Et veux qu'on peigne ma trogne Avec ces vers à l'entour:
Que je fis au sortir de mon cours de philosophie, à l'age de dix-sept ans
Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir, Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir : Vos esprits s'en font trop accroire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien : Qui ne sait boire ne sait rien.
S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin, Un docteur est alors au bout de son latin : Un goinfre en a toute la gloire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.
CHANSON À BOIRE,
Faite à Báville, où étoit le P. Bourdaloue
Que Bâville me semble aimable, Quand des magistrats le plus grand Permet que Bacchus à sa table Soit notre premier président!
Trois muses, en habit de ville, Y président à ses côtés : Et ses arrêts par Arbouville Sont à plein verre exécutés.
Si Bourdaloue un peu sévère Nous dit, Craignez la volupté; Escobar, lui dit-on, mon Père, Nous la permet pour la santé. Contre ce docteur authentique Si du jeûne il prend l'intérêt, Bacchus le déclare hérétique, Et Janséniste, qui pis est.
Celle qu'adore mon cœur n'est ni brune ni blonde;
Pour la peindre d'un seul trait, C'est le plus charmant objet Du monde.
Cependant de ses beautés le compte est bien facile, On lui voit cinq cents appats
Et cinq cents qu'on ne voit pas Font mille.
La sagesse et son esprit sont d'une main céleste ; Mille attraits m'ont informé
Que les Grâces ont formé Le reste.
Du vif éclat de son teint quelles couleurs sont dignes ?
Flore a bien moins de fraîcheur, Et son gorge a la blancheur Des cygnes.
Elle a la taille et le bras de Vénus elle-même ; D'Hébé la bouche et le nez ; Et, pour ses yeux, devinez Qui j'aime.
Le comte d'Hamilton. 1661
Philis, plus avare que tendre, Ne gagnant rien à refuser, Un jour exigeait de Sylvandre Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, nouvelle affaire Pour le berger le troc fut bon, Car il obtint de la bergère Trente baisers pour un mouton.
Le lendemain, Philis, plus tendre, Craignant de déplaire au berger, Fut trop heureuse de lui rendre Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, Philis, peu sage, Aurait donné moutons et chien Pour un baiser que le volage À Lisette donnait pour rien.
"L'Amour est un enfant trompeur,
"Me dit souvent ma mère, "Avec son air plein de douceur "C'est pis qu'une vipère !"
Mais je prétends savoir pourtant Quel mal si grand d'un jeune enfant
Peut craindre une bergère.
Je vis hier le beau Lucas Aller près de Glycère,
Il lui parlait tout près, tout bas, Et d'un air bien sincère ; Il lui vantait un dieu charmant : Ce dieu c'était précisément Celui que craint ma mère.
Pour sortir de cet embarras Et savoir le mystère, Cherchons l'Amour avec Colas, Sans rien dire à ma mère : Et supposé qu'il soit méchant,
Nous serons deux contre un enfant,
Quel mal peut-il nous faire?
Malgré la bataille
Qu'on donne demain, Ça, faisons ripaille, Charmante Catin; Attendant la gloire, Goûtons le plaisir, Sans lire au grimoire Du sombre avenir.
Si la hallebarde Je peux mériter,
Près du corps-de-garde Je te fais planter;
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