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Fontaine dans fon EPITAPHE, à ne rien faire; l'Expreffion de Defpréaux paffa tout d'une voix. La décifion eft bonne : mais je n'ai jamais pu goûter la raifon, dont elle fut appuïée; parce, dit-on, qu'en ôtant la négative, RIEN FAIRE devenoit une efpèce d'occupation. Apparemment (9) Rabelais ne l'auroit pas goûtée non plus, puifque Liv. IV. C. 32. parlant des occupations de CARESME PRENANT: travailloit, dit-il, rien NE faifant, rien NF faifoit, travaillant. D'ailleurs le même Rabelais auroit pu fournir (10), une bonne autorité pour la décision de l'Académie. Ce font ces paroles de Frère Jean au Liv. V. C. 15. Nous ne faifons que ravaffer, que RIEN FAIRE. (11) Joachim du Bellay dans l'Epitre liminaire de fes Jeux Rustiques à M. Duthier: Les Vers qu'ici je te chante,

Duthier, je ne les préfente

A ce fourcis renfrognez

Aufquels tel jeu ne peut plaire
Et qui fouvent à rien faire

Sont les plus embesognez.

Vau-rien, Rien-vaut, Vau-néant, font encore

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(9) Rabelais] FRANÇOIS Rabelais, de Chinon en Touraine. Il fe fit Cordelier à Fontenai le-Comte en Poitou; quitta le Froc pour fe faire Médecin à Montpellier; fuivit à Rome le Cardinal Du Bellai par le crédit duquel il obtint un Bref pour paffer dans l'Ordre de S. Benoît; fut enfuite Curé de Meudon, & mourut à Paris âgé de 70. ans fur la Paroiffe de faint Paul, dans le Cimetière de laquelle il fut enterré.

(10) une bonne autorité pour la décifion de l'Académie.] Les diffé rentes autorités que Le Duchat va rapporter, ne font rien ni pour ni contre la Décifon de l'Académie. Elles prouvent feulement, que les deux Expreffions, dont il s'agit, font également anciennes dans la Langue. C'eft furquoi l'Académie n'avoit point à prononcer. Elle a feulement décidé par quelle raifon l'une paroifloit meil. leure que l'autre ; & la raifon eft bonne.

(11) Joachim du Bellay] Voïés, VII. Réflexion Crit. REM, I. fecond Alinea, Tome III. page 303.

pour la décifion de l'Académie, auffi-bien que cet endroit de (12) Defperriers, p. 145. de fes Oeuvres, Lyon 1544.

En mefprifant d'Oyfiveté l'affaire

Laquelle veut fervir Dieu de rien faire.

VI. Sauval, jeune Homme Parifien, que Defpréaux, (13) V. 40. de la Satire VII. nomme Sofal, travailloit en 1655. à une Hiftoire complette de la Ville de Paris, qui devoit comprendre quatre Tomes. Elle a vu enfin le jour, fous le titre d'Antiquitez de Paris, in-folio, 3. Vol. vers l'année 1725.

VIÍ. Aimez-vous la mufcade? DESPRE'AUX (14)Sat. III. V. 119. Le goût pour la Muscade avoit paffé, après avoir dominé , 150. ans plus ou moins. (15) Charles Estienne, p. 104. de fon Seminarium

REMARQUES.

(12) Defperriers, ] JEAN-BONAVENTURE Defperriers, Valet de Chambre de Marguerite, Reine de Navarre & Sœur de François I. êtoit d'Arnay-le-Duc en Bourgogne. Il fe tua lui même avec fon épée, dans un accès de frénéfie en 1544. Il eut beaucoup de part à la Marguerite des Marguerites, Livre fait en l'honneur de la Reine fa Maîtreffe; & mit la main au Recueil de Contes, que cette Princefle a compofe, fous le titre d'Eptameron. Quoique le Cymbalum mundi qui porte le nom de Thomas de Clevier, paffe communément pour être de Defperriers: il n'eft pas fur cependant, qu'il en foit l'Auteur. Il y a de lui divers Ouvrages de Profe & de Vers imprimes en différens tems. Mais il n'êtoit pas feulement Porte & Bel-Efprit; il avoit acquis des Connoiffauces, qui le rendotent capable d'Ouvrages férieux; & l'on affure qu'il contribua de quelque chofe à la Bible Françoise d'Olivetan, qui fut imprimée à Neufchatel en caractères gothiques in folio, ss. Il eroic ami particulier de Marot, dont il prit la défenfe, lorfque ce Poëte êtoit hors de France, par une Pièce de Vers intitulée: APOLOGIE bour MAROT abfent, contre SAGON, imprimée à Lion en 1537. in-8°. On la trouve dans quelques Editions des Geuvres de Marot, & dans le Livre intitulé: Les Difciples & Amis de CLEMENT, & leurs Adhérans.

