C'est le vrai moment d'être heureux; On plaît autant, l'on aime mieux. Enfans, etc.
Croyez-vous que ce dieu malin, Dont je chéris et crains la flamme, Allume, aux rayons du matin, Le flambeau qui brûle notre âme ? Son feu, si je l'ai bien senti, Ressemble aux ardeurs du midi. Enfans
De quinze ans,
Laissez danser vos mamans.
Moreau, historiographe de France. 1779
L'hymen est un lien charmant, Lorsque l'on s'aime avec ivresse, Et ce n'est que dans la jeunesse Qu'on peut s'aimer bien tendrement; C'est un gentil pélerinage
Que l'on entreprend de moitié, Peines, plaisirs, tout se partage. L'amour, l'estime et l'amitié Sont les compagnons du voyage.
Si par malheur chez les époux On voit naître l'indifférence, Si la triste et froide inconstance Succède à leurs transports si doux, Plus n'est gentil pélerinage Qu'on faisait gaîment de moitié, Mais si l'amour devient volage, Qu'au moins l'estime et l'amitié Restent compagnons du voyage.
Quand j'ai vu naître mes enfants, M'immoler devint nécessaire. Je connais les devoirs d'un père, Il doit tenir tous ses serments! Dans mon triste pélerinage, Qui fut entrepris de moitié, Je bénis encor mon partage,
Si leur bonheur, leur amitié
On devient infidèle, On court de belle en belle, Mais on revient toujours À ses premiers amours.
Ah! d'une ardeur sincère Le temps ne peut distraire, Et nos plus doux plaisirs Sont dans nos souvenirs. On pense, on pense encore À celle qu'on adore, Et l'on revient toujours A ses premiers amours.
voyager passant sa vie,
Certain vieillard nommé le Temps,
Près d'un fleuve arrive et s'écrie : "Ayez pitié de mes vieux ans,
"Hé quoi! sur ces bords on m'oublie,
"Moi qui compte tous les instants!
"Mes bons amis, je vous supplie,
Venez, venez passer le Temps."
De l'autre côté sur la plage,
Plus d'une fille regardait, Et voulait aider son passage, Sur un bateau qu'Amour guidait :
Mais une d'elles, bien plus sage, Leur répétait ces mots prudents: "Ah! souvent on a fait naufrage, "En cherchant à passer le Temps."
L'Amour gaiment pousse au rivage; Il aborde tout près du Temps, Il lui propose le voyage,
L'embarque et s'abandonne aux vents; Agitant ses rames légères,
Il dit et redit dans ses chants: "Vous voyez bien, jeunes bergères, "Que l'Amour fait passer le Temps."
Mais tout-à-coup l'Amour se lasse; Ce fut toujours là son défaut.
Le Temps prend la rame à sa place, Et lui dit : Quoi! céder si tôt !
"Pauvre enfant ! quelle est ta faiblesse ! 66 Tu dors, et je chante à mon tour, "Ce vieux refrain de la Sagesse : "Ah! le Temps fait passer l'Amour."
Une beauté dans le bocage Se riait sans ménagement De la morale du vieux sage,
Et du dépit du jeune enfant :
Qui peut," dit le Temps en colère, "Braver l'Amour et mes vieux ans ?" "C'est moi," dit l'Amitié sincère, Qui ne crains jamais rien du Temps." Ségur. 1804
Quand l'Amour naquit à Cythère On s'intrigua dans le pays : Venus dit, "Je suis bonne mère; C'est moi qui nourrirai mon fils." Mais l'Amour, malgré son jeune âge, Trop attentif à tant d'appas, Préférait le vase au breuvage, Et l'enfant ne profitait pas.
"Ne faut pourtant pas qu'il pâtisse," Dit Vénus parlant à sa cour:
Que la plus sage le nourrisse ; Songez toutes que c'est l'Amour." Soudain la Candeur, la Tendresse, L'Égalité viennent s'offrir,
Et même la Délicatesse ; Nulle n'avait de quoi nourrir.
On penchait pour la Complaisance;
Mais l'enfant eut été gâté. On avait trop d'expérience Pour penser à la Volupté. Enfin sur ce choix d'importance, Cette cour ne décidant rien, Quelqu'un proposa l'Espérance, Et l'enfant s'en trouva fort bien.
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