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Question,qui les précède; ce que je n'ai fait que parce qu'ils la fuivent immédiatement & qu'ils y font naturellement liés par ces mots,cette vanité. Le Pronom démonftratif marque toujours un rapport avec ce que l'on vient de dire en dernier lieu. Mais dans la vérité les deux Vers, dont il s'agit à préfent, ne font point la conclufion de ce qui précède. C'eft une fimple Tranfition, pour paffer à ce qui refte à dire; & ces termes, cette vanité le rapportent à tout ce que l'Auteur a dit précèdemment fur le vain entêtement de la Naiffance. Mais ce tour eft répréhenfible ici parce que cette, dans fon voifinage n'a rien, à quoi l'on puiffe le rapporter, & que les Pronoms démonftratifs êtant des efpèces de Relatifs, ils doivent être près du Terme de rapport, duquel ils dépendent.

29. Si l'on veut y regarder de près on verra qu'ici dans le fecond Vers eft une pure cheville, & qu'en conféquence de la fuite du Difcours, il n'y peut rien fignifier. C'eft au refte fi peu de chofe, qu'il me doit fuffire d'en avoir averti.

VI. Page 93. Vers 109.

Alors, pour foûtenir fon rang & fa naissance,
Il fallut étaler le luxe & la dépense;

Il fallut habiter un fuperbe palais,
Faire par les couleurs diftinguer fes valets :
Et traînant en tous lieux de pompeux équipages
Le Duc & le Marquis fe reconnut aux Pages.

A la rigueur on pourroit dire que le quatrième Vers devoit s'unir au troifième par une Conjonction. Je crois pourtant qu'on le peut laiffer paffer fans y rien reprendre. Mais il n'en eft pas de même du cinquième. Et, qui le commence ne tient à rien; & les deux Phrafes, qu'il unit, ne peuvent pas être jointes enfemble.

VII. Page 95. Vers 135.

Toi donc, qui de merite & d'honneurs revêtu,

Revêtu d'honneurs ne fouffre aucune difficulté: mais peut-on dire de même revêtu de mérite? Le Mérite n'eft autre chofe que l'affemblage des bonnes qualités intérieures, foit naturelles, foit aquifes, produit au dehors par les actions. Quel rapport de reffemblance peut-on imaginer entre le Mérite & quoi que ce foit de ce qui fert à revêtir? La Métaphore eft fans justesse.

REMARQUES SUR LA VI. SATIRE.

I.

LA crainte de groffir trop le premier Tome ne m'a pas permis d'y faire ufage dans les Remarques de ce que M. de Muralt, & le P. Brumoy Jéfuite ont écrit au fujet de la VI. Satire. La même crainte ne doit pas avoir lieu pour ce Volume, qui doit principalement fervir de fupplément au premier. M. de Muralt a fait une Critique très-détaillée de la VI. Satire dans la fixième de fes LETTRES fur les Anglois &les François & fur les Voyages; & le P. Brumoy s'eft chargé d'y répondre par un Ecrit intitulé: DE FENSE de la fixième SATYRE de BOILEAU, Ce petit Ouvrage fe trouve à la fuite de l'APOLOGIE du Caractère des Anglois & des François, que l'Abbé Desfontaines oppofa dans le tems aux Lettres de M. de Muralt. Cette Apologie eft un Ouvrage digne en même tems, & de fon Auteur, & de l'Ouvrage auquel elle répond. Comme on réunit actuellement le tout dans une nouvelle Edition, il eft inutile que je m'arrête à faire connoître celles qui s'en font faites précèdemment. Je reviens au petit Ecrit du P. Brumoy, qui le commence ainfi.

2

Le Gentilhomme Suiffe, Auteur des Lettres fur les Anglois & fur les François, attaque cette Satire (la VI.) d'une manière fi piquante & fi peu équitable, que je ne crois pas qu'on doive la lui abandonner, fans examiner au moins fa Critique. Si on l'en croit, ce n'eft pas feulement une Pièce médiocre,c'est un Ouvrage deteftable, & s'il ne le dit pas tout d'abord, il l'affure fi affirmativement dans le détail, que bien des gens s'en font laiffés, dit-on, perfuader, beaucoup plus fans doute à cause de l'air décisif & triomphant qu'il affecte, que par la folidité de fes raifons. Il ne peut trouver mauvais qu'on les pèfe, & qu'on démêle ce qu'il y a d'outré. Ce feroit de plus trahir la vérité, que de livrer ainfi à une Critique, la plus fingulière qui fût jamais, une Pièce, qui ne mérite pas un pa. reil affront, quoiqu'elle foit peut-être une des plus foibles de Defpréaux (a). C'eft, comme on voit, le feul intérêt de l'équité, qui m'engage à entrer dans un détail, fans doute ennuieux, mais néceffaire en faveur d'un Poëte, dont le nom mériteroit un autre Apologifte.

