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,, avec raison que l'Epithète dicaces n'eft appliquée à Satyros que dans le fens de ces fortes de Pièces ,, Satyriques. Le paffage de Sénèque le Tragique ,, n'eft pas moins formel. Ce Poëte,dont (33) Muret, bon Connoiffeur, eftimoit la diction, a dit fur la fin du Chœur du I. Acte de la Médée:

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Fefta dicax fundat convicia Fefcenninus.

,,Vers que le Portugais Achille Stace fur cet endroit ,, de Catulle:

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Nec diu taceat procax

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Fefcennina locutio;

,, cite exprès pour faire voir que procax Fefcennina

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EMARQUES.

pour caufe de Religion. Sa Famille fubfifte encore fous le nom de Cafebonne. Il avoit épousé une Fille d'Henri Eftienne, dont il eut deux Fils; l'un fut Méric Cafaubon, qui fut Chanoine de Cantorberi. L'autre abjura le Calvinifme & fe fit Capucin. Pour Ifaac Cafaubon, il fut Profefleur Roïal à Paris pour la Langue Grecque, & Garde de la Bibliothèque du Roi. Depuis Jacques I. le fit venir en Angleterre. Les Ecrits de Cafaubon font remplis d'une grande érudition. On eftime fur-tout ce qu'il a fait fur Théophrafte, & cet Ouvrage pafle pour le meilleur de tous les Commentaires. Ses Exercitationes contre Baronius ne lui firent aucun honneur. Elles furent réfutées par les Catholiques & méprifées par les Proteftans.

(33) Muret, MARC-ANTOINE-FRANÇOIS Muret, naquit dans le Diocèfe de Limoges, vers l'an 1526. Il fut fon Maître à luimême ; & fans autre fecours que celui des Livres & de fes réAlexions, il acquit une parfaite connoiffance des Langues Grecque & Latine. On peut dire, qu'il eft celui des Modernes, qui parle le mieux cette dernière. Les Italiens eux-même le mettent au rang des meilleurs Ecrivains Latins. Il vint affés jeune à Paris, & fut Profeffeur de Troisième au Collège du Cardinal Le Moine, pendant que Turnèbe enfeignoit la Rhétorique & Buchanan la Seconde dans le même Collége. Il fut enfuite Profeffeur à Touloufe, où fa conduite, peut chafte, avec un de fes Ecoliers, l'auroit perdu, fans l'avis qu'un Confeiller du Parlement lui donna de ce qu'on alloit faire contre lui. C'eft ce qui l'obligea de s'enfuir en Italie. Pendant fa fuite en 1554. le Parlement de Touloufe condamna par contumace le Maître & le Difciple à être brûlés. Muret enfeigna quelque tems à Venife, & depuis il s'établit à Rome, & remplit dans cette Ville les Chaires de Droit, de

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,, locutio, & dicax verfus Fefcenninus font des ex,, preffions équivalentes; d'où il s'enfuit que dicax convient auffi bien à verfus, que procax à locutio. Je pourrois encore vous oppoler plufieurs doctes ,,Modernes aujourd'hui vivans; entre autres (34)un, ,, qui, s'il avoit vêcu du tems d'Aulu-Gelle, n'au,, roit pas êté moins digne de la qualité d'Acadé,, micien Latin, qu'il l'eft de celle qu'il a d'Académicien François. Vous le reconnoîtrés, quand je Vous dirai c'est celui qui dans de beaux que (35) Vers faits l'an 1701. fur le rétabliffement de ,, la fanté de nôtre illuftre Satirique, a dit:

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Mais je penfe, Monfieur, que ces autorités vous fuffiront, & que vous n'héfiterés plus déformais à recevoir la décifion fuivante d'un habile Grammairien du XV. fiècle. Quemadmodum ,, autem urbanum & dicacem hominem dicimus,

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REMARQUES.

Philofophie & d'Eloquence. Il y mourut le 4. Juin 1585. âgé de 19. ans & deux mois. Il s'êtoit fait Prêtre environ dix ans auparavant. Ce n'eft pas feulement la belle Latinité, qu'il faut eftimer dans fes Ouvrages Oratoires. On y trouve du goût, du gé nie, des chofes bien penfées, & du Bel-Efprit. Ses Vers font bien faits mais ils ne valent pas fa Profe. Pour fes Ouvrages de Critique, on peut dire en général, qu'ils font bons; mais beaucoup d'autres ont mieux réui que lui dans ce genre. On a recueilli toutes les Oeuvres à Verone depuis 1727. jufqu'en 1730. en cinq Volumes in-8°.

(34) un, qui, &c.] L'Abbé Fraguier de l'Académie Françoise & de celle des Infcriptions & Belles-Lettres. Voïés, Tome I. page Ivij. Rem. 6.

(35) Vers faits l'an 1701. fur le rétablissement de la fanté &c.] Ils fe trouvoient dans toutes les Editions des Oeuvres de nôtre Auteur depuis celle de 1701. jufqu'à celle-ci, d'où je les ai rétranchés, paree qu'ils font à la fuite des Traductions Latines de différens Ouvrages de M. Despréaux imprimés en un Vol. in-12, en 1735. & qui se trouvent chés les Libraires qui vendent cette Edition.

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ita urbanum & dicacem fermonem, unde urbanitas & dicacitas tam de homine, quam de oratione dicitur. Eodem modo venuftus homo, & venufta oratio; lepidus homo, & lepida oratio; falfus homo & falfa oratio; Jocofus homo, & jocofa oratio. Et venuftas, lepor, fales, infulfitas, facetiæ, joci, tam de homine quam de oratione dicuntur (36) NICOL. PERROTTUS Cornucopia "pag. 132. edit. Bafileenfis 1526.,,.

