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cafion de (27) ces Vers de la Satire IX.
Si l'on vient à chercher par quel fecret mystere
Alidor à fes frais bâtit un Monaftere.

Alidor, dit un Fourbe, il eft de mes amis.
Je l'ai connu laquais avant qu'il fut commis.
C'est un Homme d'honneur, de piété profonde,

Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde. Le P. Vavaffeur avoit exprimé cette pensée avant Defpréaux.

Has Matho Mendicis fecit juftiffimus ædes ;

Hos & Mendicos fecerat ante Matho.

(28) L'un & l'autre avoit peut-être en vue la Réponse de Louis XI. à ceux qui lui louoient la charité de M. Raulin Chancelier de Bourgogne, qui avoit fait bâtir un Hôpital à Beaune. Il est bien raisonnable, dit ce Prince, que RAULIN aïant fait tant de Pauvres en fa vie; il fit,avant mourir, une Maifon pour les loger. Louis XIV. n'auroit jamais fait une telle Réponse, quand même le fait auroît êté vrai : mais Louis XI. haïffoit trop le Duc de Bourgogne pour épargner fon Chancelier.

REMARQUES.

primer contre le Burlefque, fous le titre: De Ludicra Di&tione. Le P. Vavaffeur connoifloit parfaitement les anciens Auteurs, Peu de Modernes écrivent en Latin avec autant d'élégance & de pureté. Ses Vers ne font prefque eftimables que par cet endroit. If n'êtoit rien moins que Poëte: mais en récompenfe il étoit habile Critique, entêté pourtant de fes opinions, & donnant l'humeur, comme il le paroît par ce qu'il a fait fur la Poetique contre le P. Rapin fon Confrère, qui certainement êtoit moins habile que lui mais qui le furpaffoit du côté de l'efprit & de la politeffe. Tous les Ouvrages du P. Vavaffeur ont êté recueillis en un Volume in-folio à Amfterdam, chés Humbert en 1709.

trop

(27) ces vers de la Satire IX.] Vers 159. Tome I. page 10. (28) L'un & l'autre avoit peut-être en vue &c.] Voïés, ibid. la Rem, fur le Vers 160.

XII. (29) Les quatre Vers, qui furent mis au bas du Portrait de M. Defpréaux, que M. Le Verrier avoit fait graver par Drevet marquent bien le caractère de ce grand Poëte.

Au joug de la Raison afservissant la Rime,

Et mesme en imitant, toujours original,

J'ay fçeu dans mes Ecrits docte, enjoüé, sublime, Raffembler en moy Perfe, Horace & Juvenal. On fait à préfent que M. Defpréaux lui-même en eft l'Auteur. Celui qui a fait des Commentaires fur fes Ouvrages, a révélé cette Anecdote littéraire. M. Defpréaux fentoit bien lui-même qu'il y avoit de la vanité dans ces Vers, puifqu'il écrivit à M. Le Verrier les Vers fuivans:

Oui, le Verrier, c'eft là mon fidèle portrait,
Et le Graveur en chaque trait

A fceu trés finement tracer fur mon visage
De tout faux Bel Efprit l'Ennemi redouté.

Mais dans les Vers pompeux qu'au bas de cet Ouvrage
Tu me fais prononcer avec tant de fierté,
D'un Ami de la Verité

Qui peut reconnoistre l'image ?

(30) Le même Commentateur rapporte un fait, qui montre bien les contradictions de l'amour propre. Il dit qu'un Graveur aïant apporté à M. Defpréaux fon Portrait, le pria de lui donner des Vers pour mettre au bas de la gravure, & que M. Defpréaux lui répondit: qu'il n'étoit ni affés fas

REMARQUES.

(29) Les quatre Vers, &c.] Voïés, Epigr. XXXIX. & XL. Tome I. page 408.

(30) Le même Commentateur rapporte un fait, &c.] Voïés, Rem. far te Vers 2. de l'Epigr. XXXVÏ. Tome II. page 405.

pour dire du bien de lui-même: ni affés fot pour en dire du mal. Accordés cela avec les quatre Vers du Portrait de Drevet, ou plutôt accordés les Hommes avec eux-même.

XIII. M. Despréaux ne manquoit jamais de lire à M. Patru tous fes Ouvrages avant que de les donner au Public; & il a avoué plufieurs fois qu'il s'êtoit bien trouvé de fes décifions, & que fon Jugemens étoit fur, & fa Critique fort cenfée.

XIV. Les Vers, que M. Defpréaux débite (31) dans les Héros de Romans, comme extraits d'une Harangue de la Pucelle au Roi Charles VII. & qui commencent par ces mots :

Ogrand Prince, que grand dès cette heure j'appelle &c. ne font point dans le Poëme de M. Chapelain. C'eft un Centon compofé de plufieurs Vers répandus dans cet Ouvrage. Cependant un Auteur, qui a feint de juftifier Chapelain dans une Critique imprimée à la fuite de (32) Mathanafius, a cité ces mêmes Vers fur la foi de M. Defpréaux. Il faut rendre juftice à tout le monde. On trompe le Public en lui donnant comme une Harangue fuivie & tirée du Poëme de La Pucelle un Centon compofé de plufieurs Hémiftiches ramaffés en différens endroits. On peut ainfi faire les plus mauvais Vers du monde tirés des Ouvrages du meilleur Poëte, comme on en a fait de très-obfcènes de ceux du chafte Virgile.

REMARQUES.

(31) dans les Héros de Romans,] Tome III. page 45.

