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CHAPITRE XXX I.

Le cabinet de Vienne envoie le général Lauer en Italie, avec un nouveau projet pour débloquer Mantoue, Wurmser veut s'y porter par le BasAdige, et commet toujours la faute de diviser ses forces. Bonaparte l'attaque dans son mouvement; combat de Roveredo; marche par les gorges de la Brenta; affaires de Bassano et de St.-Georges; Wurmser rejetté dans Mantoue y est investi; état intérieur de l'Italie; paix de Naples et conquête de la Corse.

L'armée autrichienne avait essuyé de grandes pertes mais le Tyrol lui offrait des ressources incalculables pour les réparer. Cette province n'était pas seulement importante par ses positions, qui facilitent, à chaque pas, à une armée inférieure en nombre, les moyens de se tenir sur la défensive, avec toutes chances de succès; l'esprit militaire de ses habitans, l'attachement qu'ils ont pour leurs foyers, leur dévouement à la Maison d'Autriche, qui leur a laissé de grands privilèges, étaient autant de motifs qui les portaient à prendre les armes

pour la soutenir; et ces dispositions assuraient aux armées impériales les moyens de se maintenir aux portes de l'Italie, en attendant qu'elles pussent reprendre l'offensive.

Bonaparte après l'arrivée des renforts qui recomplétèrent son armée, avait le plus grand intérêt à brusquer le dénouement de cette lutte, il résolut de porter à Wurmser des coups assez violens pour lui ôter les moyens de secourir Mantoue. Celui-ci ne tarda pas à lui offrir l'occasion de l'attaquer avec succès. Il s'était retiré à la suite des combats de Montebaldo, sur Alla, mais il ne s'y crut pas long-temps en sureté, car les attaques de la division Saint-Hilaire contre la brigade du prince de Reuss, et l'enlèvement des postes de la Rocca d'Anfo et de Lodrone, sur la rive occidentale du lac de Garda, lui faisant craindre que l'intention des Français ne fût de se porter à Trente, il abandonna sa position avec 40 mille hommes, de peur d'être tourné par quelques bataillons. (Pl. xxxi. )

L'armée impériale quitta donc Alla le 13 août pour prendre les positions suivantes : Le général Sebottendorf qui avait devancé l'armée, s'établit à Trente avec 5 bataillons et 4 escadrons; Mezaros prit poste à Levico, pour observer la vallée de la Brenta; Hohenzollern fut détaché avec un petit corps à Pontafel; le prince de Reuss retiré sur la rive gauche de la Sarrea, se liait avec le

géneral Laudon, qui tenait les passages de Ponte di Legno et du Tonal : les troupes revenues de l'expédition de Quasdanowich, étaient en communication avec le prince de Reuss vers Massenza, entre la Sarrea et la rive droite de l'Adige ; de son côté, le général Davidowich se retira par la rive gauche sur Trente, poussant son avantgarde aux ordres de Wukassowich, à Matarelle; toute la cavalerie campa en arrière de la ville de Trente enfin les postes de la droite, aux ordres du général Graffer, s'étendaient dans le Haut-Tyrol jusques vers Feldkirch et Reuty.

L'armée impériale garda ces positions jusqu'au 18 août. Ce jour-là, Davidowich se porta de nouveau sur Roveredo et Wukassowich sur SanMarco. Les corps de milices tyroliennes, dont la force s'élevait à environ dix mille hommes, concoururent à l'occupation et à la défense de ces postes.

Il serait inutile de démontrer que ces dispositions, reposant sur le système de cordon, auraient exposé l'armée autrichienne à une défaite inévitable; aussi furent-elles bientôt remplacées par un projet offensif qui, à la vérité, ne fut pas conçu avec plus de génie, ni plus heureusement exécuté que le premier.

Le cabinet de Vienne attachant la plus grande importance à la conservation de Mantoue, et ne sachant à quoi il devait attribuer les revers

de ses armées, avait cru les réparer en nommant le général Lauer à l'emploi de chef d'état-major du maréchal Wurmser, et en le chargeant de nouvelles instructions pour délivrer la place. Le projet suivant fut alors arrêté.

Le général Davidowich devait rester en Tyrol avec 20 mille hommes, répartis en quatre corps défensifs; savoir:

Le général Graffer, dans le Haut-Tyrol avec.

Le général Laudon faisait face

.3500 hommes.

aux débouchés des Grisons.....2500
Le prince de Reuss, au nord
du lac de Garda..

..5500

Les généraux Wukassowich

et Sporck, à Roveredo.......8600

Outre ces forces il y avait un grand nombre de Tyroliens armés.

Le maréchal Wurmser avec les divisions Sebottendorf, Quasdanowich et Mezaros, fortes d'environ 26 mille hommes, devait descendre par les vallées de Sugana et de la Brenta sur Bassano, et chercher ensuite à s'emparer des ponts de Legnago, pour s'avancer sur Mantoue. Ce mouvement devait être secondé par Davidowich, chargé d'inquiéter les Français vers le Haut-Adige, et de déboucher du Tyrol sur les

derrières de leur ligne de défense, dans le cas où ils porteraient leurs forces contre la gauche de l'armée impériale. On espérait par ces manœuvres les forcer à quitter la contrée entre l'Adige et le Mincio, et rétablir les communications avec Mantoue, sans risquer de ba taille. Ce projet, comme on voit, était à peu près semblable à celui que le Maréchal avait formé un mois auparavant; il en avait tous les inconvéniens, sans offrir les mêmes avan. tages, aussi n'aurait-il pas mieux réussi que le précédent, quand bien même les Français n'eussent pas arrêté son exécution dès le pre mier pas.

Aussitôt que le Général en chef fut instruit des préparatifs et des mouvemens que les Autrichiens faisaient pour déboucher avec leur gauche dans la vallée de la Brenta; il se prépara à profiter de la faute que son adversaire commettait en disséminant ses forces. Celui qui avait formé le plan d'isoler les armées AustroSardes à Montenotte, et qui avait si bien tiré parti de la séparation des corps Autrichiens à Lonato et Castiglione, pouvait-il laisser échapper une si belle occasion d'appliquer les mêmes principes?

Bonaparte n'ignorait pas que les Autrichiens, outre l'inconvénient de leur position morcelée, auraient encore le désavantage de placer entre

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