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quand il a pu terminer sa phrase par un trait. Voyez-vous celui-là rougir du triomphe de son adversaire, et se dépiquer par une épigramme qui en attire une autre chacun d'eux paraît un Achille en attaquant et n'est qu'un Thersite en se défendant. Iei le prix du vainqueur n'est jamais en proportion de la honte du vaincu. Jeu d'amourpropre, jeu dispendieux, que celui dont les bénéfices ne peuvent jamais égaler les pertes, et où les joueurs neve s'amusent pas plus que les spectateurs.

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Voilà le jeu qui, non-moins funeste : que celui de la bouillote, a perdu la conversation en France. Les gens d'esprit d'aujourd'hui n'ont point assez d'assurance pour compter sur euxmêmes; ils ont besoin du suffrage des autres et ils font, pour le conquérir, m plus d'efforts qu'il n'en faudrait pour le t mériter; ils veulent briller à tout prix, ils cherchent le trait, et leur convers sation a perdu tout le charme du na★ma turel.

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D'où je conclus que ce n'est pas parler, comme disent les Anglais, mais bien l'esprit qui gate la conversation.

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L'ART DE PERFECTIONNER

L'HOMME.

PERFECTIONNER l'homme est le résultat des lumières, de la civilisation et de l'heureuse alliance des principes religieux et de la philosophie; ce résultat ne s'accomplit' que lentement par des degrés insensibles; il est interrompu par les obstacles qui naissent des préjugés et des passions; mais si les progrès que l'esprit humain peut avoir faits sont quelquefois arrêtés, on ne le fait point rétrograder.

Un savant médecin, M. Virey, a pensé que c'était à la médecine qu'appartenait cet art de perfectionner l'homme,

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et il en a fait le sujet d'un ouvrage. 11 est curieux de le voir se transformer. en prédicateur, pour débiter les préceptes de sa médecine spirituelle et morale. Les préceptes d'hygiène qu'il donne sont absolument ceux qui dirigeaient les Pères du Désert. Voulez-vous adoucir, modifier, morigéner. vos passions ? M. Virey ne connaît pas s d'autre moyen que la solitude, la méditation, le jeune, les mortifications, une guerre éternelle faite à la chair. Les conséquences de tous ses raisonnemens le ramènent toujours à cette recette; il y revient, comme le malade imaginaire revient à la saignée, aux purgations, aux clystères. aub

«L'Eglise, dit-il, n'a pas négligé ellemême d'unir les pratiques d'hygiène avec celle de la religion, soit pour tempérer la barbarie des moeurs, soit afin de mieux disposer les hommes à la vie spirituelle et civilisée. Elle institue des jours maigres avant ses fêtes, des jeûnes solennels, comme le carême; ell prescrit dans les ordres religieux une

vie austère, chaste, sobre, des veilles des macérations pour atténuer le corps, pour réfréner les sens et les passions; elle recommande la méditation, afin d'exercer l'âme aux pensées élevées, et aux vertus pour lesquelles la seule volonté est insuffisante. »

M. Virey se montre grand ennemi des jouissances corporelles, que de fort honpêtes gens et de tres-bons chrétiens n'ont pourtant pas toujours dédaignées. L'homme, à son avis, ne peut se perfectionner qu'en méprisant son corps autant que du fumier; et qu'en élevant ses facultés intellectuelles sur la ruine des facultés animales et des affections "du cœur.

9. Et cela, parce que l'âme est dans la pensée, centre rayonnant qui, semblable à une lampe éternelle, illumine l'homme dans les sentiers de la vie; parce que la Providence établit partout des contre-poids; parce que la politique n'est qu'un instrument dont cette sagesse éternelle dispose; parce que plus

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la faculté de sentir est active, plus celle de réfléchir et de penser se détériore parce que la mort est accompagnée de douceur, de tranquillité bienheureuse, de volupté incomparable; parce que le principe des biens qui rattachent l'homme à la vie sociale, est placé dans les communications vitales; parce que l'âme offre le principe interne et imma→ tériel des organes; parce qu'elle est l'homme même, quand la chair, les os, les humeurs, sont des parties, non de P'homme, mais du globe terrestre, parce qu'elle organise le foetus dans le sein maternel; parce qu'elle dirige les esprits vitaux où il convient qu'ils se rendent; parce qu'elle est susceptible d'un état d'illumination, degré plus éminent que le pressentiment; enfin, parce qu'il est possible qu'elle s'élève jusqu'à létat de vision, comme celle de Jacob, qui cons empla des milliers d'anges montant et descendant, en se jouant, sur une échelle qui communiquait de la terre au ciel, et comme celle de Sainte-Thérèse,

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