STYLE FRANÇAIS. LE CHÊNE ET LE ROSEAU. F A B L E. Le Chêne un jour dit au Roseau : Le moindre vent qui d'aventure Vous oblige à baisser la tête ; Cependant que mon front au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil Brave l'effort de la tempête. Dont je couvre le voisinage , Mais vous naissez le plus souvent Les vents ne sont moins qu'à vous redoutables : Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos : Mais attendous la fin. Comme il disait ces mots, Du bout de l'horizon arcourt avec furie Le plus terrible des enfans (1) L'Arbre tient bon; le Roseau plie. Et fait si bien qu'il déracine LA COURTISANNE AMOUREUSE. CONTE Le jeune Amour , bien qu'il ait la façon Fut de tout temps grand faiseur de miracles : ume, Chimon aima ; puis devint honnête homme : Ce n'est le point dont il s'agit ici. le soon Je veux conter comme une de ces femmes Qui font plaisir aux enfans sans souci Put en son coeur loger d'honnêtes flammes. que d'être un cardinal neveu. Le pape enfin, s'il se fût piqué d'elle, N'aurait été trop bon pour la donzelle. De son orgueil ses habits se sentaient ; Force brillans sur sa robe éclataient, La chamarrure avec la broderie. Lui voyant faire ainsi la renchérie, Amour se mit en tête d'abaisser Ce coeur si haut; et, pour un gentilhomme Jeune , bienfait, et des mieux mis de Rome, Jusques au vif il voulut la blesser. L'adolescent avait pour nom Camille, Elle, Constance. Et bien qu'il fat d'humeur Douce, traitable , à se prendre facile, Constance n'eut sitôt l'amour au coeur, Que la voilà craintive devenue. |