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Je veux que mes trompettes,
Mes fifres, les échos,

A tout moment répètent
Ces doux et tristes mots !

Cruelle départie !
Malheureux jour !

C'est trop peu d'une vie

Pour tant d'amour.

Henri IV. 15—?

XIV

CHANSON

Viens, Aurore,

Je t'implore,

Je suis gai quand je te voi.
La bergère

Qui m'est chère,

Est vermeille comme toi.

De rosée

Arrosée,

La rose a moins de fraîcheur;

Une hermine

Est moins fine;

Le lait a moins de blancheur.

Pour entendre

Sa voix tendre

On déserte le hameau ;

Et Tityre,

Qui soupire,

Fait taire son chalumeau.

Elle est blonde,
Sans seconde ;

Elle a la taille à la main;
Sa prunelle
Étincelle

Comme l'astre du matin.

D'ambroisie,

Bien choisie,

Hébé la nourrit à part;
Et sa bouche,
Quand j'y touche,

Me parfume de nectar.

Id. 15-?

XV

CHANSON

Le cœur blessé, les yeux en larmes ;
Ce cœur ne songe qu'à vos charmes :
Vous êtes mon unique amour:
Jour et nuit pour vous je soupire :
Si vous m'aimez à votre tour,
J'aurai tout ce que je désire.

Je vous offre sceptre et couronne;
Mon sincère amour vous les donne :

A qui puis-je mieux les donner?
Roi trop heureux sous votre empire,
Te croirai doublement règner

Si j'obtiens ce que je désire.

Id. 15-?

XVI

CHANSON

J'ai couru tous ces bocages,
Ces prés, ces monts, ces rivages;
Mais je n'ai trouvé pourtant
Celle que j'ai poursuivie:
Hélas! qui me l'a ravie,

La nymphe que j'aimais tant?

Pastourelles joliettes,

Qui de vos voix déliettes,
Vos ardeurs allez chantant,
Selon qu'amour vous convie,
Dites, qui me l'a ravie,

La nymphe que j'aimais tant?

Ah! c'en est fait, c'est fait d'elle:
Un dieu, la voyant si belle,
Parmi ces bois l'écartant,
Épris d'amoureuse envie,
Au ciel me l'aura ravie,
La nymphe que j'aimais tant.

Adieu, forêts désolées;

Adieu, monts, adieu, vallées;
Adieu, je vous vais quittant:

Puis-je plus rester en vie,

Puisque l'on me l'a ravie,

La nymphe que j'aimais tant?

Gilles Durant.

15— ?

XVII

PEINE D'AMOUR

Cruel tyran de mes désirs,
Respect, de qui la violence,
Au plus fort de mes déplaisirs,
Me veut obliger au silence,

Permets qu'aux rochers seulement

Je conte les ennuis que je souffre en aimant.

Ces bois éternellement sourds

Ne sont point suspects à ma plainte:
Les échos y dorment toujours;
Le repos y suit la contrainte ;
Les zéphyrs peuvent seulement

Y soupirer le mal que je souffre en aimant.

Que sous leurs ombrages épais
Ma tristesse trouve de charmes !
Que ces lieux amis de la paix
Reçoivent doucement mes larmes !

C'est là que je puis seulement

Me plaindre des ennuis que je souffre en aimant.

Encore que devant Daphné

Ma passion soit excessive,

Ce qui tient mon cœur enchainé,
Tient aussi ma langue captive;

Même je n'ose seulement

Y soupirer le mal que je souffre en aimant.

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