;
-Eh bien! crois-tu, ma chère,
Qu'il m'accorde ta main?
-Ah! répondit la belle, Osez, osez toujours. - Et vogue la nacelle Qui porte mes amours.
Après le mariage,
Toujours dans son bateau, Colin fut le plus sage Des maris du hameau. A sa chanson fidèle, Il répéta toujours: "Et vogue la nacelle
Qui porte mes amours."
NOUVELLE CHANSON SUR UN VIEIL AIR
S'il est un charmant gazon
Que le ciel arrose,
Où brille en toute saison
Quelque fleur éclose,
Où l'on cueille à pleine main Lis, chèvrefeuille et jasmin, J'en veux faire le chemin Où ton pied se pose!
S'il est un sein bien aimant
Dont l'honneur dispose ! Dont le ferme dévoûment
N'ait rien de morose,
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