Corinne, ou, L'Italie, Volume 2

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Ledentu, H. Nicolle, 1819 - French fiction - 1148 pages
 

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Popular passages

Page 254 - ... manière effrayante. Les amphores sont encore préparées pour le festin du jour suivant ; la farine qui allait être pétrie est encore là; les restes d'une femme sont encore ornés des parures qu'elle portait dans le jour de fête que le volcan a troublé, et ses bras, desséchés, ne remplissent plus le bracelet de pierreries qui les entoure encore. On ne peut voir nulle part une image aussi frappante de l'interruption subite de la vie. Le sillon des roues est visiblement marqué sur les...
Page 3 - On se laisse cliarmer par nos douces paroles, de ruisseau limpide, de campagne riante, d'ombrage frais , comme par le murmure des eaux, et la variété des couleurs; qu'exigez-vous de plus de la poésie ? pourquoi demander au rossignol ce que signifie son chant?
Page 10 - ... point de vue est plus étendu que celui des Français qui ne savent pas les langues étrangères. Pourquoi ne se donnent-ils pas plus souvent la peine de les apprendre ? ils conserveraient ce qui les distingue, et découvriraient ainsi quelquefois ce qui peut leur manquer.
Page 225 - C'est là que commence véritablement le Midi : c'est là qu'il accueille les voyageurs avec toute sa magnificence. Cette terre de Naples, cette campagne heureuse, est comme séparée du reste de l'Europe, et par la mer qui l'entoure, et par cette contrée dangereuse qu'il faut traverser pour y arriver.
Page 259 - ... temps les plus reculés, pour tâcher de se figurer comment la terre, dans sa première jeunesse, apparaissait aux regards des hommes, et de quelle manière ils supportaient alors ce don de la vie que la civilisation a tant compliqué maintenant ; c'est un effort continuel de l'imagination, qui devine et découvre les plus beaux secrets que la réflexion et l'étude puissent nous révéler.
Page 88 - L'âme s'élève par cette contemplation à des espérances pleines d'enthousiasme et de vertu ; car la beauté est une dans l'univers, et, sous quelque forme qu'elle se présente, elle excite toujours une émotion religieuse dans le cœur de l'homme. Quelle poésie que ces visages où la plus sublime expression est pour jamais fixée, où les plus grandes pensées sont revêtues d'une image si digne d'elles ! Quelquefois un sculpteur ancien ne faisait qu'une statue dans sa vie, elle était toute...
Page 139 - Enfin on pourrait dire que c'est une langue qui va d'elle-même , exprime sans qu'on s'en mêle , et paraît presque toujours avoir plus d'esprit que celui qui la parle. Il n'ya ni luxe ni bon goût dans la fête du carnaval; une sorte de pétulance universelle la fait ressembler aux bacchanales de l'imagination, mais de l'imagination seulement; car les Romains sont en général très-sombres , et même assez sérieux, les derniers jours du carnaval exceptés.
Page 175 - Il ne pouvait supporter l'émotion de plaisir que donnent les chefs-d'œuvre, quand il n'était pas avec Corinne ; il ne se pardonnait le bonheur que lorsqu'il venait d'elle ; la poésie, la peinture, la musique, tout ce qui embellit la vie par de vagues espérances lui faisait mal partout ailleurs qu'à ses côtés. C'est le soir, et avec les lumières presque éteintes, que les prédicateurs à Rome se font entendre pendant la semaine sainte dans les églises1. Toutes les femmes alors sont...
Page 226 - Romains régnent seuls à travers les siècles, et malgré les peuples qui les ont vaincus. Toute la montagne qui domine Terracine est couverte d'orangers et de citronniers qui embaument l'air d'une manière délicieuse. Rien ne ressemble , dans nos climats , au parfum méridional des citronniers en pleine terre : il produit sur l'imagination presque le même effet qu'une musique mélodieuse ; il donne une disposition poétique, excite le talent et l'enivre de la nature.
Page 173 - Paolo. Les moines de ce couvent sont soumis à des pratiques moins sévères, et leur jardin domine toutes les ruines de l'ancienne Rome. On voit de là le Colisée, le Forum, tous les arcs de triomphe encore debout, les obélisques, les colonnes. Quel beau site pour un tel asile ! Les solitaires se consolent de n'être rien, en considérant les monuments élevés par tous ceux qui ne sont plus.

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