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L'aile gauche de l'armée de Sambre et Meuse quitta la Sieg quelque temps après. La division Bonnard passa à Bonn et à Cologne, sur la rive gauche du Rhin; celles de Lefèvre et de Collaud se retirèrent jusque derrière la Wupper, dans l'excellente position de Benrad et d'Obladen; cherchant à se maintenir sur ce point important de la rive droite du Rhin, afin de couvrir en même temps Dusseldorf, où l'on avait établi un grand camp retranché.

L'Archiduc partit quelques jours après avec les Saxons, le corps de Hotze et la réserve, pour s'opposer à la marche du général Moreau, qui avait passé le Rhin à Kehl, et menaçait la ligne importante du Danube.

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CHAPITRE XXVIII.

Opérations de l'armée de Rhin et Moselle jusqu'à son arrivée sur le Danube; affaires de Mutterstadt, de Kehl, de Renchen, de Rastadt, d'Ettlingen et de Neresheim.

Le plan des deux partis, pour cette campagne, la part que chaque armée devait y prendre, et l'armistice qui avait suspendu les hostilités sur le Rhin jusqu'au 21 et 31 mai (1), ont été déjà rapportés.

Pichegru étant soupçonné d'intelligence avec les émigrés, le Directoire lui ôta le commandement de l'armée du Rhin, pour le donner au général Moreau, qui avait commandé avec distinction une des divisions de l'armée du Nord, et dont la conduite, surtout à la bataille de Turcoing, donnait de justes espérances; le général Reynier fut nommé chef d'état-major. L'armée. réorganisée et recompletée à la faveur de l'ar

(1) On trouvera quelques répétitions, mais il est difficile de les éviter lorsqu'il s'agit d'exposer les opérations de plusieurs armées qui avaient un but commun.

mistice, occupait à peu près les positions sui

vantes :

1o L'aîle droite sur le Haut-Rhin, forte de 26 mille hommes, entre Hoerdt, Strasbourg et Huningue. (Les garnisons des places étaient comprises dans ce nombre.)

2o Le centre, aux ordres de Desaix, fort de 31 mille hommes, y compris la garnison de Landau, cantonnait entre Germersheim et Birckweiler, aux pieds des Vosges.

3° L'aile gauche aux ordres de Saint-Cyr, forte de 21 mille hommes, entre Alberswyler, Anweiler et Deux-Ponts.

L'armée autrichienne du Haut-Rhin était distribuée en 3 corps principaux, comme on l'a déjà remarqué par le tableau annexé au chapitre précédent. La droite, forte d'environ 20 mille hommes, dont 5 mille de cavalerie, était campée entre Otterberg et Kaiserslautern, d'où elle se liait avec l'archiduc Charles, campé vers Baumholder. Le centre, aux ordres de Starray, était organisé en deux corps : l'un, de 18 bataillons et 44 escadrons, gardait la Rehbach et le camp retranché de Muschbach; l'autre, de 8 bataillons et 12 escadrons, campait à Reingenheim et Manheim: ces deux corps comptaient 23 mille fantassins et 9500 chevaux. Plusieurs divisions, sous les ordres des généraux Frolich, Weczay, prince de Furstemberg, Stein, prince de Condé, Wolff, etc.,

gardaient le cours du Rhin depuis Philipsbourg à Basle; cette aîle gauche, commandée par le général Latour, et répandue en cordon, comptait 32 mille combattans, dont 7800 de cavalerie.

Ainsi, le fatal système des ligues morcelées avait déjà causé cent défaites, sans que l'expé rience eût corrigé les Généraux qui en avaient fait jusqu'alors une si malheureuse application. Cette armée imposante des impériaux sur le HautRhin se trouvait tellement dispersée, que les forces actives étaient réduites à 50 mille hommes répandus eux-mêmes sur une ligne très-étendue.

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Le gouvernement français avait résolu de longue main de porter le théâtre de la guerre au delà du Rhin. Les succès rapides de l'armée d'Italie, où la campagne s'était ouverte déjà depuis près de deux mois, donnaient lieu d'espérer qu'elle parviendrait en Autriche par les gorges du Tyrol et de la Carinthie: celle de Sambre et Meuse, ayant conservé ses ponts sur le Rhin à Dusseldorf, pouvait facilement se porter au-delà de ce fleuve ; mais l'armée de Rhin et Moselle, placée au centre et destinée à lier les opérations des deux premières, était obligée de tenter le passage à force ouverte, pour gagner rapidement le revers des montagnes noires, afin de se trouver sur le Danube assez tôt, et de marcher de front avec elles.

Ce passage étant résolu, tous les préparatifs

en furent disposés quelque temps avant la rupture de l'armistice.

Afin de donner le change à l'ennemi, on publia que l'armée resterait sur la défensive, et que celle de Sambre et Meuse aurait l'offensive durant toute la campagne. Pour croire à l'efficacité d'un tel moyen, il fallait avoir une bien mauvaise opinion de ses adversaires; car on ne devait pas imaginer que l'Archiduc eût assez peu de connaissance des règles de la guerre, pour supposer qu'une des deux armées occupant la ligne du Rhin, resterait paisiblement en Alsace, tandis que l'autre se jeterait seule au milieu des forces ennemies et au-delà d'un grand fleuve.

Cependant pour donner à ce bruit toute la probabilité dont il était susceptible, l'armée de Sambre-et-Meuse se mit la première en mouvement le 31 mai.

Le maréchal Wurmser ayant reçu un premier ordre de faire partir quelques troupes pour le Tyrol, les tira du Brisgau et les remplaça de proche en proche; ce mouvement, joint à la nouvelle que les Autrichiens rássemblaient un équipage de pont sur les hauteurs de Rheinweiler, et rapprochaient le corps de Condé de Neubourg et de Steinstadt, fit croire un instant qu'ils avaient l'intention de mettre à exécution les projets de la campagne précédente, sur la Haute-Alsace et la Franche-Comté. Cette dé

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