(13) Vers 40, de la Satire VII.] Tome II. page 211. Voïés la Remarque.

(14) Sat. III. V. 119. ] Ibid. page 119.

(15) Charles Eflienne,] Il êtoit Fils del Ancien Henri Etienne •

imprimé en 1536. Jam in ganeam & culinas defcendit, ut opfonia fapore fuo condiat, nullumque temere condimentum fine hac Mofchata nucula ftruitur.

VIII. Ses murs.... s'allongent dans la nuë.(16)LUTr. Ch. III. V. 5. 6. On peut bien dire, comme Voiture, qu'une haute Tour allonge fon cou dans la nue: mais je doute qu'on en puiffe dire autant des murs de cette Tour. (17) J'aimerois mieux s'élèvent.

REMARQUES.

le premier des fameux Imprimeurs de ce nom, dont la Veuve eût pour fecond Mari Simon de Colines (COLINEUM), dont le nom eft auffi très-fameux dans l'Imprimerie. Le premier Robert Eflienne êtoit le Frère aîné de Charles, & le fecond Henri Ellienne êtoit fon Neveu. Charles mourut en 1968. ne laiflant qu'une Fille nommée Nicole, Auteur de différens Ouvrages de Profe & de Vers, dont quelques-uns n'ont point vu le jour. Elle fut recherchée après la mort de fon Père, en Mariage par le célèbre POETE Jacques Grevin, Médecin de la Ducheffe de Savoie ; & c'est pour elle qu'il compofa fes Amours d'Olympe. Comme il mourut dans le tems qu'il la recherchoit, elle fut mariée à Jean Liébaud, Médecin, qui fit réimprimer la Maifon rustique du Père de fa Femme, avec des augmentations confidérables. Charles Eftienne fut Docteur en Médecine de la Faculté de Paris. Il en exerça la Profeffion, & crut pouvoir y joindre celle de l'Imprimerie, à laquelle il fit autant d'honneur que fon Frère & fon Neveu ; ce qui lui mérita le titre d'Imprimeur du Roi. Dans fa jeuneffe, il avoit élévé Jean-Antoine Baif, Poëte fameux en fon tems, & Fils de Lazare Baif, qu'Eftienne accompagna dans fon Ambaflade d'Allemagne en 1540. Il fit en faveur des jeunes Gens un abregé des Ouvrages étendus de ce favant Homme, De Vaculis, & De Re vefiiaria, dans lefquels il y avoit beaucoup plus d'érudition que de méthode. Charles Ellienne a fait beaucoup d'autres Ouvrages Latins & François fur des Matières fort différentes les unes des autres. Il en a principalement écrit un aflés grand nombre fur les diverfes parties de l'Agriculture, & le Ménage de la Campagne. Celui que l'on cite en cet endroit, fous le titre Latin de Seminarium, eft un Traité des Pépinières. Les plus belles Editions forties de fon Imprimerie, font celle d'Appien en Grec, qui parut en 1951. & celle de la Genèfe en Hébreu, qu'il mit au jour en 1556. 11 fe propofoit de donner la Bible entière.

(16) Lutr. Ch. III. &c.] Tome II. page 219. Voiés la Re

marque.

(17) J'aimerais mieux s'élèvent. ] L'obfervation eft bonne, à mon avis, l'Expreffion de Voiture a toute la juftefle, que le Badinage requiert. Il perfonnifie la Tour de Montl'héris, & lui fait allonger

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IX. Coras, Miniftre Gafcon, dêcendu de l'illuftre Jean Coras, l'un des Martirs des Proteftans s'êtoit fait Catholique Romain. (18) Il est Auteur du Jonas, du David, & de quelques autres Poëmes.

X I.

EXTRAIT DES LETTRES NOUVELLES (1) de BoURSAULT, Edition de Paris 1738.

