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Sachez écouter, et vous 'tirerez parti de ceux même qui parlent mal.

Ceux qui sont avares de la louange prouvent qu'ils sont pauvres en mérite.

Je fais plus de cas de l'abeille qui tire du miel des fleurs, que de la femme qui en fait des bouquets.

Quand mon serviteur bat mes habits, ce n'est pas sur moi qu'il frappe: il en est de même de celui qui me reproche les accidens de la nature ou de la fortune.

"Il n'en est pas de l'esprit comme d'un vase: il ne faut pas le remplir jusqu'aux bords.

L'équitation est ce qu'un jeune prince apprend le mieux, parce que son cheval ne le flatte pas.

Celui qui affecte de dire toujours comme vous dites et de faire toujours comme vous faites, n'est pas votre ami; c'est votre ombre.

Le caméléon prend toutes les couleurs, excepté le blanc: le flatteur imite tout, excepté ce qui est bien.

Le flatteur ressemble à ces mauvais peintres qui ne savent pas rendre la beauté des traits, mais saisissent parfaitement les difformités.

Il y a des hommes qui, pour fuir les voleurs ou le feu, se jettent dans un précipice: il en est de même de ceux qui, pour éviter la superstition, se jettent dans le triste et odieux système de l'athéisme, passant ainsi d'un extrême á l'autre, et laissant la religion qui est au milieu.

L'endurcissement dans le crime 10pourrit le cœur; comme la rouille pourrit le fer.

1tirer parti, to derive benefit. faire cas de, to value. 3en, with them. 4battre. il en est de même de, it is thus with. il n'en est pas de, it is not with. le mieux, best. savoir. il y a, there are. 10pourrit, wears upon.

DESCRIPTIVE PIECES AND IMAGES.

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SECTION I.

MAGNIFICENCE OF NATURE.

Une lumière pure, s'étendant de l'orient au couchant, dore successivement les hémisphères de ce globe; un élément transparent et léger l'environne; une chaleur douce et féconde anime, 'fait éclore tous les germes de vie; des eaux vives et salutaires servent á leur entretien, à leur accroissement; des éminences distribuées dans le milieu des terres arrètent les vapeurs de l'air, rendent ces sources intarissables et toujours nouvelles; des cavi tés immenses, faites pour les recevoir, partagent les continens l'étendue de la mer est aussi grande que celle de la terre; ce n'est point un élément froid et stérile c'est un nouvel empire aussi riche, aussi peuplé que le premier. La nature est le trône extérieur de la magnificence divine; l'homme qui la contemple, qui l'étudie s'élève par degrés au trône intérieur de la toute puissance; fait pour adorer le créateur, il commande à toutes les créatures; vassal du ciel, roi de la terre, il l'ennoblit, le peuple et l'enrichit; il établit entre les êtres vivans l'ordre, la subordination, l'harmonie; il embellit la nature même, il la cultive, l'étend et la polit en élague le chardon et la ronce, 1y multiplie le raisin et la rose. BUFFON.

faire, to cause to. 2toute puissance, Omnipotence. Ben, from it. y, in it, there, on it, &c.

ON MAN.

Tout marque dans l'homme, même à l'extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivans; il se 'soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête

regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité; l'image de l'âme y est peinte par la physionomie; l'excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d'un feu divin les traits de son visage; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin, et semble la dédaigner; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d'appui à la masse de son corps sa main ne doitpas fouler la terre, et perdre par des frottemens réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourroit nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens.

Lorsque l'âme est tranquille, toutes les parties du visage sont dans un état de repos; leur proportion, leur union, leur ensemble, marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l'intérieur; mais lorsque l'âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d'énergie, où chaque mouvement de l'âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l'impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle et rend au-dehors par des signes pathétiques les images de nos secrètes agitations.

C'est surtout dans les yeux qu'elles se peignent et qu'on peut les reconnoître: l'œil appartient à l'âme plus qu'aucun autre organe; il semble y toucher et participer à tous ses mouvemens; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvemens les plus doux et les sentimens les plus délicats; il les rend dans toute leur force dans toute leur pureté, tels qu'ils viennent de naître; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l'action, l'image de celle 'dont ils partent; l'œil reçoit et réfle hit en même temps la lumière de la pensée et la

chaleur du sentiment; 'c'est le sens de l'esprit et la langue de l'intelligence.

