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Au sein de ces vastes forêts,
Si l'ombre de ces bois épais
De votre cœur trouble la paix,
Chassez une crainte funeste,
Auprès de vous votre ami reste :
Dormez, dormez, chères amours,
Pour vous je veillerai toujours.

Vos yeux se ferment doucement,
Je vais chanter plus lentement:
Heureuse d'un songe charmant,
Puissiez-vous être ramenée
Aux doux instants de la journée !
Dormez, dormez, chères amours,
Pour vous je veillerai toujours.

Amédée de Beauplan. 182

LVIII

COLINETTE

Colinette était son nom,
Elle habitait un village,
Où l'été dans mon jeune âge,
J'allais passer la moisson.
Ce n'était qu'une fillette,
Je n'étais qu'un écolier,
Elle est morte en février;
Pauvre Colinette!

Lorsque nous courions tous deux
Dans la verdoyante allée,

Comme elle était essouflée,

Comme j'étais radieux !

Le pinson et la fauvette
Chantaient nos chastes amours;
Les oiseaux chantaient toujours:
Pauvre Colinette!

Sur ce banc, ce fut un soir
Notre dernière entrevue:
J'avais l'âme toute émue;
Je l'aimais sans le savoir !
Cachant ma peine secrète,
Je lui dis, prenant sa main :
Adieu jusqu'à l'an prochain,
Pauvre Colinette !

Un tel récit est bien vieux;
Cette histoire est bien commune,
Pourtant il n'en est pas une
Qui ne mouille pas les yeux.
J'aimai plus tard en poète
Par vingt coquettes charmé—
Je n'ai qu'une fois aimé

Pauvre Colinette!

Anon. 18

LIX

LA VIE EST UN VOYAGE

La vie est un voyage,
Tâchons de l'embellir:
Jetons sur son passage
Les roses du plaisir.

Dans l'âge heureux de la jeunesse,
L'amour nous flatte, il nous caresse,
Il nous présente le bonheur,
Puis il s'envole; on voit l'erreur,
Hélas que faire ?

Tâcher de plaire.

Du bien présent savoir jouir
Sans trop songer à l'avenir.

À la ville, au village,

On n'est content de rien : Pensons comme le sage Qui dit que tout est bien. Le bonheur n'est qu'imaginaire, Chacun sourit à sa chimère,

Chantons, célébrons tour à tour

Bacchus, le plaisir et l'amour.
Que sous la treille

Le plaisir veille.

Tenant le flambeau de l'amour,
Bacchus sera le dieu du jour.

Les dieux à leur image
Formèrent la beauté ;
Sur leur plus bel ouvrage
L'amour fut consulté.

Le jour, la nuit fût-elle obscure,
Sous la pourpre, sur la verdure,
Suivons l'amour et la gaîté
Aux autels de la volupté.
Ah! quel délire

Pour qui respire:

L'encens par l'amour présenté

Des dieux c'est la félicité !

Morel. 18-

LX

BARCAROLLE DE MARIE

66 Batelier, dit Lisette,
Je voudrais passer l'eau,
Mais je suis bien pauvrette
Pour payer le bateau."

Colin dit à la belle:

66

Venez, venez toujours,”

Et vogue la nacelle

Qui porte mes amours.

-Je m'en vais chez mon père,

Dit Lisette à Colin ;

-Eh bien! crois-tu, ma chère,

Qu'il m'accorde ta main?

-Ah! répondit la belle,
Osez, osez toujours.
- Et vogue la nacelle
Qui porte mes amours.

Après le mariage,

Toujours dans son bateau,
Colin fut le plus sage
Des maris du hameau.
A sa chanson fidèle,
Il répéta toujours:
"Et vogue la nacelle

Qui porte mes amours."

E. de Planard. 1826

LXI

NOUVELLE CHANSON SUR UN VIEIL AIR

S'il est un charmant gazon

Que le ciel arrose,

Où brille en toute saison

Quelque fleur éclose,

Où l'on cueille à pleine main
Lis, chèvrefeuille et jasmin,
J'en veux faire le chemin
Où ton pied se pose!

S'il est un sein bien aimant

Dont l'honneur dispose !
Dont le ferme dévoûment

N'ait rien de morose,

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