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Il se dit généralement des principes, des commencemens de certaines choses, ou morales ou physiques. La vertu a jeté de profondes racines dans son coeur. La racine du mal. Il faut couper la racine de ce mal avant qu'il augmente. Ce remède pallie le mal, mais il faut aller à la racine. Couper racine à une erreur. Ainsi que de ce champ par toi si bien orné, Ne puis-je faire ôter les ronces, les épines, Et des défauts sans nombre arracher les racines ? BOIL.

On dit, figurément et familièrement d'un homme qui demeure long-temps en visite dans une maison, ily veut prendre racine.

« Le fleuriste a un jardin dans le faubourg; » il y court au lever du soleil, et il en revient » à son coucher: vous le voyez planté, et qui a » pris racine au milieu de ses tulipes. » LA BR. On dit aussi figurément, jeter racine.

<<< Au milieu de tant de têtes et de fortunes >> abattues, nous demeurons fermes, comme si » le coup devoit toujours porter à côté de nous, » ou que nous eussions jeté ici-bas des racines >> éternelles. Plus vous différez, plus vous » jetez de profondes racines dans le crime. » MASSILLON.

RACONTER, v. a., conter, narrer une chose, soit vraie, soit fausse. Raconter une histoire, un fait. Il nous raconta ses voyages, ses combats. Raconter les particularités de quelque action. Raconter une chose en détail, avec toutes ses circonstances. Raconter sommairement, brièvement, fidèlement, naïvement, simplement. Raconter au vrai. Un tel historien raconte que.... J'ai ouï raconter cela à un tel.

« Je ne vous raconterai pas la suite trop for» tunée de ses entreprises.-Il faut que la prin» cesse nous raconte elle-même quelle nuit elle » passa dans cette attente. Quelle partie du » monde habitable n'a pas our les victoires du » prince de Condé et les merveilles de sa vie? » on les raconte partout. - On viendra étudier >> sur les lieux ce que l'histoire racontera du » campement de Piéton et des merveilles dont il, » fut suivi.-Ce que le prince commença ensuite » pour s'acquitter des devoirs de la religion, » mériteroit d'être raconté à toute la terre.» Racontoit-il quelques-unes de ces actions qui >> lavoient rendu si célèbre; on eût dit qu'il » n'en avoit été que le spectateur.-II racontoit » avec plaisir les services que son aïeul avoit >> rendus à Henri IV, de glorieuse mémoire.

» Il racontoit ses combats à ses amis, pour les >> exciter à gagner sur eux la même victoire. » FLÉCHIER.

» Le bon roi sera toujours grand, parce qu'il » l'est dans le cœur des peuples; les pères ra» conteront à leurs enfans le bonheur qu'ils » eurent de vivre sous un si bon maître. - Les » peuples raconteront jusqu'à la fin votre sagesse » et vos exemples.-Vous, ô mon Dieu! qui >> ne voulez pas que le pécheur raconte vos jus»tices, pourriez vous confier à des bras sacriDléges le soin de rétablir votre culte? » MASS.

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RADE, s: f, certaine étendue de mer, enfoncée dans les terres, qui est à l'abri de certains vents, et où les vaisseaux peuvent tenir à l'ancre. Cette rade est bonne. Les vaisseaux étoient

à la rade, en rade, se sont mis à la rade, se tiennent à la rade. La rade est mauvaise, n'est pas bien sûre.

RADIEUX, EUSE. adj., rayonnant, brillant. On s'en sert principalement en poésie. Son éclat radieux. Front radieux. DICT. DE L'ACAD.

Il n'en est pas ainsi de ces esprits frivoles
Qui, dans un vain sonnet, placés au rang des dieux,
Se plaisent à fouler l'Olympe radieux.

A l'autre banc, le prélat radieux,
Découvert au grand jour, attiroit tous les yeux.
BOILEAU.

