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dant toute la journée, il venait d'opérer sa jonction avec Davidowich, qui avait des troupes nombreuses et fraîches; la position de Caliano, resserrée entre l'Adige et des montagnes à pic, forme une gorge d'environ 40 toises de largeur fermée par un village, un château élevé et une forte muraille qui s'étend depuis la rivière jusqu'à la montagne : toute l'artillerie des Autrichiens battait ce défilé. Il n'y avait pas de temps à perdre, le général Dammartin reçut l'ordre de faire avancer 8 pièces légères pour commencer la canonnade, et les plaça sur une position d'où il prit la gorge en écharpe. Le gé-' néral Pigeon passa avec quelques bataillons sur la droite, et 300 tirailleurs se jetèrent sur les bords de l'Adige pour engager la fusillade. Protégées par ces dispositions, trois demi-brigades' passèrent le défilé en colonnes serrées par bataillon les Impériaux, ébranlés par le feu nourri de l'artillerie et la hardiesse des tirailleurs, ne résistèrent pas au choc de ces colonnes : l'une gra vit des rocs presque inaccessibles, l'autre tourna le long de l'Adige. Davidowich pressé en flanc et de front, céda l'entrée de la gorge. Ce pas rétrograde imprima la terreur à toute sa ligne, qui' commença à se retirer en désordre. La cavalerie française en profita pour l'aborder, et fut soutenue dans cette charge par l'infanterie. Ce corps se sauva jusqu'à Trente, laissant sur la route

plusieurs milliers de blessés et de prisonniers.

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Dans la nuit du 4 au 5, la division Vaubois passa l'Adige et fit sa jonction. Masséna se remit à la poursuite de l'ennemi, et entra dans Trente le 5 septembre à 8 heures du matin, après avoir échangé quelques coups de canon avec l'arrièregarde.

Le Général en chef, instruit que Davidowich avait pris une position retranchée derrière le Lavis, d'où il aurait pu inquiéter la marche qu'il projetait dans les gorges de la Brenta, résolut de l'en chasser. Le succès de la première opération n'était certain qu'autant qu'on parviendrait à rejeter l'ennemi loin de l'entrée de ces gorges. Il importait donc, de profiter du temps où les trois divisions de l'armée se trouvaient encore ensemble, pour tenter ce coup de force, Bonaparte fit accélérer la marche de Vaubois, et se porta de sa personne à l'avant-garde, pour en diriger les attaques. L'on arriva devant la position à six heures du soir; elle était formidable: il fallait passer le Lavis sur un pont dont le débouché était fortement gardé : on se rappela Lodi, et ces obstacles, loin d'ébranler les soldats, les enflaumèrent du plus bouillant courage; toutefois l'avant-garde fut repoussée. Mais bientôt la tête de la division étant arrivée, Bonaparte ordonne une nouvelle attaque : le général Dallemagne passe le pont avec la 25e. demi-brigade,

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sous le feu de l'ennemi, retranché dans le village; le général Murat traverse la rivière à gué, à la tête d'un détachement du 10e. de chasseurs portant des fantassins en croupe. Davidowich ainsi menacé, se retire avec précipitation sur Salurn et Neumarek, avec perte de 300 prison

niers.

La division du général Augereau ayant rencontré, pendant ce temps, des difficultés insurmontables sur les hauteurs, redescendit dans la vallée de l'Adige, où elle reçut l'ordre de marcher sur Levico.

Tandis que Bonaparte exécutait si heureusement le premier acte de son entreprise, en accablant la droite de l'ennemi, et qu'il préparait contre sa gauche un coup non moins terrible, Wurmser prenait des mesures qui devaient accélérer sa perte. Informé de la marche des Français sur Roveredo, il calcula à sa manière lente et méthodique, les opérations que son adversaire exécuterait probablement contre Davidowich, et s'en tint au projet de marcher sur Mantoue, projet mal conçu dans le principe, et qui devenait encore plus dangereux depuis ·les échecs éprouvés par la droite de l'armée. Le 6 septembre, le général Mezaros, qui formait l'avant-garde, s'était avancé jusqu'à San-Olmo

au-delà de la Vicence, et poussait des postes jusqu'à Montebello; le Maréchal était encore à Bassano. Son entreprise qui eût été convenable, exécutée par toute l'armée, était une faute grave dès qu'il n'y employait que deux divisions; car cette manœuvre compromettait la gauche à Bassano si elle y était attaquée, et d'un autre côté, ce détachement de la moitié de l'armée dévenait inutile, si l'ennemi portait ses forces ailleurs. Le seul parti convenable lorsqu'on apprit le mouvement des Français dans la vallée de l'Adige, était de se décider sur-le-champ à rassembler l'armée, soit à Bassano, soit dans le Tyrol, pour agir ensuite selon les circonstances; toute autre mesure était contraire aux principes.

Wurmser crut, dit-on, se tirer d'embarras par un coup d'audace; mais l'audace qui n'est pas secondée par de bonnes combinaisons, est ordinairement funeste; le Maréchal en fit, dans cette occasion, une cruelle expérience.

Bonaparte adressa des proclamations menaçantes aux Tyroliens, dans la vue de les intimider; et lorsqu'il eut établi la division Vaubois dans une position d'observation sur le Lavis, pour contenir les débris de l'aile droite ennemie, il se rabattit par les gorges de la Brenta sur Bassano. La division Augereau s'était dirigée le 6 septembre de Levico sur Borgo de Val Sugana et Val Soivas; la division Masséna avait pris la

même direction depuis Trente: toutes deux continuèrent leur marche le lendemain au point da jour.

Une avant-garde de 3 bataillons de Croates, aux ordres du colonel Cavasini, couvrait la vallée de la Brenta, au passage important de Primolano. Le 7 au matin, l'infanterie légère du général Lanusse formant l'avant-garde de la division Augereau, rencontra ce corps autrichien qui s'était placé dans le village de Primolano, la gauche appuyée à la Brenta, et la droite à des montagnes à pic. Le général Augereau fait surle-champ ses dispositions; la 5e. demi - brigade légère attaque l'ennemi en tirailleurs, la 4°. de bataille marche droit à lui en colonnes serrées. Le village est emporté, et les Autrichiens se rallient dans le petit fort de Covolo, qui barre le chemin sur lequel il faut passer la 5e, demibrigade se porte sur la gauche du fort, et engage une vive fusillade dans le temps que 2 ou 300 hommes de la 4° passaient la Brenta et gagnaient les hauteurs de droite sur les derrières des Croates. Après une résistance assez vive, ils évacuèrent ce poste et cherchaient à effectuer leur retraite, lorsque le 5° régiment de dragons et un détachement du 10e. de chasseurs étant par venus à gagner la tête de colonne que l'infanterie harcelait en queue, les forcèrent à mettre bas les armes. Les Français prirent, dans cette occa

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