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non, que déjà des Religieux exilés sur ces ruines fameuses, nouveaux dieux hospitaliers, attendaient l'antiquaire et l'artiste. Les savants demandaient ce qu'était devenue la ville de Cécrops; et il y avait à Paris, au noviciat de SaintJacques, un Père Barnabé, et à Compiègne un Père Simon, qui auraient pu leur en donner des nouvelles : mais ils ne faisaient point parade de leur savoir; retirés au pied du crucifix, ils cachaient dans l'humilité du cloître ce qu'ils avaient appris, et surtout ce qu'ils avaient souffert pendant vingt ans au milieu des débris d'Athènes.

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Les Capucins français,» dit la Guilletière,

« que

qui ont été appelés à la mission de la Morée « par la congrégation de Propaganda Fide, « ont leur principale résidence à Napoli, à cause les galères des beys y vout hiverner, et qu'elles y sont ordinairement depuis le mois « de novembre jusqu'à la fête de saint George, qui est le jour où elles se remettent en mer : « elles sont remplies de forçats chrétiens qui << ont besoin d'être instruits et encouragés, et

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c'est à quoi s'occupe avec autant de zèle que « de fruit le Père Barnabé de Paris, qui est pré«sentement supérieur de la mission d'Athènes et de la Morée. >>

« Mais si ces Religieux, revenus de Sparte et d'Athènes, étaient si modestes dans leurs cloîtres, peut-être était-ce faute d'avoir bien senti ce que la Grèce a de merveilleux dans ses souvenirs? Peut-être manquaient-ils aussi de l'instruction nécessaire? Écoutons le Père Babin, jésuite nous lui devons la première relation que nous ayons d'Athènes :

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« Vous pourriez, » dit-il,» trouver dans plusieurs livres la description de Rome, de Constantinople, de Jérusalem et des autres villes les

plus considérables du monde, telles qu'elles « sont présentement; mais je ne sais pas quel « livre décrit Athènes telle que je l'ai vue, et « l'on ne pourrait trouver cette ville, si on la << cherchait comme elle est représentée dans « Pausanias et quelques autres anciens auteurs; <«< mais vous la verrez ici au même état qu'elle « est aujourd'hui, qui est tel, que parmi ses « ruines elle ne laisse pas pourtant d'inspirer « un certain respect pour elle, tant aux per<< sonnes pieuses qui en voient les églises, qu'aux « savants qui la reconnaissent pour la mère des sciences, et aux personnes guerrières et géné« reuses qui la considèrent comme le champ de «Mars et le théâtre où les plus grands conqué<< rants de l'antiquité ont signalé leur valeur, et

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leur

<< ont fait paraître avec éclat leur force, « courage et leur industrie; et ces ruines sont « enfin précieuses pour marquer sa première noblesse, et pour faire voir qu'elle a été au«trefois l'objet de l'admiration de l'univers.

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« Pour moi, je vous avoue que d'aussi loin « que je la découvris de dessus la mer, « des lunettes de longue vue, et que je vis quan«tité de grandes colonnes de marbre qui parais« sent de loin et rendent témoignage de son ancienne magnificence, je me sentis touché de « quelque respect pour elle. »>

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« Le missionnaire passe ensuite à la description des monuments: plus heureux que nous il avait vu le Parthenon dans son entier.

« Enfin cette pitié pour les Grecs, ces idées philanthropiques que nous nous vantons de porter dans nos voyages, étaient-elles done inconnues des Religieux ? Écoutons encore le Père Babin:

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Que si Solon disait autrefois à un de ses amis, en regardant de dessus une montagne «< cette grande ville et ce grand nombre de magnifiques palais de marbre qu'il considérait,

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« que ce n'était qu'un grand mais riche hôpital,

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rempli d'autant de misérables que cette ville

<«< contenait d'habitants, j'aurais bien plus sujet

« de parler de la sorte, et de dire que cette ville, <«< rebâtie des ruines de ses anciens palais, n'est

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plus qu'un grand et pauvre hôpital qui con«tient autant de misérables que l'on y voit de

«< chrétiens. >>

si

« On me pardonnera de m'être étendu sur ce sujet. Aucun voyageur avant moi, Spon excepté, n'a rendu justice à ces missions d'Athènes, intéressantes pour un Français. Moi-même je les ai oubliées dans le GÉNIE DU CHRISTIANISME. Chandler parle à peine du Religieux qui lui donna l'hospitalité, et je ne sais même s'il daigne le nommer une seule fois. Dieu merci, je suis au-dessus de ces petits scrupules. Quand on m'a obligé, je le dis; ensuite je ne rougis point pour l'art, et ne trouve point le monument de Lysicrates déshonoré parce qu'il fait partie du couvent d'un Capucin. Le chrétien qui conserve ce monument en le consacrant aux oeuvres de la charité, me semble tout aussi respectable que le païen qui l'éleva en mémoire d'une victoire remportée dans un chœur de musique.

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(Note du premier Éditeur.)

NOTE 2, page 222. Missions de la Chine.

LORD Macartney, malgré ses préjugés religieux et nationaux, rend un témoignage bien remarquable en faveur de nos missionnaires:

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« Les missionnaires partagent avec zèle un « soin si rempli d'humanité (celui de recueillir « les enfants exposés après leur naissance). Ils « sc hâtent de baptiser ceux qui conservent le moindre sigue de vie, afin, comme ils le disent, de sauver l'ame de ces êtres innocents. « Un de ces pieux ecclésiastiques, qui n'avait « nul penchant à exagérer le mal, avoue qu'à « Pékin on exposait chaque année environ deux « mille enfants, dont un grand nombre péris<< sait. Les missionnaires prennent soin de tous « ceux qu'ils peuvent conserver à la vie. Ils les « élèvent dans les principes rigoureux et fer« vents du christianisme, et quelques-uns de «< ces disciples se rendent ensuite utiles à leur religion, en travaillant à y convertir leurs compatriotes.

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« Les conversions s'opèrent ordinairement parmi les pauvres, qui, dans tous les pays, « composent la classe la plus nombreuse. Les

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«< charités que les missionnaires font, autant

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