Comme nn époux glorieux
Qui, dès l'aube matinale,
De sa conche nuptiale
Sort brillant et radieux.
Tout cède aux vives lumières
Du feu créé par les dieux,
Et des dons que nous étale
La richesse orientale,
L'or est le plus radieux.
Le jour le plus radieux
Va commencer d'éclore.
Pendant la courte durée
De cet âge radieux.

ROUSS.

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BOIL.

Un pédant, enivré de sa vaine science Croit qu'un livre fait tout, et que, sans Aristote, La raison ne voit goutte et le bon sens radote. à radouci le temps. RADOUCIR, v. a., rendre plus doux. La pluie

RADOUCIR, au figuré, apaiser. Radoucir quelqu'un; lu radoucir l'esprit.

SE RADOUCIR, v. pron. Le temps s'est bien radouci depuis peu. Il n'est plus si irrité, il commence à se radoucir. (Ces expressions sont du style familier)

.

RADOUCIR, IE, participe. Des tons radoucis. Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci que prend la médisance. Le prélat radouci veut se lever de table. BOIL. RAFFERMIR, v. a. (on ne pron. qu'un F dans ce mot et les suivans), rendre plus ferme. Le soleil, le beau temps a raffermi les chemins.

Il signifie figurément, remettre dans un état plus assuré: Le bon air a raffermi sa santé. Raffermir l'autorité. Son discours raffermit le courage des soldats. Le gain de cette bataille le raffermit sur le trône. Raffermir l'esprit à un homme inquiet.

>> C'est dans cette sainte maison que les deux >> reines venoient s'unir par la foi et par la » charité, plus étroitement qu'elles n'étoient » unies par le sang, et raffermir par leurs vœux » la paix, quand elle étoit chancelante. » Boss.

Il signifie aussi, affermir de plus en plus.

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RAFFERMISSEMENT, s. m., affermissement, ce qui remet une chose dans l'état de fermeté, de sûreté où elle étoit. Le raffermissement de l'autorité royale, de la santé.

RAFFINEMENT, s. m., extrême subtilité. Grand raffinement. Raffinement ridicule. Raffinement de politique, de spiritualité.

« Tous les raffinemens de la politique ont» ils jamais poussé si loin l'art de régner et » de conduire les peuples?-La candeur, la fi» délité, la crainte du Seigneur, voilà les voies » les plus sublimes et tous les raffinemens de la » piété des premiers chrétiens. Mais que sais»je, ô mon Dieu, si ces pieux excès de zèle et » de simplicité, ne vous honoroient pas da»vantage que tous les vains raffinemens de notre >> siècle. »>

MASS.

Les chagrins dévorans et l'infâme ruine,
Enfans infortunés de ses raffinemens,
Troublent l'air d'alentour de longs gémissemens.
(L'auteur parle de la chicane.,
RAFFINER, v. a., rendre plus fin, plus pur.
Raffiner le salpêtre. Raffiner le sucre.

BOIL.

Il est aussi neutre, et signifie, faire des recherches, des découvertes nouvelles Il a bien raffiné sur cette science. On a bien raffiné depuis peu sur les arts, sur la mécanique.

» Raffinez sur tous les plaisirs, subtilisez-les, » mettez les dans le creuset; de toutes ces trans» formations il n'en sortira et résultera jamais » que l'ennui... >> MASS.

Quand on parle de sauce, il faut qu'on y raffine. BOILEAU. RAFFINER, signifie aussi subtiliser. Il raffine sur tout. Raffiner sur le point d'honneur, sur la langue.

Mais vous qui raffinez sur les écrits des autres,
De quel œil pensez-vous qu'on regarde les vôtres ?
BOILEAU.

Il se met aussi avec le pronom personnel, et signifie, devenir plus fin. Le monde se raffine tous les jours. Le siècle s'est bien raffiné.

RAFRAÎCHIR, v. a., rendre frais, donner de la fraicheur. Rafraichir le vin, l'eau. Il est venu une petite pluie qui a rafraîchi fair, rafraichi le temps.

Par eux la fertile rosée
Tombant sur la terre embrasée,
Rafraichit son sein altéré.

