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,, les de Bourgueville, vivant Lieutenant Général ,, au Baillage de Caen,,. M. Ménage, (17) qui

REMARQUES..

Auteur de différens Ouvrages; entre autres d'un Traité de l'Immor talité de l'Ame, dont La Croix du Maine & Du Verdier font mention, fous le titre d' Athéomachie. Ils le difent imprimé à Paris en 164. Ce font deux Ouvrages différens. La Frefnaie-Vauquelin, Gendre de Charles de Bourgue ville, & qui lui fuccéda dans fa Charge de Lieutenant-Général de Caen, lui adreffe une Epitre dans le V. Livre de fes Satyres, à l'occafion de ce Traité de Immortalité de l'Ame. Cette Epitre eft fuivie d'une autre Pièce dont le titre eft EPITAPHE fur luy Sieur DE BOURGUEVILLE longtemps après décédé. L'efprit parle. Elle eft conçue en ces termes : J'ai fait vivant dreffer cette Chapelle, Afin que mort je repofaffe en elle: N'offence point, Paffant, un trefpafé Qui n'a vivant aucun homme offencé. Je m'appelloy Charles de Bourgueville, Et fus long temps le premier de ma ville Chéri des bons des Sçavans eftimé, Et de Phebus & des Mufes aimé Pour les avoir pourettes recueillies, Et pris plaifir à leur fages folies; Bref cinquante ans Juge ici i'ay vefcu Sans d'un vil gain avoir efté vaincu : Ains riche & noble ennemi de malice En m'honorant i'honorois la Justice, Puis plufieurs ans chez moy tout retiré Les faits de Dieu feulement i'admiré. En propofant à mon ame ravie Les grand's beautez de l'eternelle vie : Lors ayant veu par quatre vingts neuf fois,

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Le beau Soleil entrer aux douze mois

Et refortir, mon ame au Ciel paffée.
En terre apres fa depouille a laiffée:
Tu me connois, ie te pri' connois toy,
Paffant, pluftoft que medire de moy.

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mourut

S'il eft vrai, comme La Croix du Maine le dit, que Bourgueville étoit âgé de 64. ans en 1570. il faut qu'il foit mort en 1595. puifque La Frefnaie-Vauquelin le dit âgé de 89. ans quand il mourut, M. Huet, dans fes Origines de Caen, dit, que Charles de Bourgueville ,, en 1993. âgé de près de 90. aus, êtant né le 6. Mars de l'an ,, 1504,,. Il avoit compofé diverfes Poeftes, qui fubfiftent encore en Manufcrit; entre autres un Poëme fur les Actions de David, que La Croix du Maine nomme la Davidiade. Mais ce Poëme ne feroitil pas celui de La Frefnaie-Vauquelin, lequel dans fon Art Poëtique, en cite le début, en parlant du Poëme Epique ?

(17) qui a cité ces paroles, ] Dans fes Origines de la Langwe

a cité ces paroles, cite auffi celles de Belleforest, qui fe trouvent au I. Vol. (18) de fa Cofmographie; & il conclut de ce paffage & de quelques autres, qu'il cite, que ceux-là fe font trompés, qui ont cru, que ces Chanfons font appellées Vaudevilles, parce que ce font des Voix de Ville, ou parce qu'elles vont de Ville en Ville. Dans ce premier fentiment ont êté (19) Jean Chardavoine de Beaufort en Anjou, dans un Livre intitulé: Recueil des plus belles & des plus excellentes CHANSONS en forme de VOIX DE VILLE, (20) & Pierre de SaintJulien dans fes Mélanges Hiftoriques. M. de Callières eft dans le fecond fentiment; car il fait dire à son Commandeur dans fes Mots à la Mode, que les Efpagnols appellent Paffecaille une compofition en Mufique, qui veut dire Paffe-rue, "comme, dit-il, nous appellons en France des Vaudevilles, cer

"

REMARQUES.

Françoise au mot Vaudeville.

(18) de fa Cofmographie; ] Edition de la Haye, page 114. (19) Jean Chardavoine &c.] La Croix du Maine en parle en ces termes : "Jean Chardavoine, natif de Beaufort en Anjou. Il a fait un recueil des plus belles chanfons modernes, lefquelles il a mifes en Mufique, imprimé à Paris l'an 1576,,.

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(20) Pierre de Saint-Julien ] Surnommé de Balleure, êtoit un Gentilhomme du Maconnois. Il fut élevé dans l'Abbaïe de Tournus, & deftiné de bonne heure à l'Etat Eccléfiaftique. On le fit dès fa jeuneffe Protonotaire Apoftolique. Ce fut lui, qu'on chargea d'aller folliciter à Rome la Sécularifation du Prieuré de S. Pierre de Macon, dont il fut le premier Chanoine Séculier en 1557. Il fe vir enfuite en différens tems Doïen de Cuiferi, Chanoine de faint Vincent de Châlon, & de faint Vincent de Macon. Il pofléda fucceffivement les quatre Archidiaconés de cette dernière Eglife, & celui de Tournus dans celle de Châlon, dont il fut élû Doien le dernier jour de l'an 1963. Il fe démit de fon Doïenné en 1589. & mourut le 29. Mars 193. Il étoit très-versé dans nôtre Hiftoire, & fes Ecrits font pleins de recherches utiles. Entre autres Ouvrages, il a fait une Hiftoire de Tournus, fous ce titre : Recueil de l'Antiquité & des chofes les plus remarquables de l'Abbaye Ville de Tournus. Ce Livre parut à Paris en 1581. mais on a la même Hiftoire beaucoup meilleure par Pierre Juenin, Chanoine de Tournus, en 2. Vol, in-4o, imprimée à Dijon en 1733

taines Chanfons, qui courent dans le Public,, Defpréaux (21) dans fon Art Poëtique, après avoir parlé de la Satire, dit;

