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vivacité de fon père, mais n'en eut pas les autres qualités. Etant confeiller d'Etat dès l'âge de feize ans, et deftiné aux affaires étrangères, envoyé en Allemagne pour s'inftruire, il alla jufqu'en Finlande, et écrivit fes voyages en latin. Il exerça la charge de fecrétaire d'Etat des affaires. étrangères à vingt-trois ans ; mais ayant perdu fa femme, Henriette de Chavigni, il en fut fi affligé, que fon esprit s'aliéna ; on fut obligé de l'éloigner de la fociété. Le refte de fa vie fut très-malheureux. On a déchiré fa mémoire dans les derniers dictionnaires hiftoriques; on devait montrer de la compassion pour son état et de la confidération pour fon nom. HUGUES, marquis DE LYONNE d'une ancienne maifon de Dauphiné, eut les affaires étrangères jufqu'en 1670. On a de lui des mémoires. C'était un homme auffi laborieux qu'aimable; son fils avait obtenu la furvivance de fa charge; mais à la mort du père, elle fut donnée à M. de Pompone mort en 1671.

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JEAN-BAPTISTE COLBERT s'avança uniquement par fon mérite. Il parvint à être intendant du cardinal Mazarin. S'étant inftruit à fond de toutes les parties du

gouvernement, et particulièrement des finances, il devint un homme néceffaire dans le délabrement où le cardinal Mazarin, le furintendant Fouquet, et encore plus le malheur des temps, avaient mis les finances. Louis XIV le fit travailler fecrètement avec lui pour s'inftruire. Il perdit Fouquet de concert avec le Tellier, alors fecrétaire d'Etat; mais il fe fit pardonner cet acharnement par l'ordre invariable qu'il mit , dans les finances, et par des fervices dont on ne doit point perdre la mémoire. Contrôleur généralen 1664; on peut le regarder comme le fondateur du commerce et le protecteur de tous les arts; il n'a point négligé l'agriculture, comme on le dit dans tant de livres nouveaux. Son génie et fes foins ne pouvaient négliger cette partie effentielle. On ne peut lui reprocher peut-être que d'avoir cédé au préjugé qui ne voulait pas que le commerce des grains avec l'étranger reftât libre: mort en 1683.

JEAN BAPTISTE COLBERT, marquis DE SEIGNELAI, fils du précédent, d'un efprit plus vafte encore que fon père, beaucoup plus brillant et plus cultivé; fecrétaire d'Etat de la marine, qu'il rendit la plus belle de l'Europe: mort en 1690.

CHARLES COLBERT DE CROISSI, frère du grand Colbert, fecrétaire d'Etat des affaires étrangères, en 1679, après plufieurs ambaffades glorieuses. If eut la place de fecrétaire d'Etat d'Arnaud de Pompone; mais on le place ici pour ne point interrompre la lifte des Colbert: mort en 1696.

JEAN-BAPTISTE COLBERT, marquis de TORCI, fils du précédent, fecrétaire d'Etat des affaires étrangères, à la mort de fon père. Il joignit la dextérité à la probité, ne donna jamais de promeffes qu'il ne tînt, fut aimé et refpecté des étrangers : mort en 1746.

SIMON ARNAUD DE POMPONE, fecrétaire d'Etat des affaires étrangères, en 1671, homme favant et de beaucoup d'efprit, ainfi que prefque tous les Arnaud; chéri dans la fociété, et préférant quelquefois les agrémens de cette fociété aux affaires; renvoyé en 1679, et remplacé par le marquis de Croiffi. Il ne fut point fecrétaire d'Etat toute fa vie, comme le difent les nouveaux dictionnaires hiftoriques; mais le roi lui conferva le titre de miniftre d'Etat, avec la permiffion d'entrer au confeil, permiffion dont il n'ufa pas: mort en 1699.

MICHEL LE TELLIER, le chancelier, fecrétaire d'Etat jusqu'en 1666.

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FRANÇOIS-MICHEL LE TELLIER, marquis DE LOUVOIs, le plus grand ministre de la guerre qu'on eût vu jufqu'alors, fecrétaire d'Etat en 1666. Il fut plus eftimé qu'aimé du roi, de la cour et du public; il eut le bonheur, comme Colbert, d'avoir des defcendans qui ont fait honneur à fa maison, et même des maréchaux de France : il n'eft pas vrai qu'il mourut fubitement au fortir du confeil, comme on l'a dit dans tant de livres et de dictionnaires. Il prenait les eaux de Balaruc, et voulait travailler en les prenant; cette ardeur indifcrète de travail caufa fa mort, en 1691. LOUIS-FRANÇOIS LE TELLIER, marquis DE BARBEZIEUX, fils du marquis de Louvois, fecrétaire d'Etat de la guerre, après la mort de fon père, jeune homme qui commença par préférer les plaifirs et le fafte au travail : mort à trente-trois ans, en 1701.

CLAUDE LE PELLETIER, président aux enquêtes, prévôt des marchands, homme de bien, modefte, retiré, travailla au code de droit canon. Cette étude ne paraissait pas le défigner pour fucceffeur du grand

Colbert; cependant il le fut en 1683. On dit au roi qu'il n'était pas propre pour cette place, parce qu'il n'était pas affez dur; c'eft pour cela que je le choifis, répondit Louis XIV. Il quitta le ministère et la cour au bout de fix ans. Toute fa famille a été renommée, comme lui, pour fon intégrité : mort en 1711.

LOUIS PHELIPPEAUX, comte de Pontchartrain, le même qui fut chancelier, commença par être premier préfident du parlement de Bretagne ; contrôleur général, en 1690, après la retraite du contrôleur général le Pelletier ; fecrétaire d'Etat après la mort du marquis de Seignelai, la même année 1690. C'eft lui qui, par l'avis de l'abbé Bignon, foumit toutes les académies aux fecrétaires d'Etat, excepté l'académie française qui ne pouvait dépendre que du

roi.

JEROME PHELIP PEAUX, comte de Pont

chartrain, fils du précédent, fecrétaire d'Etat, du vivant de fon père le chancelier, exclu par le duc d'Orléans, à la mort de Louis XIV.

MICHEL CHAMILLART, Confeiller d'Etat, contrôleur général en 1699, fecrétaire d'Etat de la guerre en 1701, homme

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