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mains de Scapin, Gélio vient , par ses plaintes , s'opposer à la vente, & déclarer clairement que fon pere n'en veut point. Le Docteur , instruit de l'artifice de Scapin , lui en fait des reproches : celui-ci lui persuade que tout ce qu'il a fait n'étoit que pour lui rendre service. Mon maître, lui dit-il, est amoureux de cette maudite esclave, je voulois la lui enlever pour qu'il fût tout entier à votre fille. Alors le Docteur, donnant dans un nouveau piège, prie Scapin d'acheter lui-même Turqueta , & lui remet l'argent. Gélio s'oppose encore au succès de cette ruse.

Enfin , arrive un Turc, qui , fachant que fa fæur est efclave sous le nom de Turqueta , vient la racheter. Il demande à Scapin la maison du marchand; Scapin lui dit hardiment qu'il parle au marchand lui-même. Le Turc remet la lettre d'avis , & le pouvoir qu'on lui a donné pour acheter l'esclave : Scapin lui dit qu'elle est à une maison de campagne , exhorte le Turc à l'aller joindre, &, après s'être déguisé, va lui - même avec la lettre d'avis retirer Turqueta. Gélio empêche Arlequin de la livrer, en disant que ce Turc peut être un fripon. Le véritable Turc revient. Pantalon connoîc Cassendre son pere , & répond de sa probité à Arlequin, qui lui livre Turquera. Elle demande quelques jours pour voir la ville avant son départ. Scapin suspend un écriteau d'hôtel garni sur la porte d'une maison dont il peut disposer : l'Etourdi vient tout gâter, Scapin met adroitement un pistolet à la ceinture du Turc, & veut le faire arrêter comme un perturbateur du repos public. Gélio le défend , & le fait évader. Comme il faut que la pièce finisse, Scapin se jette aux pieds de Pantalon, lui dit que son fils'est perdu s'il ne lui accorde Turqueta. Il féchit le vieillard, appelle son jeune maître, qui, de crainte de gâter encore ses affaires , prend la fuite. On court après lui: Scapin le faisit, le porte sur ses épaules ; & le force d'apa prendre son bonheur.

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Tout le monde peut voir, d'après .cet extrait, que Moliere en a pris presque tous les matériaux de la pièce. Il est des choses que je

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trouve meilleures dans l'original. L'aventure du Turc , qui vient tout naturellement avec une lettre d'avis retirer la seur d'esclavage, qui s'adresse précisément à l'homme qu'il doit le plus craindre , qui lui laisse entre les mains de quoi le tromper , & qui va ensuite à la campagne pour donner au fourbe le temps de lui nuire ; toutes ces choses, dis-je , ménagées ou arrangées par les fourberies de l'intrigant , me paroissent bien plus comiques que l’Egyptien de Moliere. Celui-ci est amoureux de l'erclave il l'achete, il fe trouve ensuite fon frère & fils de Trufaldin. Il n'y a dans tout cela que du romanesque & fort peu de plaisant.

Je trouve encore fort comique que l'Etourdi Italien, après avoir continuellement gâté ses affaires

par
sa présence,

,, prenne la fuite quand on a besoin de lui. Mais, en revanche , Moliere s'est montré bien supérieur à l'Auteur Italien dans une infinité de choses. Il lui a premiérement abandonné tous ses petits moyens ; il a rejetté certe clef que Turqueta donne à Gélio, & qu'Arlequin lui reprend en lui persuadant qu'on lui a donné la clef de la cave. Il n'a pas

voulu de ce pistoler que Scapin attache à la ceinture du Turc, pour l'accuser d'être un perturbateur , ou du moins ne l'a-t-il

pas mis en action ; il a renchéri sur l'idée de faire acheter l'esclave par le beau-père de Gélio , puisque c'est au père même de son Etourdi

que Mascarille propose l'achat. Nous devons à Plaute la première idée de cette scène.

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É PIDIQUE.

ACTE II. SCÈNE II.

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PÉRIPHANE, APECIDE, EPIDIQUE.