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Rafraîchir le sang, signifie, le rendre plus calme par les remèdes ou par le régime. L'usage du lait lui a rafraichi le sang.

RAFRAICHIR, signifie quelquefois, réparer, remettre en meilleur état. Ainsi, rafraîchir un tableau, c'est lui rendre la vivacité des couleurs, en le nettoyant et en le vernissant; rafraichir une tapisserie, c'est la raccommoder aux endroits où elle est gâtée, et y repasser quelques couleurs.

On dit, en termes de guerre, rafraîchir des troupes, les faire rafraichir, pour dire, les rétablir par la bonne nourriture et par le repos.

On dit aussi, avec le pronom personnel, ces troupes se sont rafraîchies.

On dit, rafraichir une place d'hommes et de munitions, et simplement, rafraîchir une place, pour dire, faire entrer de nouvelles troupes et de nouvelles munitions dans une place.

On dit, de même en termes de marine, cette escadre, cette flotte a besoin d'être rafraichie, c'est-à-dire, de prendre des provisions fraîches.

RAFRAÎCHIR, se dit quelquefois dans le sens de rogner, couper. Ainsi l'on dit, rafraîchir les cheveux; rafraîchir le bord d'un chapeau; rafraichir un manteau; rafraîchir les bordures d'un parterre, la racine d'un arbre, etc., pour dire, couper l'extrémité des cheveux, l'extrémité du bord d'un chapeau, du tour d'un manteau, tondre les bordures d'un parterre, tailler la racine d'un arbre, etc.

faire

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Le temps se rafraichit. L'air se rafraîchit. Se rafraichir, signifie, boire un coup, collation, etc. Venez vous rafraichir. On dit, dans le même sens, faites rafraîchir vos gens, vos chevaux, etc.

RAFRAÎCHIR, est aussi neutre, et signifie, devenir frais. Tandis que le vin rafraichit.

RAFRAÎCHISSANT, ANTE, adj., qui rafraîchit, qui éteint la trop grande chaleur du corps.

Il se dit, en médecine, de certains remèdes propres à calmer l'agitation des humeurs. La laitue, le nénufar, etc., sont rafraichissans. En ce sens, il se prend aussi substantivement. Donner des rafraichissans à un màlade.

RAFRAÎCHISSEMENT, s. m., ce qui rafraîchit. Prendre du rafraichissement. Vous avez besoin de rafraichissement,

Il signifie aussi l'effet de ce qui rafraîchit. Cela vous procurera du rafraichissement. Cela vous causera trop de rafraichissement.

Il signifie figurément recouvrement de forces par le repos et par les bons traitemens. L'armée a besoin de rafraîchissement.

On appelle quartier de rafraîchissement, un lieu où les troupes fatiguées se rafraîchissent.

«Voilà ce que nous avons à donner à la reine, » des pleurs, des cris inutiles; je me trompe, >> nous avons encore ce saint sacrifice, rafraî » chissement de nos peines, expiation de nos >> ignorances et des restes de nos péchés.» Boss.

» Il me semble que je vois notre charitable >> duchesse, envoyer les secours et les rafraichis» semens nécessaires pour avancer le grand ou» vrage des missions. >> FLECH.

Il se dit au pluriel, des viandes, des liqueurs, des fruits et autres choses semblables, dont on régale un prince, un ambassadeur à son passage, à son arrivée; et de tous les vivres dont on rafraichit une place, une armée, des vaisseaux. L'ambassadeur fut régulé de divers rafraichissemens à son passage. Envoyer des rafraîchissemens

à des vaisseaux.

On dit aussi, dans le même sens, on a servi dans cette fête beaucoup de rafraichissemens. On dit, donner les rafraîchissemens, payer les rafraichissemens à une compagnie, pour, les lui faire servir et se charger du payement.

En termes de marine, on appelle rafraîchissemens, toutes sortes d'alimens frais, et différens de ceux qu'on porte en mer, qui sont ordinairement secs ou salés.

RAGE, s. f., délire furieux, souvent sans fièvre, qui revient ordinairement par accès. C'est la même chose que l'hydrophobie.

