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CHAPITRE IX.

FIN DES MISSIONS.

AINSI nous avons indiqué les voies que suivaient les différentes missions: voies de simplicité, voies de science, voies de législation, voies d'héroïsme. Il nous semble que c'était un juste sujet d'orgueil pour l'Europe, et surtout pour la France, qui fournissait le plus grand nombre des missionnaires, de voir tous les ans sortir de son sein des hommes qui allaient faire éclater les miracles des arts, des lois, de l'humanité et du courage, dans les quatre parties de la terre. De là provenait la haute idée que les étrangers se formaient de notre nation, et du Dieu qu'on y adorait. Les peuples les plus éloignés voulaient entrer en liaison avec nous; l'ambassadeur du

Sauvage de l'Occident rencontrait à notre Cour l'ambassadeur des nations de l'Aurore. Nous ne nous piquons pas du don de prophétie; mais on se peut tenir assuré, et l'expérience le prouvera, que jamais des savants, dépêchés aux pays lointains, avec les instruments et les plans d'une académie, ne feront ce qu'un pauvre moine, parti à pied de son couvent, exécutait seul avec son chapelet et son bréviaire.

ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

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NOTE 1, page 201.

L'AUTEUR, qui trace dans ce quatrième livre un tableau si complet des travaux de nos missionnaires dans l'Inde, à la Chine et en Amérique, s'était peu étendu sur les missions du Levant il s'est reproché cette omission dans l'Itinéraire de Paris à Jérusalem; et comme il nous paraît convenable que le Génie du Chrisiianisme renferme tout ce qui a rapport aux missions, nous avons pensé que le lecteur retrouverait ici avec plaisir le fragment de l'Itinéraire qui concerne les missions du Levant. Enfin, nous allâmes au couvent français rendre à l'unique religieux qui l'occupe la visite qu'il m'avait faite. J'ai déjà dit que le couvent de nos missionnaires comprend dans ses dépendances le monument choragique de Lysicrates. Ce fut à ce dernier monument que j'achevai de payer mon tribut d'admiration aux ruines d'Athènes.

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« Cette élégante production du génie des Grecs fut connue des premiers voyageurs sous le nom de Fanari ton Demosthenis. « Dans la maison qu'ont achetée depuis peu les Pères Capucins, dit le jésuite Babin, en 1672, « il y a une antiquité bien remarquable, et qui, depuis le temps de Démosthènes, est demeurée en son entier on l'appelle ordinairement la Lanterne de Démosthènes. »

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« On a reconnu depuis, et Spon le premier, que c'est un monument choragique élevé par Lysicrates dans la rue des Trépieds. M. Legrand en exposa le modèle en terre cuite dans la cour du Louvre, il y a quelques années; ce modèle était fort ressemblant seulement l'architecte, pour donner sans doute plus d'élégance à son travail, avait supprimé le mur circulaire qui remplit les entre-colonnes dans le monument original.

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« Certainement, ce n'est pas un des jeux les moins étonnants de la fortune que d'avoir logé un Capucin dans le monument choragique de Lysicrates; mais ce qui, au premier coup d'œil, peut paraître bizarre, devient touchant et respectable quand on pense aux heureux effets de nos missions, quand on songe qu'un Religieux français donnait à Athènes l'hospitalité à Chandler, tandis qu'un autre Religieux français secou

rait d'autres voyageurs à la Chine, au Canada, dans les déserts de l'Afrique et de la Tartarie.

« Les Francs à Athènes,» dit Spon, « n'ont que <«< la chapelle des Capucins, qui est au Fanari "ton Demosthenis. Il n'y avait, lorsque nous « étions à Athènes, que le Père Séraphin, très<< honnête homme, à qui un Turc de la garni«< son prit un jour sa ceinture de corde, soit par « malice, ou par un effet de débauche, l'ayant « rencontré sur le chemin du port Lion, d'où il «< revenait seul de voir quelques Français d'une « tartane qui y était à l'ancre.

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« Les Pères Jésuites étaient à Athènes avant «<les Capucins, et n'en ont jamais été chassés ; <«< ils ne se sont retirés à Négrepont que parce qu'ils y ont trouvé plus d'occupation, et qu'il «< y a plus de Francs qu'à Athènes. Leur hospice était presque à l'extrémité de la ville, « du côté de la maison de l'archevêque. Pour ce qui est des Capucins, ils sont établis à Athènes depuis l'année 1658, et le Père Simon acheta «le Fanari en 1669, y ayant eu d'autres reli

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gieux de son ordre avant lui dans la ville. »

« C'est donc à ces missions, si long-temps

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décriées, que nous devons encore, nos premières notions sur la Grèce antique. Aucun voyageur n'avait quitté ses foyers pour visiter le Parthé

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