I. (2) UN Abbé, ou, pour mieux dire, un aspirant à l'être, car il n'avoit point encore d'Abbaïe, par

REMARQUES.

fon cou de grue pour regarder Paris. Le Verbe allonger fuppofe un mouvement actuel, & Voiture le prête réellement à cette Tour. Dans les Vers de M. Despréaux, s'agit tout fimplement de la hauteur des Murs de cette même Tour. L'Auteur ne les perfonnifie pas, & n'a pas du fe fervir d'un Verbe, dont la fignification renferme l'idée d'un mouvement actuel,

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(18) Il eft Auteur du Jonas,] Voïés, Sat. IX. Vers 91. Tome I. P. 146. Jacques Coras, dont il s'agit, fuivit d'abord le parti des Armes, & fut Cadet dans le Régiment des Gardes. Son Père l'obligea d'étudier la Théologie. Il fut enfuite Miniftre en différens endroits, & particulièrement auprès du Maréchal de Turenne. Il fe convertit, en étudiant les Controverfes du Cardinal de Richelieu, qu'il avoit entrepris de réfuter. En 1677. il publia l'Hiftoire & les Motifs de fa Convertion. Il êtoit encore Calvinifte quand il compofa fes deux Poemes. JONAS parut en 1.663. & David en 1665. En 1673. il fit imprimer in-4°. en François & en Latin la Vie de Jean Coras, dont parle Le Du Chat, C'eft un des plus grands Jurifconfultes, que la France ait eus. Il avoit profeflé dans plufieurs Ecoles célèbres du Roiaume & d'Italie. Il fut Confeiller au Parlement de Touloufe, & Chancelier'de Navarre. Il n'avoit que 59. ans, quand il fut maffacré le 4. Octobre 1972. dans la Conciergerie de Tou louie par quelques Ecoliers féditieux, qui par l'excès d'un faux zèle, immolèrent à la Religion Catholique quelques Huguenots de confidération, que le Parlement retenoit dans cette Prifon.

Xl. (1) de Bourfault,] Voïés la Remarque fur le Vers 45. de la VII. Satire, Tome I. page 110.

(2) Un Abbé, ] L'Abbé de Dangeau. Voïés le Sommaire de la Satire V. Tome I. page 86.

lant

lant un jour à M. Defpréaux contre la multiplicité des Bénéfices, lui difoit : « Se peut-il que tels & »tels, qui paffent pour de fi habiles gens, & qui ef»fectivement le font beaucoup, puiffent s'aveu

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gler auffi malheureufement qu'ils le font? A > moins de s'infcrire en faux contre la doctrine des Apôtres, & contre les décifions des Conciles, »ne favent-ils pas quel péril eft attaché à la multiplicité des Bénéfices? J'ai pris les Ordres facrés, » & fuis fans vanité d'une des premières Maisons » de la Touraine. Il y a une efpèce d'obligation à un honnête Homme de foutenir fa naiffance : mais je vous protefte que, fi je puis parvenir à une Abbaïe, ne fût-elle que de mille écus, elle fixera mon ambition; & qu'il n'y aura aucun ap, pas, qui puiffe ébranler la réfolution que je fais,,. Quelque tems après il s'en présenta une de fept mille livres de rente, que fon Frère demanda, & il l'obtint. L'hiver fuivant il s'en préfenta une autre de huit mille, qu'il obtint encore. Pendant qu'il avoit le vent en poupe, un Prieuré fimple de fix mille livres de rente êtant encore venu à vaquer, il le follicita avec tant d'empreffement, qu'il trouva le moïen de l'avoir. M. Defpréaux, lui voïant accumuler tant de Bénéfices confidérables l'un fur l'autre, lui fut rendre vifite, & lui dit: Monfieur l'Abbé, qu'eft devenu ce tems de candeur E d'innocence, où vous trouviés la multiplicité des Bénéfices fi dangereufe?" Ah M. Defpréaux, lui ré,, pondit-il ! Si vous faviés que cela eft bon pour vivre,,! Je ne doute point, lui répliqua M. DesPRE'AUX, que cela ne foit fort bon pour vivre: mais pour mourir, Monfieur l'Abbé, pour mourir ! II. (2) Trouvés bon, Monfeigneur, que je vous

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REMARQUES.

(2) Trouvés bon, Monseigneur, &c. 1 Cet Article & le précé
Tome V.
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