Cette maladie survient d'elle-même aux chiens et à quelques autres animaux, et non aux hommes; mais elle leur peut être communiquée par la morsure. Entre tous les animaux, le chien est le plus sujet à la rage. La rage s'est mise dans sa meute. Un chien qui a la rage ne sauroit souffrir l'eau. Accès de rage. Il faut le mener à la mer avant que la rage se déclare. Ecumer de rage.

si

RAGE, signifie figurément un violent et furieux transport de dépit, de colère. Exercer sa rage contre quelqu'un. Il a la rage dans le cœur. Il écume de rage. Il s'est emporté jusqu'à la rage. Il est dans une rage si grande, dans des rages grandes, que.... Evitez sa rage. Sa rage étoit au comble. Il dissimuloit sa rage. Sa rage alloit au point que... Ces phrases sont pour la plupart du style familier.

Il se dit aussi, figurément d'une cruauté excessive. Il a dompté par sa patience la rage des tyrans.

Boss.

«O Alger! dans ta brutale fureur tu te tour»nes contre toi-même, et tu ne sais comment » assouvir ta rage impuissante. » Je n'emporterai point une rage inutile. Madame, je sais trop à quel excès de rage La vengeance d'Hélène emporta mon courage. Le perfide triomphe, et se rit de ma rage.

Nos Grecs n'ont répondu que par un cri de rage.
Pour qui? pour une ingrate à qui je le promets,
Dont j'épouse la rage.

Transportés à la fois de douleur et de rage.
none, prends pitié de ma jalouse rage.
De rage et de douleur le monstre bondissant.
On lit dans ses regards sa fureur et sa rage.'
Vous n'êtes pas encore échappé de sa rage.
Prêtres saints, c'est à vous de prévenir sa rage.
Mathan, près d'Athalie, étincelant de rage.
(Voyez soupirer, passage, reprendre, retenue.)
Il distilla sa rage en ces tristes adieux.
De rage quelquefois, ne pouvant la trouver,
Triste, las et confus, je cesse d'y rêver.
Sans mentir, l'avarice est une étrange rage.
Alecto, peinte dans l'Énéide,
Soufflant sa rage au sein d'Amate et de Turaus.

RAC.

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Souffler son infecte rage

Contre le naissant ouvrage
Des mains de Deucalion!

Ces monstres pleins de rage.
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts,
La rage de tes flots expire sur tes bords.

ROUSS.

L. RAC.

RAILLER, v. a., plaisanter quelqu'un, le tourner en ridicule. Railler agréablement quelqu'un. Le railler adroitement. Il ne peut souffrir qu'on le raille. Railler délicatement, finement, grossièrement. On l'a fort raillé là-dessus.· Ainsi parle un esprit qu'irrite la satire, Qui, contre ses défauts, croit être en sûreté En raillant d'un censeur la triste austérité. Tel vous semble applaudir qui vous raille et vous joue. BOILEAU.

RAILLER, est aussi neutre; et alors il se dit tant des personnes que des choses. Railler de tout le monde. Railler de tout. Il raille des choses les plus saintes.

Il signifie aussi, quelquefois simplement; badiner, ne parler pas sérieusement. On ne sait s'il raille ou s'il parle sérieusement.

Mais quand il faut railler, j'ai ce que je souhaite.
Raillez plus à propos.

Railler d'an plaisant qui ne sait pas nous plaire, BOIL.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la même acception. Ne voyez-vous pas qu'il se raille? Vous vous raillez, je crois. Style familier.

Il signifie aussi, avec le pronom personnel se moquer. Il se raille de tout ce qu'on lui peut dire. C'est se railler du monde, que de faire de pareilles propositions.

RAILLERIE, s. f., action de railler, plaisanterie. Fine raillerie. Raillerie plaisante, agréable, obligeante, innocente, piquante, offensante. C'est une raillerie froide, méchante. Cette raillerie est trop forte. Il a tourné cela en raillerie.

