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Masséna, liées à celles du général Sahuguet et au corps de blocus, eussent été plus que suffisantes pour lui en fermer le passage. Resserré entre l'Adige et l'armée française, privé de son pont de Legnago, dans l'impossibilité de se retirer sur Véronne, rejeté dans le marais formé par le Tartaro, il n'aurait eu de salut que dans une capitulation.

Le Général autrichien ayant gagné Mantoue avec une cavalerie assez nombreuse et 7 à 8 mille hommes d'infanterie, il était probable qu'il chercherait à tenir les dehors de la place, afin d'y faire entrer les subsistances, et notamment les fourrages dont il aurait besoin. On devait croire aussi qu'il conserverait ses communications libres, dans la vue d'aider aux efforts que l'on tenterait sans doute pour le délivrer. La présence d'un corps d'armée qui aurait eu Mantoue pour appui, bien qu'il se tînt sur la défensive, gênait trop l'armée française pour qu'on ne cherchât pas à rejeter l'ennemi dans ses murs. Bonaparte n'ignorait pas combien la position de cette ville est défavorable à une troupe qui veut en déboucher, et une fois qu'il aurait forcé son adversaire à y rentrer, il était sûr de le cerner avec moins de monde qu'il n'y en avait dans la place. Ces considérations le déterminèrent à

diriger toutes ses forces disponibles contre

Wurmser.

La division Augereau se mit en marche le 13 sur Mantoue en passant par Governolo, débouché important sur le Bas-Pô et le Seraglio, dont elle devait s'assurer, et où elle avait ordre de ramasser les partis que l'ennemi aurait jetés sur cette direction, et d'arrêter Wurmser lui-même dans le cas où il s'y porterait. Cette division devait se rabattre ensuite sur le faubourg SaintGeorges. Masséna se dirigea au centre sur Castellaro. D'un autre côté, Sahuguet se porta sur la Favorite; après un combat assez vif, où il obtint d'abord quelques succès, les Autrichiens ayant renforcé leur gauche, l'obligèrent à se retirer en abandonnant trois pièces de canon qu'il avait prises.

Treize bataillons et 24 escadrons autrichiens campaient hors de la place. La cavalerie impériale, fière de son nombre, inondait la campagne. Masséna voulant mettre un terme aux excursions de l'ennemi, chercha à le surprendre. Le 14 au matin, par un hasard assez heureux, les troupes légères autrichiennes, qui se gardent ordinairement avec tant de précautions, négligèrent cette fois leur service. Les Français arrivèrent jusqu'au camp sans être aperçus: la surprise fut complète; l'infanterie faisait la soupe; elle n'eut pas le temps de courir aux armes ; la ca

valerie était aux fourrages, dans la place. Tout semblait se réunir pour assurer aux Français une victoire complète; mais soit que l'avantgarde de Masséna ne fût pas suffisamment soutenue, soit qu'elle ne profitât pas avec assez d'impétuosité du premier moment de désordre et d'épouvante, les plus braves d'entre les offi ciers autrichiens rassemblèrent quelques bataillons et l'arrêtèrent. Dans le même instant le gé néral Ott sortait de Mantoue avec les escadrons qui revenaient du fourrage. La cavalerie impé riale ne voyant que le danger, jeta ses trousses, et sans s'apercevoir qu'elle était à cheval sans selle, chargea les Français avec impétuosité. Ceux-ci ne purent résister à la violence du choc, et évacuèrent le camp en désordre. Masséna qui n'avait pas assez de forces sur ce point pour résister long-temps à tout le corps de Wurmser, eut beaucoup de peine à rallier ses troupes. Sans la bonne contenance du 20e. de dragons, qu'amena heureusement le général Kilmaine, il eût éprouvé un échec bien plus sensible.

Ces combats qui, dans la réalité, n'étaient que des échaufourées, inspirèrent une confiance présomptueuse aux Autrichiens, et ce n'était pas un mal, on désirait les engager à une affaire sérieuse hors de la place. L'arrivée de la division Augereau fournit bientôt l'occasion de le faire avec succès. (Pl. xxxi et xxxII).

La division Masséna avait pris, dans la nuit, une position rétrograde vers Due Castelli. Le 15 au matin, les Autrichiens, enhardis par leurs succès de la veille, avaient fait sortir toute la garnison, avec l'intention d'entreprendre un grand fourrage. Ils occupaient la Favorite et Saint-Georges; leur ligne appuyait sa droite à la route de Legnago vers Motella, et la gauche vers Saint-Antoine,sur la route qui mène de Mantoue à Vérone; de nombreux escadrons couvraient leur front. L'armée française était en position comme il suit:

La division de blocus, aux ordres du général Sahuguet, composée des 12o. légère, 17o. et 69e. de ligne, et de 2 régimens de cavalerie, formant la droite, était à cheval sur la route qui conduit de la citadelle à Roverbella; elle devait attaquer la Favorite, et faire face aux troupes ennemies, qui s'appuyaient à la citadelle. La division Masséna, consistant dans les 18e. et 19e. légères, les 5e., 11., 18°. et 32o. de ligne, et dans plusieurs régimens de cavalerie, formait le centre à la hauteur de Due-Castelli; celle-ci était tellement masquée par les avant-postes, que l'ennemi croyait n'avoir affaire qu'au corps de blocus. La division Augereau, commandée commandée provisoirement par le général Bon, et destinée à former la gauche, était composée des 5e. légère, 4e. et 51o. de ligne et deux régimens de cavalerie. Cette dernière

ayant laissé un poste à Governolo, marchait sur

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Saint-Georges en longeant la rive gauche du Mincio par Formigosa, afin de tourner la droite de l'ennemi.

Le combat s'engagea vers midi; il ne fut pas d'abord très-sérieux. La division Augereau, dans sa marche, avait repoussé les corps autrichiens vers Castelletto. Dès que Wurmser fut instruit du mouvement de cette colonne qui menaçait sa droite, il crut que les démonstrations de Sahuguet, sur la gauche, n'étaient qu'accessoires, et que toute l'armée française débouchait du côté de Governolo. Il fit alors marcher son aile droite sur Tenca. Le combat commença à devenir plus vif sur ce point, et les Autrichiens y remportèrent des avantages que l'apparition prochaine de la division Masséna, sur le centre, devait bientôt changer en déroute. Dans le même instant où le général Lasalcette se portait avec vivacité entre la citadelle et la Favorite, le général Pigeon, qui avait passé par Villanova, tourna la plaine, où la cavalerie ennemie aurait pu manœuvrer, et chercha à couper la communication entre la Favorite et Saint-Georges. Ces mouvemens fixaient l'attention des Autrichiens sur leurs ailes, et les forçaient à dégarnir leur centre. Le Général français n'attendait que ce moment pour l'enfoncer. En effet, dès que la marche d'une partie des forces ennemies sur le général Bon fut prononcée, la division Masséna s'avança avec

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