groffir. Effet bien différent de celui qu'elles produifent dans la Vigne. 2o. De ce que l'on dit que la Vigne coule, que les pluies font couler la Vigne, il ne s'enfuit pas. que l'on puiffe dire que les Vins ont coulé, que les pluies ont fait couler les Vins. 39. Le Vers de Defpréaux eft donc répréhenfible à deux égards; parce que dans une partie il fait d'une Expreffion confacrée un usage différent de fa deftination, en tranfportant mal-à-propos aux Melons ce qui ne fe doit dire que de la Vigne, enfuite parce que dans l'autre partie, en même tems qu'il fe renferme dans la deftination de cette Expreffion confacrée, il l'altère, en difant des Vins ce que l'Ufage veut que l'on ne dife que de la Vigne ou du Raifin. III. Page 58. Vers 77. Et qui rouge & vermeil, mais fade & doucereux, N'avoit rien qu'un gouft plat, & qu'un deboire affreux. 1o. Eft-ce une fauffe délicateffe, qui me fait trouver le mot Fade redondant. Il s'agit de Vin; & le Vin n'eft Fade que parce qu'il a ce qu'on ap pelle de la Liqueur; ce qui le rend doucereux. Un Vin peut être plat, ufé, fans être Fade. 2o. J'ai remarqué quelque part, d'après Defmarêts, je penfe, que Defpréaux aimoit le mot affreux, & qu'il s'en fervoit quelquefois affés malà-propos mais ce mot ne me paroît nulle part auffi déplacé que dans ce dernier Vers. Affreux, à ce que je crois, dit moins qu'horrible & plus que terrible; & certainement pas une de ces Epithètes ne fe peut donner aux chofes, qui concernent le Goût Phifique. IV. Page 59. Vers 91. Qui dès leur tendre enfance élevez dans Paris La Sintaxe veut que dans ces fortes de Phrafes le Plufqueparfait marche à la fuite de l'Imparfait. Il auroit donc fallu dire: fentoient encore le chou dont ils avoient été nourris. La faute, que je reprens fe trouve dans tous nos Poëtes. Un Ufage commun entre eux, mais qui leur eft particulier,eft-il fuffifant pour les mettre à l'abri du reproche, qu'on leur peut faire, de ne pas refpecter affés la Sintaxe? V. Page 70. Vers 194. Et puis blâmer Quinault... Avez-vous vu l'Aftrate! 1o. Cette Phrase eft une des moins correctes, que je connoiffe. Les Pronoms poffeffifs fe rapportent toujours au dernier Subftantif, qui les précède, furtout quand ce Subftantif eft le Nominatif de la Phrafe, ou de la partie de Phrafe, dans laquelle il fe trouve. En conféquence de cette Règle, fon du quatrième Vers & fa du cinquième fe rapportent à l'Anneau Roïal. Ainfi ces deux Vers veulent dire à la Lettre, que le fujet, que l'Anneau traite, eft conduit d'une belle manière, & que dans la Piè ce, que l'Anneau Roial a faite, chaque Acte eft une Pièce entière. Dans la vérité pourtant c'eft de l'Aftrate que le Poëte veut dire que le sujet en eft conduit d'une belle manière: & c'eft de Quinault qu'il dit que dans fa Pièce chaque Acte est une Pièce entière. On voit donc que dans le quatrième Vers fon, qui fe rapporte à l'Aftrate en eft féparé par deux Propofitions intermédiaires; & que dans le cinquième Vers fa, qui fe rapporte à Quinault en eft féparé par quatre Propofitions. Eft-il poffible que des Termes corrélatifs foient fi fort éloignés les uns des autres, fans qu'il en résulte du galimatias ou du moins de l'obfcurité? 