BUFFON,

'Soutenir. peindre. 3peindre. dont, from which. 'c'est, it is.

SECTION II.

THE ELYSIAN FIELDS.

Télémaque s'avança vers ces rois, qui étoient dans des bocages odoriférans, sur des gazons toujours renaissans et fleuris: mille petits ruisseaux d'une onde pure arrosoient ces beaux lieux et y faisoient sentir une délicieuse fraîcheur: un. nombre infini d'oiseaux faisoient résonner ces bocages de leurs doux chants. On voyoit tout ensemble les fleurs du printemps qui naissoient sous les pas avec les plus riches fruits de l'automne qui pendoient des arbres. Là jamais on ne ressentit les ardeurs de la furieuse canicule; là jamais les noirs aquilons n'osèrent souffler, ni faire sentir les rigueurs de l'hiver. Ni la guerre altérée de sang, ni la cruelle envie qui mord d'une dent venimeuse et qui porte des vipères entortillées dans son sein et autour de ses bras, ni les jalousies, ni les défiances, ni la crainte, ni les vains désirs, n'approchent jamais de cet heureux séjour de la paix. Le jour n'y finit point; et la nuit, avec ses sombres, voiles, y est inconnue; une lumière pure et douce se répand autour des corps de ces hommes justes, et les environne de ses rayons comme d'un vêtement. Cette lumière n'est point semblable à la lumière sombre qui éclaire les yeux des misérables mortels, et qui n'est que ténèbres; c'est plutôt une gloire céleste qu'une lumière: elle pénètre plus subtilement les corps les plus épais, que les rayons du soleil ne pénètrent le plus pur crystal: elle n'éblouit jamais; au contraire, elle fortifie les yeux et porte dans le fond de l'âme je ne sais quelle sérénité: c'est d'elle seule que les hommes bienheureux sont nourris; elle sort d'eux et elle y entre; elle les pénètre et s'incorpore à eux comme les alimens s'incorporent à nous. Ils la voient, ils la sentent, ils la respirent;

elle fait naître en eux une source intarissable de paix et de joie ils sont plongés dans cet abyme de délices comme les poissons dans la mer; ils ne veulent plus rien; ils ont tout sans rien avoir, car ce goût de lumière pure apaise la faim de leur cœur; tous leurs désirs sont rassasiés, et leur plénitude les élève au dessus de tout ce que les hommes vides et affamés cherchent sur la terre: toutes les délices qui les environnent ne leur sont rien, parce que le comble de leur félicité, qui vient du dedans, ne leur laisse aucun sentiment pour tout ce qu'ils voient 5de délicieux audehors; ils sont tels que les Dieux, qui, rassasiés de nectar et d'ambroisie, ne daigneroient pas se nourrir des viandes grossières qu'on leur présenteroit à la table la plus exquise des hommes mortels. Tous les maux s'enfuient loin de ces lieux tranquilles: la mort, la maladie, la pauvreté, la douleur, les regrets, les remords, les craintes, les espérances même qui coûtent souvent autant de peines que les craintes, les divisions, les dégoûts, les dépits, ne peuvent y avoir aucune entrée. FENELON.

voir. 2naître. je ne sais quelle, a certain. A latin phrase, nescio quid. fait naître en eux, gives rise in them to. de, which is.

THE INFERNAL REGIONS.

Aussitôt Télémaque s'avance 1à grands pas; il voit de tous côtés voltiger les ombres, plus nombreuses que les grains de sable qui couvrent les rivages de la mer; et, dans l'agitation de cette multitude infinie, il est saisi d'une horreur divine, observant le profond silence de ces vastes lieux. Ses cheveux se dressent sur sa tête quand il aborde le noir séjour de l'impitoyable Pluton; il sent ses genoux chancelans; la voix lui manque; et c'est avec peine qu'il peut prononcer au Dieu ces paroles: vous voyez, ô terrible Divinité, le fils du malheureux Ulysse; je viens vous demander si mon père est descendu dans votre empire, ou s'il est encore errant sur la terre.

Pluton étoit sur un trône d'ébène; son visage étoit pâle et sévère, ses yeux creux et étincelans, son front ridé et

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