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point. Pour expliquer la différence de ce sens par un exemple, un mouvement en ligne parabolique est uniforme dans le premier sens; mais il ne l'est pas dans le second, les portions de la ligne parabolique n'étant pas semblables entre elles comme celles de la ligne droite. Il est vrai, pour le dire en passant, qu'un corps simple laissé à soi, ne décrit que des lignes droites, si on ne parle que du centre qui représente le mouvement de ce corps tout entier; mais puisqu'un corps simple et roide ayant reçu une fois une turbination, ou circulation à l'entour de son centre, la retient du même sens et avec la même vitesse, il s'ensuit qu'un corps laissé à soi peut décrire des lignes circulaires par ses points éloignés du centre, quand le centre est en repos, et même certaines quadratrices, quand ce centre est en mouvement, qui auront l'ordonnée, composée de la droite parcourue par le centre, et du sinus droit dont le verse est l'abscisse, l'aire étant à la circonférence comme cette droite est une droite donnée. Il faut considérer aussi que l'âme, toute simple qu'elle est, a toujours un sentiment composé de plusieurs perceptions à la fois; ce qui opère autant pour notre but que si elle était composée de pièces comme une machine. Car chaque perception précédente a de l'influence sur les suivantes, conformément à une loi d'ordre qui est dans les perceptions comme dans les mouvements. Aussi la plupart des philosophes depuis plusieurs siècles, qui donnent des pensées aux âmes et aux anges, qu'ils croient destitués de tout corps, pour ne rien dire des intelligences d'Aristote, admettent un changement spontané dans un être simple. J'ajoute que les perceptions qui se trouvent ensemble dans une même âme en même temps enveloppant une multitude véritablement infinie de petits sentiments indistinguables que la suite doit développer, il ne faut point s'étonner de la variété infinie de ce qui en doit résulter avec le temps. Tout cela n'est qu'une conséquence de la nature représentative de l'âme, qui doit exprimer ce qui se passe et même ce qui se passera dans son corps, et en quelque façon dans tous les autres, par la connexion ou correspondance de toutes les parties du monde. Il aurait peut-être suffi de dire que Dieu, ayant fait des atomes corporels, en pourrait bien avoir fait aussi d'immatériels qui représentent les premiers; mais on a cru qu'il serait bon de s'étendre un peu davantage.

Au reste, j'ai lu avec plaisir ce que M. Bayle dit dans l'article de Zénon. Il pourra peut-être s'apercevoir que ce qu'on en peut tirer s'accorde mieux avec mon système qu'avec tout autre; car ce qu'il y a de réel dans l'étendue et dans le mouvement ne consiste que dans le fondement de l'ordre et de la suite réglée des

phénomènes et perceptions. Aussi tant les académiciens et sceptiques que ceux qui leur ont voulu répondre, ne semblent s'ètre embarrassés principalement que parce qu'ils cherchaient une plus grande réalité dans les choses sensibles hors de nous que celle de phénomènes réglés. Nous concevons l'étendue en concevant un ordre dans les coexistences; mais nous ne devons pas la concevoir, non plus que l'espace, à la façon d'une substance. C'est comme le temps, qui ne présente à l'esprit qu'un ordre dans les changements. Et quant au mouvement, ce qu'il y a de réel est la force ou la puissance, c'est-à-dire ce qu'il y a dans l'état présent qui porte avec soi un changement pour l'avenir. Le reste n'est que phénomènes et rapports. La considération de ce système fait voir aussi que, lorsqu'on entre dans le fond des choses, on remarque plus de raison qu'on ne croyait dans la plupart des sectes des philosophes. Le peu de réalité substantielle des choses sensibles des sceptiques; la réduction de tout aux harmonies, ou nombres, idées et perceptions des pythagoristes et platoniciens; l'un et même un tout de Parménide et de Plotin, sans aucun spinosisme; la connexion stoïcienne, compatible avec la spontanéité des autres; la philosophie vitale des cabalistes et hermétiques qui mettent du sentiment partout; les formes et entéléchies d'Aristote et des scolastiques; et cependant l'explication mécanique de tous les phénomènes particuliers, selon Démocrite et les modernes, etc., se trouvent réunis comme dans un centre de perspective, d'où l'objet, embrouillé en regardant de tout autre endroit, fait voir sa régularité et la convenance de ses parties on a manqué par un esprit de secte, en se bornant par la réjection des autres. Les philosophes formalistes blâment les matériels ou corpusculaires, et vice versa. On donne mal des limites à la division et subtilité aussi bien qu'à la richesse et beauté de la nature lorsqu'on met des atomes et du vide, lorsqu'on se figure certains premiers éléments, tels même que les cartésiens, au lieu des véritables unités, et lorsqu'on ne reconnaît pas l'infini en tout, et l'exacte expression du plus grand dans le plus petit, jointe à la tendance de chacun à se développer dans un ordre parfait; ce qui est le plus admirable et le plus bel effet du souverain principe, dont la sagesse ne laisserait rien à désirer de meilleur à ceux qui en pourraient entendre l'économie

XII. Des idées complexes....

XIII. Des modes simples, et premièrement de ceux de
l'espace...

XIV. De la durée et de ses modes simples....

XV. De la durée et de l'expansion considérées ensemble,
XVI. Du nombre...

XVII. De l'infinite.

XVIII. De quelques autres modes simples..

XIX. Des modes qui regardent la pensée..

XX. Des modes du plaisir et de la douleur.
XXI. De la puissance et de la liberté...

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XXII. Des modes mixtes. ...

150

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XXVI. De la cause et de l'effet, et de quelques autres

relations..

164

XXVII. Ce que c'est qu'identé ou diversité.

165

XXVIII. De quelques autres relations et surtout des rela

tions morales.......

180

XXIX. Des idées claires et obscures, distinctes et confuses. 186

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