2o. Je ne condamnerai cependant pas ces cinq Vers, à caufe du manque de correction de la Phrase, qu'ils compofent. Je les regarde au contraire comme un des meilleurs morceaux de toute la Pièce ; & c'est leur manque de correction même, qui fait leur principale beauté. Ces cinq Vers font du Difcours de ce Campagnard Bel-Efprit, qui s'érige en Juge des Auteurs, à qui le Poëte prète les propos d'un Homme fans efprit, fans raifon, fans goût, & qui, ne répondant, pour me fervir d'une Phrafe triviale, qu'à fa penfée, dit tout ce qui lui vient à la bouche, fans s'inquiéter d'y mettre de la fuite & de la liaison. Il falloit peindre tout le défordre de la Conversation d'un pareil Perfonnage; & c'eft ce que les cinq Vers, dont il eft queftion, me paroiffent faire admirablement. Ils font ce qu'ils devoient être c'est-à-dire un véritable Propos interrompu. Voilà pourquoi leur principale beauté confifte précisément dans ce qu'un Grammairien fcrupuleux croiroit digne de toute la févérité de fa cenfure. REMARQUES SUR LA IV. SATIRE, En un mot, qui voudroit épuifer ces matières, 1°. Le Participe Peignant fait traîner le premier Membre de cette Période. Il feroit plus foutenu, fi l'Auteur avoit mis: En un mot, qui voudroit, épuifant ces matières, Il auroit de plus évité cette confonnance défagréas ble; Peignant de tant. eft 2o. L'Il, qui commence le troifième Vers, il bien néceflaire, & la Phrafe ne feroit-elle pas plus vive s'il ne s'y trouvoit pas ? Le Nominatif n'êtoit pas affés éloigné, pour que la Clarté demandât qu'il fût fuppléé. L'Auteur pouvoit fort bien dire: En un mot, qui voudroit, épuisant ces matières Et les yeux vers le Ciel de fureur élancez, On dit, lancer des regards: mais on ne dit pas, lancer les ieux; & l'on ne dit point non plus, élancer des regards, ni par conféquent élancer les ïeux. Ce Verbe n'eft point Actif. Il eft Neutre réciproque; & la Langue n'admet que s'élancer. De ce que ce Verbe n'eft point Actif, il fuit que régulièrement il n'a point de Paffif; &, fi nous nous fervons du Participe E'LANCE', ce n'eft que très-rarement & dans quelques cas particuliers. On diroit, par exemple, fort bien, à l'occafion d'un Jets d'eau, qui s'éleveroit rapidement: Et l'Onde vers le Ciel avec force élancée. La même Expreffion feroit bonne en Profe. Hors de pareils cas, élancé n'a guère lieu que dans la Conversation. On dit d'un Homme grand & menu, qu'il eft fort élancé, que c'est un grand élancé. Mais je doute que cela pût s'écrire, fi ce n'eft dans le Stile Familier. Nótre Poëte vouloit dire que fon Foüeur, défefpéré de perdre fon argent, lance au Ciel des regards pleins de fureur. Que ne le difoit-il ? On a donc lieu de cenfurer légitimement fon Vers; à moins qu'on ne veuille l'excufer fur la vivacité de l'Image; & j'avoue que je fuis prêt à me fatisfaire de cette excufe. III. Page 84. Vers 113. J'approuve fon courroux. Car, puis qu'il faut le dire, Souvent de tous nos maux la Raison est le pire &c. C'est la réflexion, que l'Auteur fait après avoir raconté l'avanture du Bigot, qui s'imaginoit, —en fa douce manie, Des Efprits bienheureux entendre l'harmonie ; que l'homme le moins fage Il femble donc que l'Auteur devoit finir par enfeigner à tous les Fous, dont il venoit de parler, qu'aiant tort de croire avoir feuls la Sageffe en partage & de loger leurs Voifins aux Petites-Maifons, ils devoient recourir à la Raifon, & chercher dans fes confeils le moïen de fe corriger de leurs er reurs. Le but de la Satire, en cenfurant le Vice & frondant le Ridicule, eft de porter les Hommes à s'en défaire. Eft-ce remplir ce but que de leur peindre en ridicule le feul moïen, qu'ils aient de fe corriger. Je veux bien que, par une Saillie Satirique,le POETE aрprouve le courroux du Bigot guéri de fa manie: mais je voudrois en même-tems qu'il fût parti de cette Saillie même, pour faire fentir à fes Fous le befoin, qu'ils ont de recourir à la Raison. Par là sa Pièce auroit une forte de Plan, au lieu qu'elle n'en a |