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Donne que je réduise en poudre
Le temple où je connus l'amour.

Alcide, que ne suis-je armée
De ta massue ou de tes traits,
Pour venger la terre alarmée
Et punir un Dieu que je hais !

Médée, enseigne-moi l'usage
De tes plus noirs enchantemens :
Préparons lui quelque breuvage
Semblable au poison des amans.

Ah! si, dans ma fureur extrême,
Je tenais ce monstre odieux!...
Le voici, lui dit l'Amour même,
Qui soudain parut à ses yeux.

"Venge-toi, punis, si tu l'oses. » Interdite à ce prompt retour,

Elle prit un bouquet de roses,
Pour corriger le jeune Amour.

On dit même que la Bergère
Dans ses bras n'osait le presser;
Et, frappant d'une main légère,
Craignait encor de le blesser. (58)

CHANSON.

ma tendre musette! Musette des amours!

Toi qui chantais Lisette,
Lisette et les beaux jours!
D'une vaine espérance

Tu m'avais trop flatté :
Chante son inconstance

Et ma fidélité.

C'est l'amour, c'est sa flamme
Qui brille dans ses yeux :.
Je croyais que son ame
Sentait les mêmes feux.

Lisette, à son aurore,

Respirait le plaisir :

Hélas! si jeune encore,
Sait-on déjà trahir?

Sa voix, pour me séduire,
Avait plus de douceur;
Jusques à son sourire,
Tout en elle est trompeur.

Tout en elle intéresse ;

Et je voudrais, Hélas!

Qu'elle eût plus de tendresse,
Ou qu'elle eût moins d'appas.

O ma chère musette,
Console ma douleur!

Parle moi de Lisette :
Ce nom fait mon bonheur.
Je la revois plus belle,
Plus belle chaque jour;
Je me plains toujours d'elle
Et je l'aime toujours. (59)

CHANSON.

Non, non, Doris, ne pense pas

Retrouver encor dans mon ame

Ni souvenir del tes appas,
Ni étincelle de ma flamme.

Sois infidèle, j'y consens :

Va, ne crois point que j'en gémisse;
Pour me venger change d'amant,
De mes rivaux sois le supplice.

Ce n'est pas le besoin d'aimer

Qui fait que l'on change sans cesse :

Et celle qui sait s'enflammer
N'a qu'un objet pour sa tendresse.
Un coeur peut-il aimer deux fois?
L'amour ne fait qu'une blessure :
S'il a deux traits dans son carquois,
C'est une erreur de la nature,

Doris, ne va pas t'alarmer;

Va, ne crains pas que je t'accuse :
C'est ton cœur que je veux armer
Contre ton esprit qui t'abuse.
De ce cœur formé pour l'amour,
Si l'inconstance est le partage;
Il est l'image d'un beau jour,
Que vient d'obscurcir un nuage.
J'oublie enfin que je t'aimai,
Qu'autrefois tu fus ma maîtresse,
Que le premier je te formai
Au doux plaisir de la tendresse,
Mais si tu voulais revenir

Me consoler par ta présence,
Je suis prêt à m'en souvenir,
Et j'oublîrai ton inconstance (60)

ROMANCE.

AH! s'il est dans votre village
Un berger sensible et charmant,
Qu'on chérisse au premier moment,
Qu'on aime ensuite davantage;
C'est mon ami rendez-le moi,
il a ma foi.

J'ai son amour,

Si par sa voix tendre et plaintive
Il charme l'écho de vos bois,
Si les accens de son hautbois.
Rendent la bergère pensive;
C'est encor lui: rendez-le moi,
J'ai son amour, il a ma foi.

Si, même en n'osant rien vous dire ; Son seul regard sait attendrir;

Si, sans jamais faire rougir,

Sa gaîté fait toujours sourire ;
C'est encor lui: rendez-le moi,
J'ai son amour, il a ma foi.

Le

Si, passant près de sa chaumière,

pauvre en voyant son troupeau,

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Ose demander un agneau,

Et qu'il obtienne encor la mère;

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