Page images
PDF
EPUB

Et veux qu'on peigne ma trogne
Avec ces vers à l'entour:

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Que je fis au sortir de mon cours de philosophie, à l'age de dix-sept ans

.

Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir,
Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir :
Vos esprits s'en font trop accroire.
Allez, vieux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.

S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin,
Un docteur est alors au bout de son latin :
Un goinfre en a toute la gloire.
Allez, vieux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :

Qui ne sait boire ne sait rien.

Boileau. 1657

XXVI

CHANSON À BOIRE,

Faite à Báville, où étoit le P. Bourdaloue

Que Bâville me semble aimable,
Quand des magistrats le plus grand
Permet que Bacchus à sa table
Soit notre premier président!

Trois muses, en habit de ville,
Y président à ses côtés :
Et ses arrêts par Arbouville
Sont à plein verre exécutés.

Si Bourdaloue un peu sévère
Nous dit, Craignez la volupté;
Escobar, lui dit-on, mon Père,
Nous la permet pour la santé.
Contre ce docteur authentique
Si du jeûne il prend l'intérêt,
Bacchus le déclare hérétique,
Et Janséniste, qui pis est.

Id. 1657

XXVII

CHANSON

Celle qu'adore mon cœur n'est ni brune ni blonde;

Pour la peindre d'un seul trait,
C'est le plus charmant objet
Du monde.

Cependant de ses beautés le compte est bien facile,
On lui voit cinq cents appats

Et cinq cents qu'on ne voit pas
Font mille.

La sagesse et son esprit sont d'une main céleste ;
Mille attraits m'ont informé

Que les Grâces ont formé
Le reste.

Du vif éclat de son teint quelles couleurs sont dignes ?

Flore a bien moins de fraîcheur,
Et son gorge a la blancheur
Des cygnes.

Elle a la taille et le bras de Vénus elle-même ;
D'Hébé la bouche et le nez ;
Et, pour ses yeux, devinez
Qui j'aime.

Le comte d'Hamilton. 1661

XXVIII

L'AVARICIEUSE

Philis, plus avare que tendre,
Ne gagnant rien à refuser,
Un jour exigeait de Sylvandre
Trente moutons pour un baiser.

Le lendemain, nouvelle affaire
Pour le berger le troc fut bon,
Car il obtint de la bergère
Trente baisers pour un mouton.

Le lendemain, Philis, plus tendre,
Craignant de déplaire au berger,
Fut trop heureuse de lui rendre
Trente moutons pour un baiser.

Le lendemain, Philis, peu sage,
Aurait donné moutons et chien
Pour un baiser que le volage
À Lisette donnait pour rien.

Dufresny. 1708

XXIX

L'AMOUR

"L'Amour est un enfant trompeur,

"Me dit souvent ma mère,
"Avec son air plein de douceur
"C'est pis qu'une vipère !"

Mais je prétends savoir pourtant
Quel mal si grand d'un jeune enfant

Peut craindre une bergère.

Je vis hier le beau Lucas
Aller près de Glycère,

Il lui parlait tout près, tout bas,
Et d'un air bien sincère ;
Il lui vantait un dieu charmant :
Ce dieu c'était précisément
Celui que craint ma mère.

Pour sortir de cet embarras
Et savoir le mystère,
Cherchons l'Amour avec Colas,
Sans rien dire à ma mère :
Et supposé qu'il soit méchant,

Nous serons deux contre un enfant,

Quel mal peut-il nous faire?

Boufflers. 1775

XXX

L'AMANT GRENADIER

Malgré la bataille

Qu'on donne demain,
Ça, faisons ripaille,
Charmante Catin;
Attendant la gloire,
Goûtons le plaisir,
Sans lire au grimoire
Du sombre avenir.

Si la hallebarde
Je peux mériter,

Près du corps-de-garde
Je te fais planter;

« PreviousContinue »