SATIRE X. 1693. LES FEMMES. Enfin bornant le cours de tes galanteries, Mais quoi ! je vois déjà que ce discours t’aigrit. 1. Instrument, en style de pratique, veut dire toutes sortes de contrats. (B.) 2. Juvénal a fait une satire contre les femmes, qui est son plus bel ouvrage. (B.) 3. Paroles du commencement de la satire de Juvénal. (B.) Le vice audacieux, des hommes avoué, A la triste innocence en tous lieux fit la guerre, Qu'aux temps les plus féconds en Phrynés', en Laïs', Et que, même aujourd'hui, sur ce fameux modèle, Je sais que d'un conte odieux Vous avez comme moi sali votre mémoire. Mais laissons là, dis-tu, Joconde et son histoire : Devant vous aujourd'hui criminel dénoncé, Et mis sur la sellette aux pieds de la critique, J'ai vu tout ce qu'ont fait La Fontaine et Molière; 1. Phryné, courtisane d'Athènes. (B.) 2. Laïs, courtisane de Corinthe. (B.) 3. Ceci est dit figurément. (B.) 4. Conte de La Fontaine tiré de l'Arioste. 5. François Corbueil-Villon naquit à Paris en 1431. Accusé et, à ce qu'il paroît, convaincu de friponnerie, il fut condamné à être pendu : la peine ayant été commuée en bannissement, il retomba dans de nouveaux désordres qui lui attirèrent une seconde sentence pareille à la première; mais Louis XI lui fit grâce du supplice. On ne sait pas bien en quel lieu et en quel temps il mourut. Rabelais dit qu'il se retira en Angleterre et y devint le favori d'Édouard IV. 6. Mellin de Saint-Gelais naquit, en 1491, à Angoulême, fils naturel de l'évêque de cette ville, Octavien de Saint-Gelais; il laissa des poésies diverses, entre lesquelles on distingue la Déploration du bel Adonis, une imitation de trois chants de l'Arioste, etc. Arioste', Marot2, Boccace3, Rabelais', Et que, pour être heureux sous ce joug salutaire, Je vieillis, et ne puis regarder sans effroi Je crois déjà les voir, au moment annoncé Qu'à la fin sans retour leur cher oncle est passé, Sur quelques pleurs forcés qu'ils auront soin qu'on voie, Je me fais un plaisir, à ne vous rien celer, De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler, 1. L'Arioste, né à Reggio (près de Modène), en 1474, est un des plus célèbres poëtes italiens. Son grand ouvrage, l'Orlando furioso, parut en 1516. 2. Clément Marot étoit de Cahors, où il naquit, en 1495, d'un père qui lui-même étoit poëte, mais qui a été surpassé par son fils. Conduit à la cour de François Ier, il célébra les belles et les princes, suivit le roi à la bataille de Pavie et y reçut une blessure. Ayant embrassé la religion réformée, il se réfugia à Gênes, puis à Turin, où il mourut dans l'indigence en 1544. 3. De tous les ouvrages de Boccace, le plus connu est son Décaméron, recueil de contes où La Fontaine a puisé les sujets de la plupart des siens. I naquit, en 1313, à Paris, où son père, né à Certaldo, en Toscane, avoit été attiré par des affaires de commerce, et fut bientôt conduit à Florence, où il fit ses premières études. Son père, qui le destinoit au négoce, le renvoya, vers 1323, à Paris, d'où il ne revint qu'en 1329. Il a été l'ami de Pétrarque. Après avoir habité Naples et Florence, il vint mourir à Certaldo le 21 décembre 1375. 4. François Rabelais naquit à Chinon en 4483. Il se fit cordelier à Fontenai-le-Comte, puis bénédictin à Maillezais, ensuite médecin à Montpellier. Après avoir accompagné le cardinal du Bellay à Rome, il revint en France, habita Lyon et Paris, obtint une prébende dans la collégiale de Saint-Maur des Fossés, et enfin la cure de Meudon; il mourut, à Paris probablement, en 1553. 5. Les Contes de la reine de Navarre, etc. (B.) Marguerite de Valois, sœur de François Ier, étoit née à Angoulême en 1492; elle épousa le duc d'Alençon, puis Henri d'Albret, roi de Navarre, et fut mère de Jeanne d'Albret, qui a donné le jour à Henri IV. Marguerite mourut en 1549. Et, trompant un espoir pour eux si plein de charmes, Arracher de leurs yeux de véritables larmes. Vous dirai-je encor plus ? Soit foiblesse ou raison, Je suis las de me voir le soir en ma maison Seul avec des valets, souvent voleurs et traîtres, Et toujours, à coup sûr, ennemis de leurs maîtres. Je ne me couche point qu'aussitôt dans mon lit Un souvenir fâcheux n'apporte à mon esprit Ces histoires de morts lamentables, tragiques, Dont Paris tous les ans peut grossir ses chroniques, Dépouillons-nous ici d'une vaine fierté : Nous naissons, nous vivons pour la société. A nous-mêmes livrés dans une solitude, Notre bonheur bientôt fait notre inquiétude; Et, si durant un jour notre premier aïeul, Plus riche d'une côte, avoit vécu tout seul, Je doute, en sa demeure alors si fortunée, S'il n'eût point prié Dieu d’abréger la journée. N'allons donc point ici réformer l'univers, Ni, par de vains discours et de frivoles vers, Etalant au public notre misanthropie, Censurer le lien le plus doux de la vie. Laissons là, croyez-moi, le monde tel qu'il est. L'hyménée est un joug, et c'est ce qui m'en plaît : L'homme en ses passions toujours errant sans guide A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride : Son pouvoir malheureux ne sert qu'à le gêner; Et, pour le rendre libre, il le faut enchaîner. C'est ainsi que souvent la main de Dieu l'assiste. Hal bon! voilà parler en docte janseniste, L'épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, 4. Blandin et du (de) Rosset ont composé ces histoires. (B.) 2. Célèbre prédicateur. (B.) — 3. Paroisse de Paris. (B.) D'un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse. Supposons toutefois qu'encor fidèle et pure 1. Maximes fort ordinaires dans les opéras de Quinault. (B) 2. J. B. Lulli, né à Florence en 1633. 3. Voyez les opéras de Quinault intitulés Roland et Armide. (B.) 4. Roman de Clélie , et autres romans du même auteur. (B.) 5. Une infáme, dont le nom étoit alors connu de tout le monde. (B.) |