Ayant la dentelle, Le soulier brodé, La boucle à l'oreille, Le chignon cardé.
Narguant tes compagnes, Méprisant leurs vœux, J'ai fait deux campagnes, Rôti de tes feux.
Digne de la pomme, Tu reçus ma foi ; Et jamais rogome Ne fut bu sans toi.
Tiens, serre ma pipe, Garde mon briquet ; Et si la Tulipe Fait le noir trajet, Que tu sois la seule, Dans le régiment, Qu'ait le brûle-gueule De son cher amant.
Ah! retiens tes larmes !
Calme ton chagrin ;
Au nom de tes charmes, Achève ton vin.
Mais quoi! de nos bandes
J'entends les tambours.... Gloire, tu commandes,
Adieu mes amours!
Que j'aime à voir les hirondelles À ma fenêtre, tous les ans, Venir m'apporter des nouvelles De l'approche du doux printemps ! Le même nid, me disent-elles, Va revoir les mêmes amours: Ce n'est qu'à des amants fidèles À vous annoncer les beaux jours.
Lorsque les premières gelées Font tomber les feuilles des bois, Les hirondelles rassemblées S'appellent toutes sur les toits : Partons, partons, se disent-elles, Fuyons la neige et les autans; Point d'hiver pour les cœurs fidèles; Ils sont toujours dans le printemps.
Si par malheur, dans le voyage, Victime, d'un cruel enfant, Une hirondelle mise en cage Ne peut rejoindre son amant, Vous voyez mourir l'hirondelle D'ennui, de douleur et d'amour, Tandis que son amant fidèle Près de là meurt le même jour.
C'EST MON AMI: RENDEZ-LE MOI
Ah! s'il est, dans votre village, Un berger sensible et charmant, Qu'on chérisse au premier moment, Qu'on aime ensuite davantage ; C'est mon ami, rendez-le-moi, J'ai son amour, il a ma foi.
Si, par sa voix douce et plaintive, Il charme l'écho de vos bois ; Si les accents de son hautbois Rendent la bergère pensive; C'est encor lui, rendez-le-moi ; J'ai son amour, il a ma foi.
Si, même en n'osant rien vous dire, Son regard sait vous attendrir; Si, sans jamais faire rougir, Sa gaîté fait toujours sourire; C'est encor lui, rendez-le-moi ; J'ai son amour, il a ma foi.
Si, passant près de sa chaumière, Le pauvre en voyant son troupeau Ose demander un agneau, Et qu'il obtienne encore la mère; Oh! c'est bien lui, rendez-le-moi ; J'ai son amour, il a ma foi.
A Toulouse il fut une belle ; Clémence Isaure était son nom : Le beau Lautrec brûla pour elle; Et de sa foi reçut le don. Mais leurs parents trop inflexibles S'opposaient à leurs tendres feux : Ainsi toujours les cœurs sensibles Sont nés pour être malheureux !
Alphonse, le père d'Isaure, Veut lui donner un autre époux; Fidèle à l'amant qu'elle adore, Sa fille tombe à ses genoux : 66 Ah! que plutôt votre colère "Termine des jours de douleur ! "Ma vie appartient à mon père ; "À Lautrec appartient mon cœur."
Le vieillard, pour qui la vengeance A plus de charmes que l'amour, Fait charger de chaines Clémence, Et l'enferme dans une tour. Lautrec, que menaçait sa rage, Vient gémir au pied du donjon, Comme l'oiseau près de la cage Où sa compagne est en prison.
Une nuit la tendre Clémence Entend la voix de son amant ; À ses barreaux elle s'élance, Et lui dit ces mots en pleurant : "Mon ami, cédons à l'orage; "Va trouver le roi des Français :
Emporte mon bouquet pour gage
"Des serments que mon cœur t'a faits.
"L'églantine est la fleur que j'aime ; "La violette est ma couleur ; "Dans le souci tu vois l'emblême "Des chagrins de mon triste cœur. "Ces trois fleurs que ma bouche presse "Seront humides de mes pleurs ; 66 Qu'elles te rappellent sans cesse "Et nos amours et nos douleurs !
Elle dit, et par la fenêtre Jette les fleurs à son amant. Alphonse, qui vient à paraître, Le force de fuir tout tremblant. Lautrec part. La guerre commence, Et s'allume de toutes parts: Vers Toulouse l'Anglais s'avance, Et brûle déjà ses remparts.
Sur ses pas Lautrec revient vîte : À peine est-il sur le glacis, Qu'il voit des Toulousains l'élite Fuyant devant les ennemis.
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