L'Auteur des Lettres raconte que dans un Voiage de Paris à Lion un Abbé Bel-Efprit s'avifa de lui demander s'il avoit lu Defpréaux, & ce qu'il en penfoit; qu'un de fes Amis & lui répondirent qu'ils l'eftimoient comme un AUTEUR, où il fe trouve plus, de bon que de mauvais ( voïés l'indulgence!): mais que quelques POETES ANGLOIS avoient plus de génie, que celui-là. Il n'est point ici question des Anglois. L'Abbé, peu content de cette réponse, leur lut la VI. Satire. Il est vrai qu'il choifit mal, & l'on avoue que cette Pièce n'eft pas la meilleure de Defpréaux. Elle eft née de fon premier Ouvrage; c'est-à-dire, qu'elle n'a été composée que des morceaux, qui n'ont pu entrer dans la I. Satire : & DESPRE AUX en avoit tiré le fujet de la III. Satire de Juvénal fur un Philofophe, qui (4) Le P. Brumer fe fert ordinairement du nom de Beilean.

fe retire de Rome; & qui, en partant, lui laisse pour adieux les plus beaux traits contre les débordemens des Romains & les Embaras de cette Capitale du Monde. Le Poëte François,en fuivant fon modèle pour le fonds, fubftitua un Poëte au Philofophe & Paris à Rome. Mais il s'apperçut que la duplicité du fujet pouvoit faire tort à fon Ouvrage, de façon qu'il en détacha ce qui regardoit les embaras de Paris, pour en faire une Satire particulière, qui eft la Satire en queftion. On voit par là qu'elle n'eft qu'une fuite de la première, & dans le même goût d'un Poëte de mauvaise humeur, qui fe choque de tout. Les objets y font bien moins grands que dans celle d'où elle a pris naiffance; & voilà ce qui donne lieu au Gentilhomme Suiffe de la traiter fi mal. Il s'agit de voir s'il a raifon, & fi le Poëte n'eût pas tout gáté, en prenant un vol plus haut dans un Poëme, où il ne falloit qu'un efprit très-modéré. Je vais fuivre la Critique pas à pas, malgré la longueur rebutante qu'entraîne un long tiffu d'objections prefque toutes frivoles: mais je crois qu'il est à propos de tirer au moins du rang mauvais Ouvrage une Satire, qui, quoiqu'en dife le Critique trop favorable à je ne fais quel intérêt fecret de quelques François mécontens de DESPRE AUX, n'eft pas indigne des fuffrages, dont elle a joui jufqu'à préfent. Il me permettra donc de faire ce que fon Abbé trop complaifant ne fit point, & de lui adresser la parole.

des

Voilà quelles ont êté les intentions du P. Brumoy. J'ajoute qu'il les a remplies par tout, finon en Critique, du moins en Homme d'efprit. Je me vois obligé, malgré moi, de commencer par faire cette reftriction, parce que, dès fon début même, il donne à fon Adverfaire occafion de l'accufer d'un manque de jugement. C'eft par Broffette, que le Public a fu qu'originairement la VI. Satire avoit fait partie de la I. mais quand Broffette l'a dit, il y avoit

plus de cinquante ans que le Public applaudiffoit à la VI. Satire, en ignorant cette particularité, dont Defpréaux n'avoit pas cru le devoir inftruire. Notre Poëte n'a jamais pensé lui-même que l'on dût regarder sa VI. Satire comme êtant, en quelque forte, une feconde partie de la I. Il n'a jamais voulu que l'on fupposât, qu'il faifoit parler le même Perfonnage dans toutes les deux. Il n'êtoit pas Homme à négliger fes avantages. Il faut donc confidé¬ rer ces deux Pièces telles qu'il les a données, c'eftà-dire, comme n'aïant ensemble aucun rapport. En vain nous fait-on obferver, que les deux Sujets traités dans ces deux Pièces, avoient êté réunis par Juvenal dans une même Satire, qui fert d'original à toutes les deux. En vain fe charge-t-on de répèter la mauvaise raison, pour laquelle Broffette dit que le Poëte prit le parti de compofer deux Satires de ce qui n'en faifoit qu'une. La Description des Embaras de Paris, jointe à la cenfure des mauvaises mœurs de fes Habitans, ne faifoit pas plus une duplicité de fujet dans la I. Satire de nôtre Auteur, que les Embaras de Rome,joints à la cenfure des mauvaifes mœurs de fes Habitans,ne le font dans la III. Satire de Juvénal, de laquelle le Sujet eft certainement un. C'eft un Philofophe, qui rend comte à fon Ami de toutes les raifons, qu'il a pour ne vouloir plus demeurer à Rome; & les Embaras de cette Ville trouvent place très-naturellement parmi cette foule de raisons. La même chofe devoit arriver à la I. Satire de nôtre Auteur. Pourquoi donc les Amis de Defpréaux lui confeillèrent-ils d'en retrancher les Embaras de Paris? Nous n'en pouvons juger que par la VI. Satire, telle que nous l'avons. La première raison, que les Amis de Defpréaux purent avoir, c'eft que la Description, dont il s'agit, Jenr parut trop longue pour avoir place dans un Ou vrage, où l'Auteur avoit à s'étendre fur différentes

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