Le Consul, dans sa voiture, À l'instant passait par-là ; Il allait à l'Opéra ;
C'était à lui, chose sûre, Qu'on voulait donner la mort, Mais ce fut un vain effort.
De ses chevaux la vîtesse Avait devancé le coup; Mais s'arrêtant tout à coup, De s'informer il s'empresse; Sans craindre ce noir dessein, Il poursuivit son chemin.
Son épouse, toute en larmes, Veut partager son danger; Mais on vint la rassurer Sur ces horribles vacarmes; Lui disant," il est passé, Le Consul n'est point blessé."
Bientôt, dans le voisinage, Les blessés et les mourants Poussent des gémissements; D'autres se font un passage À travers mille débris, Pour se sauver dans Paris.
Cette machine infernale Était faite d'un tonneau ; Et renfermait, au lieu d'eau, Beaucoup de poudre et de balles ;
Cette invention d'enfer
Avait des cercles de fer.
Les éclats de la machine Enfoncèrent les maisons, Et la chûte des plafonds Entassa sous leur ruine Les meubles et les trésors, Et des blessés et des morts.
Le Tribunat, plein de zèle, Le Sénat-Conservateur, Ministre et Législateur, Le Conseil d'état fidèle, Au grand Consul en ce jour, Vinrent prouver leur amour.
DISCOURS DU MINISTRE DE LA POLICE AU PREMIER CONSUL
Une machine semblable
Est saisie entre les mains
De ces monstres inhumains, Dont l'intention coupable, Pour prolonger leurs forfaits, Est de reculer la paix.
DISCOURS DES PRÉSIDENTS DES AUTORITÉS DU
Quand des monstres pleins de rage, Veulent renverser l'État
Par le feu, l'assassinat,
Le désordre et le carnage,
Nous punirons leurs forfaits,
Pour accélérer la paix.
Bonaparte, en assurance, De ses lâches ennemis Saura purger son pays, Et par sa rare prudence, Terminer à nos souhaits, Le grand œuvre de la paix.
LE RÉVEIL DU PEUPLE
Peuple Français, peuple de frères, Peux-tu voir, sans frémir d'horreur, Le crime arborer les bannières Du carnage et de la terreur; Tu souffres qu'une horde atroce Et d'assassins et de brigands Souille de son souffle féroce Le territoire des vivans.
Quelle est cette lenteur barbare? Hâte-toi, peuple souverain;
De rendre aux monstres du Ténare Tous ces buyeurs de sang humain ! Guerre à tous les agens du crime ! Poursuivons-les jusqu'au trépas; Partage l'horreur qui m'anime, Ils ne nous échapperont pas.
Ah! qu'ils périssent ces infâmes, Et ces égorgeurs dévorans, Qui portent au fond de leurs âmes, Le crime et l'amour des tyrans !
Mânes plaintifs de l'innocence, Appaisez-vous dans vos tombeaux ! Le jour tardif de la vengeance Fait enfin pâlir vos bourreaux.
Voyez déjà comme ils frémissent! Ils n'osent fuir, les scélérats: Les traces du sang qu'ils vomissent, Bientôt décéleraient leurs pas. Oui, nous jurons sur votre tombe, Par notre pays malheureux, De ne faire qu'une hécatombe De ces cannibales affreux.
Représentants d'un peuple juste. O vous ! législateurs humains! De qui la contenance auguste Fait trembler nos vils assassins, Suivez le cours de votre gloire ; Vos noms chers à l'humanité Volent au temple de mémoire, Au sein de l'immortalité.
La nature avec vous conspire Contre tous les conspirateurs ; Partout la Tyrannie expire,
Partout nos drapeaux sont vainqueurs. Le Stathouder a pris la fuite, Nous abandonnant ses vaisseaux, Et la Terreur marche à sa suite, Digne compagne des bourreaux.
Peuple Français, peuple intrépide, Toi le destructeur des tyrans, Entends leur fureur homicide, S'élever contre tes enfants; Entends les cris, vois l'insolence Des muscadins, amis des rois ; Ils menacent de leur vengeance Tous les défenseurs de tes droits.
De ces mignons la horde infâme T'insulte, peuple souverain :
Ils chassent tes enfants, ta femme, De tes palais, de tes jardins : Ils rompent, divisent tes groupes, Ils outragent les citoyens,
Et de leurs insolentes troupes, Poursuivent les républicains.
Merveilleux, jouant les victimes En cadenettes retroussées, . Gardez ces froides pantomimes Pour les veuves des trépassés. Vos brunes à perruque blonde, Vous estiment ravissants; mais Que fait pour le bonheur du monde La cadenette d'un Français.
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