Page images
PDF
EPUB

Les malheureux
L'f'ront un jour
A leur tour
Pour ma mère !

En avant, etc.

Mon père, dans l'infortune,
M'app'la pour le protéger;
Si j'avais eu d'la rancune,
Quel moment pour me venger!
Mais un franc et loyal militaire

D'ses parens doit toujours être l'appui ;
Si j'n'avais eu qu'lui,

J's'rais aujourd'hui

Mort de faim,

Mais enfin,

C'est mon père !

En avant, etc.

Maintenant je me repose
Sous le chaume hospitalier,
Et j'y cultive la rose,

Sans négliger le laurier.
D'mon armur' je détache la rouille :
Si le Roi m'app'lait dans les combats,
De nos jeun's soldats

Guidant les pas,
J'm'écrirais

J'suis français,
Qui touch' mouille!

En avant,

Fanfan la Tulipe

Oui mill' nom d'un pipe

En avant.

Id. 1819

XXI

CHANSON DE ROLAND

Où vont tous ces preux chevaliers,
L'orgueil et l'espoir de la France ?
C'est pour défendre nos foyers
Que leur main a repris la lance;
Mais le plus brave, le plus fort,
C'est Roland, ce foudre de guerre,
S'il combat, la faux de la mort
Suit les coups de son cimeterre.
Soldats français, chantons Roland,
L'honneur de la chevalerie,
Et repetons en combattant
Ces mots sacrés: gloire et patrie !

Déjà mille escadrons épars
Couvrent le pied de ces montagnes ;
Je vois leurs nombreux étendarts
Briller sur les vertes campagnes.
Français, là sont vos ennemis ;

Que pour eux seuls soient les alarmes ;
Qu'ils tremblent tous seront punis! .
Roland a demandé ses armes.
Soldats français, etc.

L'honneur est d'imiter Roland,
L'honneur est près de sa bannière,
Suivez son panache éclatant;
Qu'il vous guide dans la carrière.

Marchez, partagez son destin:
Des ennemis que fait le nombre?
Roland combat; ce mur d'airain
Va disparaître comme une ombre.
Soldats français, etc.

Combien sont-ils ? combien sont-ils?
C'est le cri du soldat sans gloire;
Le héros cherche les périls;
Sans les périls qu'est la victoire ?
Ayons tous, ô braves amis,
De Roland l'âme noble et fière.
Il ne comptait les ennemis
Qu'étendus morts sur la poussière.
Soldats français, etc.

Mais j'entends le bruit de son cor
Qui résonne au loin dans la plaine:
Eh quoi! Roland combat encor?
Il combat! ô terreur soudaine !
J'ai vu tomber ce fier vainqueur;
Le sang a baigné son armure:
Mais toujours fidèle à l'honneur,
Il dit, en montrant sa blessure:
Soldats français ! chantez Roland,
Son destin est digne d'envie;
Heureux qui peut, en combattant,
Vaincre et mourir pour sa patrie.

Alex. Duval. 1816

I

XXII

ADIEU, MON BEAU NAVIRE

Adieu, mon beau navire,
Aux grands mâts pavoisés,
Je te quitte et puis dire:
Mes beaux jours sont passés !

Toi, qui plus fort que l'onde,
En sillonnant les flots,
À tous les bouts du monde
Porte nos matelots;

Nous n'irons plus ensemble
Voir l'équateur en feu,
Mexique où le sol tremble,
Et l'Espagne au ciel bleu !
Adieu, mon beau, etc.

Quand éclatait la nue,
Et la foudre à nos yeux,
Lorsque la mer émue
S'élançait jusqu'aux cieux:
Sous nos pieds, sur nos têtes,

Quand grondaient mer et vent,
Entre ces deux tempêtes
Tu passais triomphant!
Adieu, mon beau, etc.

Plus de courses paisibles,
Où l'espoir rit au cœur!
Plus de combats terribles
Dont tu sortais vainqueur!

[ocr errors]
[blocks in formation]

Toujours lui! lui partout ;—Ou brûlante ou glacée, Son image sans cesse ébranle ma pensée.

Il verse à mon esprit le souffle créateur!

Je tremble, et dans ma bouche abondent les paroles

Quand son nom gigantesque, entouré d'auréoles, Se dresse dans mon vers de toute sa hauteur.

Là, je le vois guidant l'obus aux bonds rapides;
Là, massacrant le peuple au nom des régicides;
Là, soldat, aux tribuns arrachant leurs pouvoirs;
Là, consul jeune et fier, amaigri par les veilles,
Pâle sous ses longs cheveux noirs.

Puis empereur puissant, dont la tête s'incline;
Gouvernant un combat du haut de la colline,
Promettant une étoile à ses soldats joyeux,
Faisant signe aux canons qui vomissent des
flammes,

De son âme à la guerre armant six cent mille âmes,
Grave et serein, avec un éclair dans les yeux.

« PreviousContinue »