<< Vous trouverez dans le fond de votre cœur » un secret orgueil qui vous fait dédaigner tous » les sages conseils; vous trouverez un esprit » de raillerie inconsidéré, qui naît par l'enjoue>> ment des conversations. >> Boss.

« Combien de railleries fait-on tous les jours » devant nous sur la religion? Nous ne les » trouvons pas mauvaises, peu s'en faut que >> nous ne les trouvions plaisantes. >> FLECH.

« Les railleries du maître, deviennent bientôt » des blasphêmes dans la bouche des courtiMASS.

» sans. >>

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On dit qu'un homme entend la raillerie, entend bien la raillerie, pour dire qu'il a la faci lité, l'art, le talent de bien railler; et qu'il entend raillerie, pour dire qu'il ne s'offense point de ce qu'on lui dit en raillant.

On dit aussi d'un homme exact qui ne pardonne pas les plus légers manquemens, qu'il n'entend point raillerie. Ne négligez pas ce qu'il vous a ordonné, il n'entend pas raillerie. Et en parlant d'un homme sensible et épineux sur certaines choses, on dit qu'il n'entend pas raillerie là-dessus.

RAILLEUR, EUSE, adj., porté à la raillerie. Esprit railleur. Humeur railleuse. Cet homme est trop railleur.

On dit aussi, discours railleur, paroles railleuses, ton railleur, pour dire, un discours plein de raillerie, des paroles dites pour railler, un ton de plaisanterie.

Il est aussi substantif, et signifie, qui aime à railler, qui raille souvent. Un agréable railleur. Un mauvais railleur. Un froid railleur. Un fade railleur. Une fine railleuse. DICT. DE L'ACAD. J'ai pourtant reconnu

BOIL.

Qu'à ce commun filet les railleurs même pris Ont eté très-souvent de commodes maris. RAISIN, s. m., le fruit de la vigne. Une grappe de raisin. Un grain de raisin. Cette vigne porte de beaux raisins. C'est un bon raisin que le chasselas, le muscat, etc. Du raisin muscat. Un raisin bien doux. Des raisins blancs. Des raisins noirs. Un panier de raisins, Raisins secs, cuits au four ou au soleil Pepin de raisin. Raisin de Damas. Raisin de Corinthe. Raisin de caisse. Raisin de cabas. Souvent ce n'est pas le meilleur raisin qui fait le meilleur vin. DICT. DE L'ACAD. De cette erreur dans peu naquirent plus de sectes, Qu'en automne on ne voit de bourdonnans insectes, Fondre sur les raisins nouvellement mûris.

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RAISON, s. f., faculté intellectuelle, par laquelle l'homme est distingué des bêtes. Dieu a donné la raison à l'homme, pour lui faire discerner le bien du mal, le vrai d'avec le faux. L'homme est capable de raison, est doué, pourvu de raison. L'usage de la raison n'est donné aux enfans qu'à un certain age. Il n'a pas encore l'usage de la raison. Il n'est pas encore en áge de raison. La raison humaine est bornée. Les mystères de la foi sont au-dessus de la raison. La raison humaine ne sauroit atteindre jusque-là. La raison nous est donnée pour nous conduire. Il faut que les passions soient soumises à la raison. S'il avoit consulté sa raison. Les lumières de la raison.

« L'ame devenue captive du plaisir, devient >> ennemie de la raison. La raison que Dieu a >> donnée à l'homme pour se conduire. » Boss. « La raison et la charité mûrirent tout d'un » coup en sainte Thérèse. La Cour est une » région de ténèbres où la raison est obscurcie

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1

« Les espaces immenses où la raison se con» fond Ces pensées de chair et de sang qui >> offusquent sa raison! Il se trouvoit des >> hommes qui enseignoient que la véritable » félicité de l'homme est dans les sens, un plus grand nombre la mettoient dans la raison.» Le spectacle seul du tombeau soulève les sens, >> trouble la raison. Il faut que l'homme >> adonné au vice éteigne ou abrutisse sa raison, » s'il veut conserver sa tranquillité.-Si les So>> crate et les Platon n'eussent pas entrepris en » vain de corriger les hommes par la force » seule de la raison, l'homme auroit pu faire » honneur de sa vertu à la supériorité de sa » raison, ou à la beauté de la vertu même. Ils soumirent leur raison orgueilleuse à » cette sainte folie. >> MASS.

