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DE LA COMÉDIE,

.

NOUVELLE ÉDITION.

'OUVRAGE

DÉDIÉ A MONSIEUR,

d'Estendoit, gean Par M. DE CAILHAVA.

Franzone

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A PARIS;
DE L'IMPRIMERIE DE PH.-D. PIERRES,
Premier Imprimeur Ordinaire du Roi, &c.

Et se vend
La veuve DUCHESNE , rue St.-Jacques,
Chez BELIN, rue St.-Jacques

Libraires.
Royez, Quai des Augustins,
(HARDOUIN, au Palais Royal.

M. DCC. LXXXV I.
Ayeç. Approbation , & Privilege du Roia

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Il faut tant d'art pour s'approprier les idées

couleurs propres

d'autrui ! il est si difficile de les revêtir de

à son sujet & à son pays ! Pourquoi donc les Auteurs , loin d'avouer leurs imitations, s'en défendent-ils au contraire comme d'un crime ? Pourquoi regardent - ils comme autant d'ennemis les personnes qui découvrent les sources où ils ont puisé ? cette sensibilité ne

peut
naître

que d'un amour-propre mal entendu. Avec la moindre

. connoissance des lettres , on sait

que

les Auteurs les plus illustres sont ceux qui ont imité davantage.

Eschyle avoit puisé dans l'Iliade & dans l’Odylée : loin de le diffimuler, il s'en faisoir honneur , & disoit en plaisantant : mes TrageTome II.

А

dies ne font que des reliefs des Feftins d'Homère. Térence, Plaute ont pris les fujets de leurs comédies dans le théâtre Grec, & l'ont avoué dans leurs prologues. La Fontaine n'a fait que mettre en vers Phedre, Efope, Boccace les contes de la Reine de Navarre; & ne s'en eft pas caché. Boileau eft redevable de fa gloire à Horace, & n'en eft pas moins eftimé.

Le grand Corneille n'a-t-il pas imité le Cid de Guilain de Caftro, & le Menteur de Lopès, de Véga, Auteurs Efpagnols? On peut voir Cinna dans Séneque le philofophe. Moliere, le divin Moliere lui-même n'a pas quatre pièces qui ne foient imitées, en tout ou en partie, & je vais le prouver dans. ce volume. Loin de vouloir attenter à fa gloire, je prétends au contraire lui donner un nouvel éclat, en démontrant que Moliere a fi bien embelli fes copies, qu'il eft devenu lui-même un objet d'imitation pour fes fucceffeurs, & qu'ils n'ont obtenu des fuffrages qu'en fe rapprochant de ce grand homme. Qu'il nous ferve donc en tout de maître dans un art qui l'a immortalifé. Mon deffein eft de le fuivre, dans les différents larcins qu'il fait à Térence, à Plaute à Lopès de Véga, à Calderon, aux Farceurs Italiens, aux Romanciers de tous les pays, même aux mauvais Auteurs, fes contemporains nous le verrons féparer le bon d'avec le défectueux, le médiocre d'avec le déteftable, changer un défaut en beauté; rendre cette même beauté plus fenfible en la plaçant dans fon véritable point de vue, & coudre à un même fujet des idées, des détails, des scênes qui paroiffent ne devoir jamais fe rapprocher.

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Pour approfondir s'il eft poffible l'art de l'imitateur, pour en connoître toutes les difficultés, pour fentir la différence qu'il y a entre un imitateur, un copifte, un traducteur, un plagiaire, n'oublions pas que nous nous fommes promis d'oppofer, quand l'occafion s'en préfenteroit, Moliere imitateur à Moliere imité.

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CHAPITRE PREMIER.

L'ÉTOURDI, OU LES CONTRE-TEMPS, ou comédie en. vers & en cinq actes, comparée pour le fonds & les détails avec l'Inavertito ou l'Etourdi, pièce Italienne; l'Amant indifcret comédie de Quinault; l'Epidique de Plaute; le Phormion de Térence, & le Tour fubtil d'un Filou conte de Douville.

L'ÉTOURDI eft la première pièce de Molie

re, il l'a imitée fur-tout de l'Inavertito, comédie Italienne, compofée par Nicolo Barbieri,& imprimée en 1629, neuf ans après la naiffance de Moliere. Avant de rapprocher l'original de la copie, commençons par nous rappeller les étourderies du héros de Moliere.

Précis de l'Etourdi.

Trufaldin a une efclave nommée Célie. Léan dre, & Lélie en font amoureux. Lélie n'a pas de quoi acheter la belle, mais il eft fervi par Mafcarille, intrigant de la première espèce.

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