D'un trait de ce Poëme en bons mots fi fertile, Le François né malin forma le Vaudeville, Agréable indifcret, qui conduit par le chant, Vole de bouche en bouche & s'accroift en marchant. On s'apperçoit bien que ce Poëte êtoit de l'opinion de l'Auteur des Mots à la mode: mais il se font trompés auffi-bien que Chardavoine & l'Auteur des Mélanges Hiftoriques.

VI I.

EXTRAIT DU FURETERIANA; imprimé à Paris chés THOMAS GUILLAIN, en 1696. in-12.

1. M. DESPRE AUX, le plus illuftre Poëte de nôtre tems, & (1) le P. Bourdaloue, le plus fameux Prédicateur, qu'on puiffe entendre, difputoient un jour fur quelque matière avec tant d'opiniâtreté, que le Père, ne fachant plus que répondre à M. Defpréaux:"Il eft bien vrai, lui dit-il, que tous les Poëtes font fous Vous vous trompés, mon Père, lui répondit M. DESFRE'AUX. Allés aux

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REMARQUES.

(21) dans fon Art Poëtique,] Chant II. Vers 181. Tome II. p. 60. Voïés-y dans la Remarque ce que La Frefnaie-Vauquelin a dis du Vau-de-Vire ou Vaudeville.

VII. (1) le P. Bourdalone, ] Voïés, Sat. X. Vers 146. Rem. Tome I. page 187.

Petites

Petites Maifons, vous y trouverés dix Prédicateurs contre un Poëte.

II. Ils ont accoutumé en Hollande, à Lion & à Rouen de faire un mêlange de bonnes & de mauvaises Pièces, pour faire paffer celles-ci à la faveur des autres. Les Satires de M. Defpréaux en ont introduit de cette manière dans le monde beaucoup de mauvaises, qui n'auroient jamais paru fans cela. (2) Un jour qu'il êtoit à Bourbon, un Capucin, qui n'avoit jamais lu fes Ouvrages que de l'impreffion de Lion, vint le féliciter fur une nouvelle Sa tire, qui êtoit à la fin de fon Livre. "Ah! difoit ce Père, on reconnoît votre mérite Sublime dans ,, cette dernière Pièce; & l'on voit bien que plus ,, cet efprit extraordinaire produit, plus il a de for,, ce. Aucune de vos Satires n'égale celle que vous venés de faire contre les Cocus Cette Satire n'eft point de M. Defpréaux, & n'eft point bonne : mais elle êtoit du goût du Capucin.

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III. M. le Duc d'Orléans (Monfieur Gafton) fit promener (3) la Neveu, dont parle M. Defpréaux dans fes Satires, toute nuë fur un Ane par toutes les rues de Paris.

REMARQUES.

(2) Un jour qu'il étoit à Bourbon, &c.] Voïés, Epit. VI. Vers 69. Rem. Tome I. p. 339. M. Broffette rapporte le même fait. (3) la Neven, ] SAT. IV. Vers 33. Tome I. page 77.

Tome V.

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VIII.

EXTRAIT DU SEGRAISIANA, imprimé à Paris en 1731. in-8°.

I. DESPREAUX a eu tort de décrier fi fort les Ouvrages de Scarron. Son Typhon n'eft pas auffi mauvais, qu'il a voulu le faire croire. C'est un très-beau Poëme, & il me plaît beaucoup.

II. J'êtois logé proprement & commodément au Luxembourg, & j'y fis un jour un régal à Defpréaux, à Puimorin fon Frère, à Chapelle & à M. d'Elbene,à qui je tâchois de faire tout le bien,que je pouvois dans le mauvais êtat de fes affaires. La fête êtoit faite pour lire un Chant du Lutrin de Defpréaux, qui le lut après qu'on eût bien mangé. Quand il vint aux Vers, où il eft parlé des Cloches de la Sainte Chapelle ( ce font ceux-ci),

Les Cloches dans les airs de leurs voix argentines, Appelloient à grand bruit les Chantres à Matines; Chapelle, qui fe prenoit aifément de vin, lui dit: "je ne te pafferai pas argentines. Argentine ,, n'eft pas un mot François,,. Defpréaux continuant de lire fans lui répondre, il reprit: " Je te dis que je ne pafferai pas Argentines; cela ne vaut ,, rien,,. Defpréaux repartit, Tais-toi; tu es ivre. CHAPELLE repliqua: Je ne fuis pas fi ivre de vin, que tu es ivre de tes Vers. Leur Dialogue fut plaifant; & M. d'Elbene, qui avoit du goût, prit le parti de Chapelle. Il étoit tard quand Despréaux & Puimorin fe retirèrent, & je me couchai. Chapelle & M. d'Elbene demeurèrent près du feu, fe mirent

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