))

L'amour toujours n'attend pas la raison.
Je viens de rappeler ma raison tout entière.
Je suis las d'écouter la raison.

J'étouffe dans mon cœur la raison qui m'éclaire. Rac.
Il est d'autres erreurs dont l'aimable poison
D'un charme bien plus doux enivre la raison.
Souvent de tous nos maux la raison est le pire.
Tout est pour son usage,

Et lui seul a, dis-tu, la raison en partage.
Il est vrai de tout temps la raison fut son lot;
Mais de là je conclus que l'homme est le plus sot.
Venger la raison des attentats d'un sot.

Ils ne savent jamais que se charger de chaînes....
Et faire quereller les sens et la raison.
Mais nous que la raison à ses règles engage,
Nous voulons qu'avec art l'action se ménage.
Avant que la raison, s'expliquant par sa voix,
Eût instruit les humains, eût enseigné des lois,
Tous les hommes suivoient la grossière nature.
Et sa foible raison, de clarté dépourvue,
Pense
que rien n'échappe à sa débile vue.
Souffrez qu'enfin la raison vous éclaire.
Ce conseil où la raison domine.
(Voyez souple sucer.)

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BOIL.

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Et on dit, sa conduite est pleine de raison, pour dire qu'elle est pleine de bon sens et de

sagesse.

On dit dans le même sens, qu'un homme a perdu la raison; et la même chose se dit encore d'un homme qui a entièrement perdu le bon sens, et qui est tombé en démence.

On dit aussi qu'il n'y a point de raison à quelqu'un de se conduire comme il fait, pour dire que sa conduite est contre le bon sens.

Que fais-je! où ma raison se va-t-elle égarer ? RAC.

On appelle, en termes de logique, étre de raison, ce qui est impossible, ce qui implique contradiction. Un cercle carré est un étre de raison.

Il se dit aussi de ce qui n'est point réel, de ce qui n'existe que dans l'imagination. Une montagne d'or, un palais de diamans, sont des étres de raison.

RAISON, se prend aussi quelquefois pour tout ce qui est de devoir, de droit, d'équité, de justice. Se rendre, se mettre à la raison. Réduire quelqu'un à la raison, le ranger, l'amener, le mettre à la raison. La droite raison le veut. Il a raison. Il a quelque raison là-dessus. Ils prélendent tous deux avoir raison. C'est un homme qui se paye de raison. Vous n'avez pas raison de l'in-. quiéter. Cela est contre tout droit et raison, contre toute raison. Mettre la raison de son côté. Cel homme n'entend point raison. DICT. DE L'ACAD. « Une docilité toujours accessible à la raison. Faire valoir la raison non moins que l'au»torité. Défendre la raison. »

D

Boss.

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RAISON, signifie encore, satisfaction, contentement sur quelque chose qu'on demande, qu'on prétend. Il m'a offensé, j'en ai tiré raison. S'il m'a offensé, j'en demanderai raison, j'en aurai raison, il m'en fera raison. Il a tiré raison de cet affront. Je vous ferai avoir raison de vos prétentions. Faites-moi raison de la part que j'ai en cette succession. Il se plaint, je lui ferai raison par les voies d'honneur. Je vous demande raison de l'insolence de vos gens. Je ne saurois tirer raison de ce débiteur.

En ce sens on dit, se faire raison soi-même, pour dire, se faire rendre justice par force et de sa propre autorité. Il n'est pas permis de se faire raison soi-même.

On dit encore, demander raison, pour dire, demander à quelqu'un qu'il rende compte de quelque chose. On lui a demandé raison de sa conduite. DICT. DE L'ACAD.

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Dans tous les articles précédens, raison n'a point de pluriel.

