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conscience, ne baptisait ses Nègres qu'à l'article de la mort, souvent même dans la crainte qu'ils ne revinssent de leur maladie, et qu'ils ne réclamassent ensuite, comme chrétiens, leur liberté, il les laissait mourir dans l'idolâtrie1: la religion se montre ici aussi belle l'avarice paraît

hideuse.

que

Le ton sensible et religieux dont les missionnaires parlaient des Nègres de nos colonies, était le seul qui s'accordât avec la raison et l'humanité. Il rendait les maîtres plus pitoyables, et les esclaves plus vertueux; il servait la cause du genre humain sans nuire à la patrie, et sans bouleverser l'ordre et les propriétés. Avec de grands mots on a tout perdu : on a éteint jusqu'à la pitié; car qui oserait encore plaider la cause des noirs, après les crimes qu'ils ont commis? Tant nous avons fait de mal! tant nous avons perdu les plus belles causes et les plus belles choses!

1. Hist. des Antilles, tom. II, p. 503.

Quant à l'histoire naturelle, le Père Dutertre vous montre quelquefois tout un animal d'un seul trait; il appelle l'oiseaumouche une fleur céleste; c'est le vers du Père Commire sur le papillon:

Florem putares nare per liquidum æthera.

<< Les plumes du flambant ou du flamant,» dit-il ailleurs, « sont de couleur incarnat : et, quand il vole à l'opposite du soleil, il paraît tout flamboyant comme un brandon de feu'. >>

Buffon n'a pas mieux peint le vol d'un oiseau, que l'historien des Antilles : « Cet oiseau (la frégate) a beaucoup de peine à se lever de dessus les branches: mais quand il a une fois pris son vol, on lui voit fendre l'air d'un vol paisible, tenant ses ailes étendues sans presque les remuer, ni se fatiguer aucunement. Si quelquefois la pesanteur de la pluie ou l'impétuosité des vents l'importune, pour lors il brave

1. Hist. des Antilles, tom. II, p. 268.

les nues, se guinde dans la moyenne région de l'air, et se dérobe à la vue des hommes'. >>

Il représente la femelle du colibri faisant son nid.

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Elle carde, s'il faut ainsi dire, tout le coton que lui apporte le mâle, et le remue quasi poil à poil avec son bec et ses petits pieds; puis elle forme son nid, qui n'est pas plus grand que la moitié de la coque d'un œuf de pigeon. A mesure qu'elle élève le petit édifice, elle fait mille petits tours, polissant avec sa gorge la bordure du nid, et le dedans avec sa queue.

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Je n'ai jamais pu remarquer en quoi consiste la becquée que la mère leur apporte, sinon qu'elle leur donne la langue à sucer, que je crois être tout emmiellée du suc qu'elle tire des fleurs. »

Si la perfection dans l'art de peindre

1. Hist. des Antilles, tom. II, p. 269.

consiste à donner une idée précise des objets, en les offrant toutefois sous un jour agréable, le missionnaire des Antilles a atteint cette perfection.

CHAPITRE VIII.

MISSIONS DE LA NOUVELLE-FRANCE.

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Nous ne nous arrêterons point aux missions de la Californie, parce qu'elles n'offrent aucun caractère particulier, ni à celles de la Louisiane, qui se confondent avec ces terribles missions du Canada, où l'intrépidité des apôtres de Jésus-Christ a paru dans toute sa gloire.

Lorsque les Français, sous la conduite de Champlain, remontèrent le fleuve SaintLaurent, ils trouvèrent les forêts du Canada habitées par des Sauvages bien différents de ceux qu'on avait découverts jusqu'alors au Nouveau-Monde. C'étaient des hommes robustes, courageux, fiers de leur indépendance, capables de raisonnement et de calcul, n'étant étonnés ni des

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