Epidique veut procurer à fon jeune maître une

esclave qu'il aime , & lui dit :

St, st ! ne dites rien; ayez bon courage & bonne espérance , je sors sous un présage heureux. Les oiseaux volent à gauche : bon augure ! Je suis armé d'un couteau bien pointu , & tel qu'il le faut pour éventrer la bourse de votre pere. Deux vieux à la fois ! quelle capture ! Je vais donc me métamorphofer en langsue, & je tirerai le sang de ces vénérables barbes qui passent pour les deux colonnes du Sénar,

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Les yieillards cherchent entre eux un nioyen pour

enlever l'esclave au jeune homme ; Epidique se jette entre eux pour leur indiquer ce qu'ils doivent faire.

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EPIDIQU E.

S'il étoit juste qu'un chétif esclave eût plus d'esprit que deux hommes, tels que vous, Messieurs, j'indiquerois un bon moyen, & qui, à ce que je crois, loin de vous déplaire. auroit l'approbation de l'un & de l'autre.

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Voici mon sentiment : il faut que vous délivriez la joueuse de Aûre, comme si c'étoit pour votre plaisir, & comme si vous en étiez passionnément amoureux.

Quand vous aurez payé la rançon de cette musicienne, vous l'enverrez quelque part hors de la ville, à moins que le coeur

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Il faut jetter les yeux fur quelqu'un qui porte l'argent destiné à la délivrance de la musicienne; car pour vous, Monfieur, il n'est ni nécessaire, ni à propos que vous vous donniez cette peine.

Voilà le Seigneur Apeecide qui eft votre homme; d'ailleurs il possède la haute science du droit & des loix : croyez-moi : fera bien fin qui pourra l'attraper.

La fcène Française eft plus attachante que celle de Plaute, parce que Moliere y amène Hippolyte qui fans fe montrer écoute ce que dit Mafcarille. Elle n'aime point Lélie, à qui veut l'unir. Mafcarille lui a promis de rompre l'hymen projetté : elle l'entend cependant prendre des mefures pour le faire réuflir: elle eft au défefpoir.

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on

Tu m'avois promis, lâche, & j'avois lieu d'attendre,
Qu'on te verroit fervir mes ardeurs pour Léandre;
Que du choix de Lélie, où l'on veut m'obliger,
Ton adreffe & tes foins fauroient me dégager;
Que tu m'affranchirois du projet de mon pere:
Et cependant ici tu fais tout le contraire!
Mais tu t'abuferas : je fais un súr moyen
Pour rompre cet achat où tu pouffes fi bien ;
Et je vais de ce pas....

MASCARILLE.

Ah! que vous êtes prompte !

La mouche tout d'un coup à la tête vous monte;

Et, fans confidérer s'il a raison ou non,

Votre efprit contre moi fait le petit démon.
J'ai tort, & je devrois, fans finir mon ouvrage
Vous faire dire vrai, puifqu'ainfi l'on m'outrage.

HIPPOLYTE.

Par quelles illufions penses-tu m'éblouir?
Traître peux-tu nier ce que je viens d'ouir ?

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MASCARILLE.

Non. Mais il faut favoir que tout cet artifice
Ne va directement qu'à vous rendre fervice;
Que ce confeil adroit, qui femble être fans fard,
Jette dans le panneau l'un & l'autre vieillard;
Que mon foin par leurs mains ne veut avoir Célie
Qu'à deffein de la mettre au pouvoir de Lélie,
Et faire que l'effet de cette invention,
Dans le dernier excès portant fa passion,
Anfelme, rebuté de fon prétendu gendre,
Puiffe tourner fon choix du côté de Léandre.

HIPPOLYTE.

Quoi! tout ce grand projet, qui m'a mise en courroux,j Tu l'as formé pour moi, Mascarille ?

MASCARILLE.

Oui, pour vous.

La fituation d'Hippolyte eft prife du Phormion de Térence.

Géta, efclave d'Antiphon, veut attraper de l'argent au pere de fon maitre & à fon beau-pere prétendu. Il les engage à payer hormion, afin qu'il fe charge de la femme d'Antiphon. Antiphon, qui écoute fans être vu, croit que Géta parle tout de bon. Il lui reproche fa prétendue perfidie quand ils font seuls.

PHORMION. ́

ACTE IV. SCENE IV

ANTIPHON, GETA,

ANTIPHON.

Géta?

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