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Amenée, par un grand événement, à Â déterminer l'état des femmes, elle écarte les illusions, comme les préjugés; et, sans se défendre du charme de cet ouvrage, elle n'y porte aucun enthousiasme.

Elle n'accorde ou ne refuse rien aux femmes, que d'après leur destination. Mais par-là, tout ce qu'elle veut pour les hommes, se communique à elles; elle les associe à tout; mais de la manière qui leur est pro

pre.

LXVII. Elle laisse à l'amour à récompenser l'amour. Ce n'est point par un sentiment qui ne dure pas; c'est par des droits de tous les momens, qu'elle règle leur sort.

LXVIII. Elle ne souffre pas autour d'elles une insultante affectation des sentimens qu'on n'a pas; elle les sert mieux, en les abandonnant à ceux qu'elles inspirent.

LXIX. Elle ne fait pas contre toutes, cc qu'elle fait pour quelques-unes. Rien n'est partial, tout est social dans ses vœux et ses soins. Elle incline plutôt à relever la pauvreté qu'à exhausser la richesse; à dé

dommager le mérite obscur, qu'à enfler la gloire de celui que tout a favorisé.

LXX. La philosophie s'occupe encore plus de leurs intérêts, que de leurs honneurs. Elle cultive leurs facultés, pour étendre leurs droits; plus elle chérit leurs qualités particulières, plus elle veille à ce qu'elles ne s'altèrent pas; à ce qu'elles se perfectionnent sans cesse. C'est par les vertus et les talens, qu'elle accroît le doux empire de la beauté et des grâces; c'est par un sentiment plus réfléchi des convenances; et non par des règles hors de la nature et de la raison, qu'elle conserve leurs mœurs et trace leur morale.

LXXI. Ah! que les femmes quittent de vains regrets, pour adopter de nobles espérances; qu'elles conçoivent mieux leurs droits et leurs destinées; qu'elles jugent mieux de leur siècle, et de la rénovation générale, qui en sera le caractère; qu'elles soient justes envers cette philosophie, qui les aura aimées et honorées, comme elles doivent

l'être; en cherchant leur place dans toute l'amélioration humaine.

LXXII. Les femmes aiment naturellement leur patrie. Tout ce qui environne leurs peines et leurs plaisirs; tout ce qui a vu leurs beaux jours; tout ce qui assiste même à leur déclin, agit plus vivement sur ces âmes, dont toutes les pensées tiennent à des émotions. C'est par cette puissance de l'imagination, qu'elles s'attachent aux lois de leur pays, lors même qu'elles leur sont injustes et cruelles; qu'elles s'attachent à une constitution, à proportion que son caractère est plus prononcé : on les a vues idolâtrer l'austérité républicaine, comme le faste monarchique.

LXXIII. Elles ne savent pas moins servir leur pays que l'aimer. Leur patriotisme a des autels dans toutes les histoires. Elles ne se distinguent jamais plus que dans les crises des empires; elles y réalisent des prodiges, que les hommes ne savent ni tenter, ni espérer; elles y portent surtout un désintéressement, qui confirme les principes que j'ai établis. Comme si elles n'existaient pas

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pour elles-mêmes, elles s'oublient dans la chose publique.

LXXIV. Nulle révolution ne s'est faite sans elles: toutes les faces de la nôtre en ont reçu ce caractère passionné, qu'elles donnent à tout ce qui tombe sous leur influence.

LXXV. Mais aucune révolution n'a eu à se défendre de leurs stipulations; aucune ne s'est encore signalée par le redressement de leurs droits. La nôtre aura la gloire et le bonheur, d'avoir prévenu et surpassé leurs

vœux.

DE LA GÉNÉROSITÉ.

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Ce morceau a été fait en 1780; c'est le premier écrit littéraire de l'auteur. Il fait partie d'une collection de fragmens de morale, destinée à rentrer dans ses œuvres. Le tableau de moeurs qui le termine, se rapporte à la fin du règne de Louis XV.

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Je ne prends pas ce mot dans le sens populaire, pour une inclination et une habitude à répandre des largesses. La véritable générosité est bien autre chose : c'est la plus belle et la plus aimable des qualités, dont l'âme humaine puisse être ornée; c'est ce besoin d'estime et d'amour, et cette passion des beaux faits, qui font que nous mettons notre bonheur à nous sacrifier souvent pour les autres ; et à donner toujours, à nos bienfaits et à nos services, un caractère particulier de grandeur ou de délicatesse.

Il est plusieurs vertus, qui ressemblent beaucoup à la générosité : ce sont la bienfaisance, la clémence, l'amour de la patrie, et le sentiment de l'honneur.

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