(32) Mathanafius, 1 Le Chef-d'œuvre d'un Inconnu &c. par le Docteur Mathanafius, eft véritablement l'Ouvrage d'un Avantutier nommé Belair, connu dans le Monde & dans la République des Lettres fous les noms de Saint-Hiacinthe & de Themifeuil. Après avoir fait bien des métiers en fa vie, il eft mort depuis quelques mois dans un Village de Hollande n'aïant laiffé pour héritage à fes enfans, encore jeunes, qu'une extrême mifère. On a voulu mal-àpropos faire M. de Sallengre Auteur du Chef-d'œuvre d'un Inconnu, La Critique, dont on parle en cet endroit, eft de M. Van-Effen,

XV. Laiffons aux Poëtes, qui difent tout ce qui leur plaît pour enrichir leur Poefie, & aux Difeurs de rien, qui ne veulent jamais demeurer court,de foutenir de femblables Paradoxes ( que les hommes ont dans leur Phifionomie quelque rapport avec un Animal ). Encore les Poëtes judicieux y font-ils fort refervés. (33) M. Defpréaux dans fes Satires dit tout fimplement: Un chat est un chat & ROLLET un Fripon; & non pas ROLLET eft un chat, quoique dans un fens il l'auroit pu dire. Mille expériences nous apprennent tous les jours que les Chats font de francs Fripons: mais il n'avoit garde, parce qu'il étoit perfuadé par fa raifon qu'une Bête ne reffemble qu'à une Bête, & qu'un Homme ne reffemble qu'à un Homme.

V I.

EXTRAIT DES MELANGES Hiftoriques, recueillis & commentés par (1) Monfieur *** à Amsterdam chés LE CENE, 1728. in-12.

I. ON a reproché à l'Abbé Tallemant d'avoir fait à l'égard de fa Traduction des Hommes Illuftres de Plutarque, ce que (2) René Benoist fit a l'égard de

REMARQUES.

(33) M. Defpréaux dans fes Satires dit tour fimplement: 1 SAT. I. Vers 2. Tome I. page 20.

VI. (1) Monfieur ***] M. de La Brune, Miniftre de l'Eglife Françoife de Tournai,

(2) René Benoit ] Doïen de la Faculté de Théologie de Paris, Curé de faint Euftache, l'un des plus favans Théologiens de fon tems, fut le principal inftrument de la Converfion d'HENRI IV.

fa Traduction de la Bible. DESPRE'AUX le lui reproche d'une manière, qui n'eft pas moins piquante, qu'elle eft fine; il l'appelle

(3) Du François d'Amiot le fade Traducteur.

(4) Amiot lui-même n'a pas êté exemt d'un pareil reproche. « J'ai oui dire à (5) M. Patin, dit

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REMARQUES,

Naudé dans fes Confidérations Politiques fur les coups d'Eftat, dit: que Benoist, "fi l'on en peut juger fuivant le commun bruit, par ce qui fe pafla à l'article de fa mort, n'êtoit ni Catholique trop zélé, ni Huguenot obftiné. D'où vient que, maniant dextre,, ment la confcience du Roi, il lui fit feulement comprendre les principaux miftères, ne lui exagerant point beaucoup de petites Cérémonies & Traditions, & conduifit plutôt cette Converfion en Homme avife & politique, que non pas en fcru puleux & fuperftitieux Théologien René Benoit, voïant avec quelle avidité les Catholiques même lifoient la Bible dans la Verfion de Genève, la fit réimprimer à Paris, en y changeant quelques Expreffions, & l'accompagnant de petites Notes très-Catholiques, Mais par la négligence de fes Imprimeurs, il refta dans la Veron quelques Expreffions Calviniftes, qui furent caufe que la Faculté de Théologie la condamna. Benoit ne favoit ni le Grec ni l'Hé breu, lui-même en convenoit, & le titre de fa Bible porte cependant, qu'elle eft traduite fur ces deux Langues. Ce qui fait dire à M. Simon dans fon Hiftoire Critique du Vieux Teftament: Si Maî ‚ tre René Benoist cût eu un peu plus d'adresse, il auroit fans doute paffe pour un habile Traducteur de l'Ecriture, auffi-bien que plufieurs, qui n'ont pas eu une connoiffance plus étendue des ,,Langues Saintes que ce Docteur, & qui cependant ont êté fort eftimés La Faculté de Théologie de Paris, non contente d'avoir cenfuré la Verfion de la Bible par Benoist, en fit une dénonciation au Pape Gregoire XIII. qui la condamna par une Bulle du 3.. Novembre 1575. Benoit refufa pendant quelques années de fe foumettre à cette condamnation. En 1984. il fit un acte de foumiffion, dont on ne fut pas fatisfait, à caufe des reftrictions, dont il l'avoit accompagné: mais enfin le defir de rentrer, commę Doien, dans la Faculté, le fit acquiefcer pleinement à la condamnation en 1598. Il mourut en 1608. Il êtoit d'Anjou.

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(3) Du François d'Amiot &c. ] Epit. VII. Vers 90. Tome I. page 365.

(4) Amiot] Voïés ibid. page 336. Rem. Col. 1.

(5) M. Patin,] GUI Patin, Docteur-Régent de la Faculté de Paris, & Profeffeur en Médecine au Collége Roïal, êtoit d'Houdan dans le Diocèfe de Beauvais. Il naquit en 1602. & mourut en 1672. Tout le Monde fçait ce qu'il faut penfer de ses Leis

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