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fault. (37) Pelletier tourne plus facilement un Vers que Patru ni d'Ablancourt. Il y a un monde fi furprenant aux Sermons de Cotin, que la foule de fes Auditeurs le fait fuer avant qu'il puiffe monter en chaire. Rien n'eft au deffus de l'efprit de Sauvalle, le Phénix mefme. (38) Pomone ou Perrin...... Fort bien, mon Efprit, continuez, ne demeurez pas court; mais ne vous appercevez-vous pas déja que leur cabale furieufe ne regardera pas de meilleur œil ces derniers vers que les premiers? Et d'abord que de Poëtes courroucez vous attaqueront. Fertiles en injures & pauvres en inventions, vous les verrez augmenter contre vous (39) des volumes de Remarques. Tel vers fera regardé comme criminel, & tel bon mot comme une hardieffe contre l'Etat. Le Roi fera en vain le sujet de vos veilles, fon nom affurera inutilement chaque feuillet de vos Ecrits: d'abord que Cotin eft critiqué par quelqu'un, il n'a pas d'amour pour Sa Majefté; & ce téméraire, fi l'on en croit Cotin, ne connoift point fon Créateur, ni les loix civiles & humaines.

Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en dédire,
Et pour calmer enfin tous ces flots d'Ennemis,
Reparer en mes vers les maux qu'ils ont commis;
Puifque vous le voulez, je vais changer de ftile.
Je le declare donc. Quinaut eft un Virgile.
Pradon comme un Soleil en nos jours a paru.
Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru.

REMARQUES.

(37) Pelletier tourne &c. 1 L'Ironie confifte en ce que d'Ablamcourt & Patru ne faifoient point de Vers.

(38) Pomone] OPERA de Perrin, mis en Mufique par Cambert. (39) des Volumes de Remarques, ] Allufion aux différentes Cri

siques de Desmartts, de Cotin & de Pradon.

Cotin, à fes Sermons traînant toute la terre ;

Fend les flots d'Auditeurs pour aller à sa chaire.
Saufal eft le Phénix des efprits relevez.

Perrin. . . . . Bọn ! mon Efprit, courage, poursuivez
Mais ne voyez-vous pas, que leur

troupe en furie Va prendre encor ces vers pour une raillerie?

Et Dieu fçait, auffi-toft, que d'Auteurs en courroux,
Que de Rimeurs blessez s'en vont fondre fur vous!
Vous les verrez bien-toft feconds en impostures,
Amaffer contre vous des volumes d'injures,
Traiter en vos écrits chaque vers d'attentat,
Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat,
Vous aurez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages,
Et de ce nom facré fanctifier vos pages.

Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi
Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi,

Il vous eft facile de répondre: mais quel embarras nous peut caufer Cotin à la Cour? Que fes criailleries produiront-elles? Prétend-il par là fruftrer mes vers des penfions que je n'ai jamais de mandées? Non, pour faire l'éloge d'un Prince eftimé de tout le Monde entier, ma langue défintéreffée ne fouffrira point que l'argent lui dicte ja¬ mais de panegyrique. Tels que font mes Ouvrages, l'intéreft ne leur a point fait voir le jour, & la gloire de louer le Prince eft le feul prix que je me fuis propofé pour récompenfe. Retemu dans les libertés de ma plume, avec ce mefme pinceau dont j'ai peint tant de ridicules Auteurs, & de vicieux, je n'oublierai point l'hommage que doit ma Mufe à fes rares vertus. Je veux bien vous croire. Cependant on fe plaint, les menaces fe multiplient. Je me foucie peu, répondrez-vous

de ces Soûteneurs de Mufes. Eh! redoutez le fiel d'un Poëte en fureur, fon ftile glaçant peut vous réduire à un éternel filence.

Mais quoi? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire? Et par fes cris enfin, que fçauroit-il produire? Interdire à mes vers, dont peut-eftre il fait cas, L'entrée aux pensions, où je ne prétens pas ?

Non,

, pour loüer un Roi que tout l'Univers louë;
Ma langue n'attend pas que l'argent la dénouë,
Et fans efperer rien de mes foibles écrits,
L'honneur de le louer m'eft un trop digne prix.
On me verra toûjours, fage dans mes caprices
De ce mefme pinceau, dont j'ai noirci les vices,
Et peint du nom d'Auteur tant de Sots revêtus,
Lui marquer mon respect & tracer fes vertus.

Je vous croi: mais pourtant on crie, on vous menace.
Je crains peu,
direz-vous, les braves du Parnaffe.
Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en courroux,
Qui peut....Quoi?Je m'entends. Mais encor? Taifez-vous.

Fin du BOLEANA.

*

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ESSAIS PHILOLOGIQUES

OU

SUPPLEMENT AUX REMARQUES CRITIQUES ajoutées à cette Edition des OEUVRES de DESPRE AUX.

REFLEXIONS CRITIQUES fur les SATIRES.

QUOIQUE les perfonnes fenfées connoiffent

par elles-mêmes ce qu'il y a de bon & de mauvais dans un Ouvrage, une Critique défintéreffée ne laiffe pas de leur faire plaifir, & même de leur être utile. Souvent une chofe nous plaît, fans que nous fachions la raifon pourquoi; nous balançons quelquefois fur d'autres, fans pouvoir bien décider; une Remarque judicieufe nous tire alors d'embaras, & fixe nôtre jugement en dévelopant nos idées.

REMARQUES.

?

*Ces Réflexions font tirées d'un Livre, dont le titre eft: REFLEXIONS fur différens Jujets de Physique, de Guerre, de Morale, de Critique, d'Hilloire, de Mathématiques &c. C'eft un Ouvrage qui parut in-8 en feuilles périodiques chés Le Breton, depuis le mois de Novembre 1731. jufqu'au mois de Septembre 1733. L'Auteur, qui ne s'eft pas fait connoître, a de l'efprit, du fens & du goût; & fon Stile eft ingénieux dans fa fimplicité. Chacune de ces Feuilles porte le titre de Réflexion. Il n'en a donné que vingt & une, dont le morceau que j'offre aux Lecteurs eft la douziéme. La quinzième roule fur les Epitres de nôtre Auteur. Elle précèdera Jes REMARQUES fur les EPÎTRES.

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