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Je suis riche, et beaucoup;

Car l'amour, oui, l'amour tient lieu de tout. Scribe et Bayard,

"Le Budget d'un jeune Ménage." 1831

LIII

CHANSON DE FORTUNIO

Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,

Je ne saurais, pour un empire,

Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,

Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie
Veut m'ordonner,

Et je puis, s'il lui faut ma vie,
La lui donner.

Du mal qu'une amour ignorée
Nous fait souffrir,

J'en porte l'âme déchirée
Jusqu'à mourir.

Mais j'aime trop pour que je die
Qui j'ose aimer,

Et je veux mourir pour ma mie

Sans la nommer.

Alfred de Musset. 1836

LIV

CHANSON DE CÉSARIO

Il se levait le bon matin

Pour se mettre à l'ouvrage, Le bon gros père Célestin, Tintaine, tintin.

Il se levait de bon matin,

Comme un coq de village.

Lorsque, pour chanter au lutrin,
Nous manquions de courage,
Le bon gros père Célestin,
Tintaine, tintin,

Il buvait pour nous mettre en train,
C'était là son usage.

Quand il mourra le verre en main
Un jour, dans son grand âge,
Le bon gros père Célestin,

Tintaine, tintin,

Quand il mourra le verre en main,
Ce sera grand dommage.

Id.

1836

LV

LE GARDE-MOULIN

Je vais épouser la meunière
Dont on voit le moulin là-bas :
Mais j'aime une pauvre bergère;
Comprenez-vous mon embarras?
Ma Fanchette est si jolie !
Mais la meunière a du bien.
S'il faut faire une folie,

Que cela ne soit pas pour rien !
Bah! j'épouserai la meunière,
Qui me fait toujours les yeux doux,
En me disant: "Beau petit Pierre,
Mais quand donc nous marierons-nous ?”

Un instant, n'allons pas si vite !
Suis-je bien certain d'être heureux
Avec la femme de mérite

Dont je ne suis pas amoureux ?
Il s'agit de mariage;

C'est, hélas! pour plus d'un jour;
Oui, mais pour vivre en ménage,
C'est bien maigre, de l'amour!
Bah! j'épouserai la, etc.

Cependant mon cœur s'inquiète
Et me dit que c'est mal à moi
De trahir la pauvre Fanchette,
À qui j'avais donné ma foi.
Elle est si tendre, si bonne,
Comme son cœur va souffrir!
Hélas! si je l'abandonne,
Elle est capable d'en mourir !
Ma foi, tant pis pour la meunière,
Je ne serai pas son époux ;
Qu'elle dise Beau petit Pierre !
Petit Pierre n'est pas pour vous ! ...

G. Lemoine. 183-

LVI

L'AMOUR

Dis moi, mon cœur, mon cœur de flammes,
Qu'est ce qu'amour, ce mot charmant ?

-C'est une pensée et deux âmes,

Deux cœurs qui n'ont qu'un battement.

Dis d'où vient qu'amour nous visite?
-L'amour est là-car il est là !

Dis d'où vient donc, qu'amour nous quitte?
-Ce n'est pas l'amour, s'il s'en va !

Dis quel est l'amour véritable?
—Celui qui respire en autrui.
Et l'amour le plus indomptable?
—Celui qui fait le moins de bruit !

Comment accroit-il sa richesse?
-C'est en donnant à chaque pas.

Et comment parle son ivresse ?

---L'amour aime-et ne parle pas. . . .

LVII

Anon. 18

DORMEZ, DORMEZ, CHÈRES AMOURS

Reposons-nous ici tous deux,

Goûtons le charme de ces lieux,

Qu'un doux sommeil ferme vos yeux :

Que le bruit de l'onde se mêle,
Aux doux accents de Philomèle.
Dormez, dormez, chères amours,
Pour vous je veillerai toujours;

Dormez, dormez, pour vous je veillerai toujours.

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