Page images
PDF
EPUB

Cet ouvrage a été imprimé à 500 exemplaires numérotés de 1 à 500

Justification du tirage"

44

[blocks in formation]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors]

Les Orties (comédie dramatique en 4 parties) 1 volume.
Etudes d'art (essais de critique).

[ocr errors]
[ocr errors]

1 volume.

SOUS PRESSE :

Le Tribun (roman)

La Forêt de Soigne (Etude pittoresque et historique).

[blocks in formation]

Préface

L'AND on étudie l'histoire de l'art on trouve mêlé aux noms des artistes célèbres, le nom de certains hommes qui n'ont pratiqué aucun des arts mais qui les ont aimés indistinctement avec le même plaisir profond et le même ardent désir de les comprendre. Ces hommes ont contribué à la grandeur de leur temps et à la gloire de leur génie national. En protégeant les arts, en consacrant à leur épanouissement leur fortune, en accordant à ceux qui les servaient leur amitié et leur appui, ils ont facilité l'éclosion de beaucoup de chefs-d'œuvre où au paraphe de leurs créateurs immortels est associé l'invisible et méandreux tracé de leur signature. Car beaucoup d'ouvrages célèbres dont s'enorgueillissent les peuples, ont pu être conçus et réalisés grâce à la générosité heureuse, discrète ou démonstrative, de puissants seigneurs ou de riches citoyens; la joie essentielle de ceux-ci était puisée dans le commerce des artistes et dans le rêve unique de mériter toujours leur confiance et leur affection.

Mais la belle et noble vie de ces protecteurs n'est pas populaire; leur exemple n'est point assez publié, la connaissance de leurs actes insuffisamment répandue. Il faudrait enseigner aux enfants, aux écoliers, aux étudiants le rôle pacifique et merveilleux de ces êtres, ou bien trop obscurs, ou bien fameux seulement par une face de leur existence; il faudrait les chanter au même titre enthousiaste que les grands personnages de tous les temps: n'appartiennent-ils pas comme eux à l'Histoire?

Alors qu'ils ont fait maint portrait des artistes d'autrefois, les vieux écrivains ont négligé d'ordinaire de parler de leurs amis absolus. Combien il serait intéressant de reconstituer par le verbe la galerie émouvante et expressive de ceux qui furent

[graphic]

les soutiens fidèles et obstinés de l'art et de présenter à l'avenir, comme une guirlande parfumée, les mille fleurs de leurs bontés et de leurs dévouements... Chaque siècle, chaque période, chaque génération a eu son mécène; c'est une dynastie éternelle dont l'arbre généalogique enfonce ses racines dans le sol antique et élève vers les cieux futurs des ramures à jamais reverdissantes. Notre école a possédé son mécène : Henri Van Cutsem. Il descendait d'une famille de gentilshommes campagnards, dont la noblesse principale était d'avoir aimé la Terre et d'avoir longtemps vécu près d'elle... Très riche, il ne concentra pas son attention sur un domaine spécial. Il goûta la beauté sous toutes ses formes : la Peinture, la Sculpture, la Musique, les Lettres eurent, à des degrés presque pareils, sa sympathie.

En tête de ce livre, consacré à quelques uns des maîtres qui illustrèrent son temps, j'ai entrepris de dessiner la simple et paisible effigie d'un être que j'ai connu, dont j'ai apprécié les mérites, dont, avec beaucoup de favorisés, j'ai partagé l'affection. Parmi les vingt artistes que j'ai étudiés dans les pages qui suivront, quatre ou cinq furent les féaux d'Henri Van Cutsem, ses compagnons de chaque jour; entre les autres il en est qu'il ne fréquenta point ou qu'il fréquenta peu. Mais leur art à tous l'intéressait, car aucune réalisation originale, aucune tentative personnelle ne le laissaient indifférent : il suivait l'évolution des talents divers avec une attention plus ou moins vive, mais constante et inquiète aussi. Son nom est inséparable des annales de notre art national durant ce dernier quart de siècle; sa vie a été si étroitement liée à celle de plusieurs de nos plus éminents créateurs, tous ses actes ont eu sur le travail, sur la production de ceux-là, et de certains de leurs disciples, un retentissement si heureux, si salutaire, qu'il m'a paru logique d'essayer, en tête de ce volume consacré à bien des peintres et des statuaires qu'il affectionna, de tracer sa physionomie et d'esquisser sa carrière. Pour ceux qu'il aima et qui l'aimèrent, le désir que j'ai de ne le point séparer des êtres de sa prédilection, de le comprendre dans le même groupement familial, paraftra comme un hommage ému et presque filial. Telle est en effet une des raisons de cette préface. Une autre raison m'a guidé : celle de perpétuer le souvenir d'un homme qui ne laisse nulle œuvre tangible, mais dont l'œuvre morale est telle que le monde serait meilleur et plus équitable si elle se multipliait.

Les ascendants d'Henri Van Cutsem possédaient le sens de la beauté; un goût instinctif a toujours poussé les siens vers cette voie où lui-même s'engagerait plus tard avec une si franche et si indépendante détermination. Son père, après s'être essayé à l'architecture, avait fréquenté l'atelier de M. Ingres. Amaury Duval a dit de lui qu'il fut le plus brillant élève du maître de la Source. Mais il avait dû rompre une vocation si prometteuse pour prendre, à la mort de ses parents, la direction de vastes entreprises commerciales. Il se souvenait avec émotion de son séjour à Paris, de son éphémère compagnonnage avec de jeunes artistes impatients et volontaires. S'il ne peignait plus, il adorait voir peindre les autres et, penchant

« PreviousContinue »