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voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes; mais tu ne l'as pas voulu!» Du haut d'une colline, jetant les yeux sur cette ville condamnée pour ses crimes, à une horrible destruction, il ne put retenir ses larmes : Il vit la cité, dit l'Apôtre, et il pleura! Sa tolérance ne fut pas moins remarquable, quand ses disciples le prièrent de faire descendre le feu sur un village de Samaritains qui lui avait refusé l'hospitalité: Il répondit avec indignation: Vous ne savez pas ce que vous demandez !

Si le Fils de l'Homme était sorti du ciel avec toute sa force, il eût eu sans doute peu de peine à pratiquer tant de vertus, à supporter tant de maux; mais c'est ici la gloire du mystère : le Christ ressentait des douleurs; son cœur se brisait comme celui d'un homme; il ne donna jamais aucun signe de colère que contre la dureté de l'ame et l'insensibilité. Il répétait éternellement : Aimez-vous les uns les autres. Mon père, s'écriait-il sous le fer des bourreaux, par

donnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Prêt à quitter ses disciples bien-aimés, il fondit tout à coup en larmes ; il ressentit les terreurs du tombeau, et les angoisses de la croix une sueur de sang coula le long de ses joues divines; il se plaignit que son père l'avait abandonné. Lorsque l'ange lui présenta le calice, il dit : O mon Père! fais que ce calice passe loin de moi; cependant, si je dois le boire, que ta volonté soit faite. Ce fut alors que ce mot, où respire la sublimité de la douleur, échappa à sa bouche: Mon ame est triste jusqu'à la mort. Ah! si la morale la plus pure et le cœur le plus tendre, si une vie passée à combattre l'erreur et à soulager les maux des hommes, sont les attributs de la Divinité, qui peut nier celle de Jésus-Christ? Modèle de toutes vertus, l'amitié le voit endormi dans le sein de saint Jean, ou léguant sa mère à ce disciple; la charité l'admire dans le jugement de la femme adultère partout la pitié le trouve bénissant les pleurs de l'infortuné; dans son amour

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pour les enfants, son innocence et sa candeur se décèlent; la force de son ame brille au milieu des tourments de la croix, et son dernier soupir est un soupir de miséricorde.

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CHAPITRE II.

CLERGÉ SÉCULIER.

HIERARCHIE.

LE Christ, ayant laissé ses enseignements à ses disciples, monta sur le Tabor, et disparut. Dès ce moment, l'Église subsiste dans les apôtres : elle s'établit à la fois chez les Juifs et chez les Gentils. Saint Pierre, dans une seule prédication, convertit cinq mille hommes à Jérusalem, et saint Paul reçoit sa mission pour les nations infidèles. Bientôt le prince des apôtres jette dans la capitale de l'Empire romain les fondements de la puissance ecclésiastique'. Les premiers Césars régnaient encore, et déjà circulait au pied de leur

1. Voyez la note 3 à la fin du livre.

trône, dans la foule, le prêtre inconnu qui devait les remplacer au Capitole. La hiérarchie commence; Lin succède à Pierre, Clément à Lin : cette chaîne de pontifes, héritiers de l'autorité apostolique, ne s'interrompt plus pendant dix-huit siècles, et nous unit à Jésus-Christ'.

Avec la dignité épiscopale, on voit s'établir dès le principe les deux autres grandes divisions de la hiérarchie, le sacerdoce et le diaconat. Saint Ignace exhorte les Magnésiens « à agir en unité avec leur évêque qui tient la place de Jésus-Christ, leurs

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prêtres qui représentent les apôtres, et « leurs diacres qui sont chargés du soin « des autels'. » Pie, Clément d'Alexandrie, Origène et Tertullien confirment ces degrés 3.

Quoiqu'il ne soit fait mention, pour la

1. Voyez la note 4 à la fin du livre.

2. Ignat. Ep. ad Magnes., n. 6.

3. Pius, ep. 11. Clem. Alex. Strom., lib. ví, pag. 667. Orig. Hom. II, in num. Hom. in cantic. Tertull. De Monogam., c. xi. De Fuga, 41. De Baptismo, c. XVII.

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