« Il savoit rendre raison de sa foi. >> FLECH. « Rendez-nous raison des différens instincts >> des animaux. »>

MASS.

RAC.

Rendre raison du sang que j'ai versé. RAISON, signifie aussi, preuve par discours, par argument, et dans cette acception il a un pluriel. Grande, forte, puissante raison. Raison probable, demonstrative, décisive, péremptoire. Raison valable, convaincante, invincible. Foible raison. Raison frivole, fausse, plausible, spécieuse. Chercher, trouver, apporter des raisons. Donnez-nous de meilleures raisons. Il appuie son opinion de bonnes raisons, d'autorités et de raisons. Je me rends à vos raisons. Il m'a payé de bonnes raisons, de mauvaises raisons. Alléguer de bonnes raisons, DICT. DE L'ACAD.

« Tout ce qui a fin ne peut être long, et la >> raison en est évidente. » Boss.

a Écouter les raisons des parties. - Il discer

>> noit les raisons de la bonne cause d'avec les » préventions et les artifices de la mauvaise. >> FLÉCHIER.

« Comment pourrions-nous haïr et corriger » ceux de nos défauts que l'on loue, puisque » ceux que l'on censure trouvent encore au-de» daus de nous des raisons qui les défendent.. » On menace Pilate de l'indignation de César; » à cette raison, tous les droits les plus sacrés » s'évanouissent. » MASS.

La douleur est injuste; et toutes les raisons
Qui ne la flattent point aigrissent ses soupçons.
Dans ses égaremeus mon cœur opiniâtre
Lui prête des raisons, l'excuse, l'idolâtre.
J'oppose à ses raisons un courage inutile.
Ne m'importune plus de tes raisons forcées.
Je conçois vos raisons mieux que vous ne pensez.
Qu'a-t-il dit? se rend-il, Zaïre, à mes raisons ?
Par de feintes raisons je m'en vais l'abuser.

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RAISON, signifie aussi, sujet, cause, motif. Juste, grunde, bonne raison. Quelle raison avezvous d'en user comme vous faites? Il a fait cela sans raison. Je ne sais pas les raisons qu'il a eues d'entreprendre cette affaire. Chacun a sa raison ses raisons. Il y a raison de douter. DIC. DE L'AC. << La connoissance de ses devoirs lui servoit » de raison pour les accomplir. » FLÉCH.

Un simple dépit est souvent toute la ruison » qui nous arrache brusquement au siècle. >> Dien a ses raisons pour laisser ici-bas les ames » les plus justes daus un état toujours violent » et désagréable à la nature. » MASS.

Quelle raison subite
Presse votre départ ou plutôt votre fuite?
Les secrètes raisons qui m'amènent ici.
De ce refus bizarre où seroient les raisons?

RAC.

On dit, faire valoir ses raisons, pour dire, faire valoir ses prétentions.

Et, en style de notaire, on dit, droits, noms raisons, actions et prétentions, pour dire, tous les droits et toutes les prétentions d'une per-> sonne,

On dit, par comparaison du plus au moins, plus de sujet, par un motif d'autant plus fort. Si à plus forte raison, pour dire, avec d'autant l'on est obligé de faire du bien aux étrangers, à plus forte raison en doit-on faire à ses parens.

«Si la grace peut se former des cœurs fidèles jusques dans le palais des rois, elle peut s'en » former à plus forte raison dans le tumulte » du siècle, etc. »

MASS.

On appelle raison d'État, raison de famille, les considérations d'intérêt par lesquelles on se conduit dans un État, dans une famille. Le raison d'État n'a pas permis que.... C'est une raison de famille qui a fait faire ce mariage.

« Il alloit d'un pas intrépide où la raison » d'État le déterminoit. » Boss. RAISONNABLE, adj. des deux genres, qui L'homme est un animal ràisonnable. est doué de raison, qui a la faculté de raisonuer.

« A quoi es-tu réduite, ame raisonnable? Toi » qui étois née pour l'éternité et pour un objet inmortel, tu deviens éprise et captive d'une »fleur que le soleil dessèche. Vous voyez

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