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Il me paroît que les Critiques les plus obstinés doivent fe rendre à ces raifons. Celui du moins à qui j'avois affaire ne put y répondre en fept mois entiers qu'il vêcut depuis ma Lettre. Voilà pour ce qui regarde l'Infcription Latine.

La Francoife, mife au bas de l'autre Eftampe confifte en quatre Vers les plus beaux du monde. Ils viennent de paroître (37) dans une nouvelle Edition des Oeuvres de M. Defpréaux, & méritent d'être imprimés par tout. Les voici :

Au joug de la Raison asservissant la Rime,
Et mesme en imitant, toujours original,

J'ai fceu dans mes écrits docte, enjoué, sublime,
Raffembler en moi Perfe, Horace & Juvenal.

Quoique ces Vers n'aient pas befoin de luftre, je ne laifferai pas d'y ajouter ceux-ci, dont le tour eft moins pompeux, mais qui ont quelque chofe d'affés vif.

REMARQUES.

(36) Nicol, Perrottus] NICOLO Perotti, Archevêque de Siponte, ou pluftôt de Manfredonia, où le Siége de Siponte avoit êté transporté, êtoit de Saffoferrato, Bourg de l'Etat de Venife. 11 mourut l'an 1480. à Fugieura, Maifon de Plaifance, qu'il avoit fait bâtir près de Saffoferrato. C'eft un des plus habiles Grammairiens, que l'Italie ait eus.

(37) dans une nouvelle Edition des Oeuvres de M. Despréaux,] Dans celle de 1701.

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EXTRAIT DES MELANGES d'Hiftoire & de Littérature, par (1) M. DE VIGNEUL-MARVILLE, quatrième Edition à Paris 1725. chés PRUDHOMME, 3. Volumes in-12.

1. (2) M.DESPRE AUX aïant lu à l'Abbé Boileau fon Frère fa VIII. Satire, dans laquelle il met

REMARQUES.

, mort

V. (1) M. de Vigneul-Marville, ] Nom fuppofé. Le véritable Auteur de ces Mélanges eft Dom Bonaventure d'Argonne Chartreux de Gaillon en 170s. Le plus confidérable de fes Ouvrages eft celui De la Lecture des Peres. Il en a laiflé plufieurs Manufcrits, entre autres fes Mélanges d'Histoire & de Littérature, refondus par lui même & confidérablement augmentés. L'Edition, que l'Abbé Bannier en fit à Paris en 1725. eft apparament cause que le dépofitaire des Manufcrits de Dom d'Argonne, n'a pas encore donné ces Mélanges dans l'êtat où l'Auteur les a mis. Ils êtoient originairement en trois Volumes, qui parurent en différens tems. L'Abbé Bannier y a fait des changemens très-confidérables, & le III. Tome de fon Edition eft prefque tout entier de lui. Comme c'eft celle dont je me fers, il me paroît que c'eft fur le comte de cet Abbé, qu'il faut mettre ce que j'en rapporte ici, pluftôt que fur celui du Chartreux, auquel il eft évident, que l'on ne fauroit attribuer ce qui fe dit en quelques endroits du Commentateur de M. Delpréaux, Dom Bonaventure d'Argonne êtoit entré tard en Re

l'Homme au deffous de l'Ane même, celui-ci lui conseilla de l'adreffer à M. Morel Docteur de Sorbone, qui êtoit furnommé la Machoire d'âne, parce qu'il avoit la machoire fort grande & fort avancée. Če même furnom donna lieu à M. de Santeul, qui dans un de fes Ouvrages affecte de le louer d'avoir par fes Ecrits confondu les Janféniftes, de dire qu'il avoit défait fes Ennemis comme Samfon, avec une machoire d'âne. Claude Morel êtoit de Châlons en Champagne d'une bonne Famille de Robe. Il mourut à Paris le 30. Avril 1679. êtant Doïen de la Faculté de Théologie, & Chanoine Théologal de Nôtre-Dame. Il avoit refufé l'Evêché de Lombez.

II. M. Defpréaux, malgré une foule d'Ennemis, que fes Satires lui avoient attirés, & qui même, (3) felon M. le Comte de Buffi-Rabutin, devoient l'eftimer dans le fond du Cœur, s'ils n'êtoient pas les plus fotes gens du monde, avoit pour Amis les perfonnes les plus qualifiées du Roïaume; & toute la Cour, à l'exemple du Roi, l'aimoit & l'eftimoit, fi on excepte le feul Duc de Montaufier, (4) qui même à la fin lui accorda fon amitié & fon eftime. Ainfi on pouvoit dire que le mérite de ce grand

REMARQUES.

ligion, ce qui fit qu'il conferva des relations avec les honnêtes gens & les Savans, qu'il avoit connus dans le monde. C'eft des Lettres qu'il recevoit continuellement, qu'il avoit extrait fes Mélanges, dont le Manufcrit renferme, à ce que l'on m'a dit, une infinité d'Anecdotes curieufes, qui ne fe trouvent nulle part. On pourroit reprocher à ce bon Religieux un peu trop de penchant pour la Satire.

(2) M. Defpréaux aïant &c.] Voïés, Tome I. page 116. Sommaire de la VIII, Satire,

(3) felon M. le Comte de Buffi- Raabutin, ] Voïés fa Lettre à M. Defpréaux, à la fin de l'Avertiff. fur l'Epit. IV. Tome I. p. 304. (4) qui même à la fin lui accorda fon amitié & fon eftime.] Voïés, Epit. VII. Vers 100. Rem. Tome I. page 368.

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