hommes pendant fept années, & que re duit à la demeure & à la condition des bêtes, il paîtroit l'herbe comme un boeuf : Que fon Royaume pourtant lui feroit confervé, & qu'il le recouvreroit après qu'il auroit reconuu que toute puiffance vient du Ciel. Enfin il l'exhorta à racheter les péchés par les aumônes, & fes iniquités par les œuvres de miféricorde envers les pauvres.

Toutes ces chofes arriverent à Nabuchodonofor, comme le Prophete les lui avoit prédites. Un an s'étant paffé, comme il fe promenoit dans fon Palais, il dit en confi dérant la beauté & la magnificence de fes bâtimens : « N'eft ce pas ici cette grande » Babylone, que j'ai bâtie dans la gran

deur de ma puiffance & dans l'éclat de »ma gloire, pour en faire le fiege de mon » Royaume ?.... Un mouvement fecret de complaifance & de vanité à la vue de pareils ouvrages qu'un Prince auroit conf truits, nous paroîtroit-il fort criminel? A peine avoit-il achevé ces mots, qu'une voix fe fit entendre du Ciel, qui lui prononça fon arrêt. A l'heure même il perdit le fens: on le chaffa de la compagnie des hommes, & il vécut comme une bête, expofé aux injures de l'air, & ne vivant que d'herbe : le poil de fon corps devint femblable aux plumes d'une aigle, & fes ongles s'allongerent comme les griffes des oifeaux.

Après que le temps marqué fut accompli l'efprit & le fens lui revinrent. « Il leva les » yeux au Ciel, dit l'Ecriture, benit le

Très- Haut, & rendit gloire à celui qui vit éternellement, reconnoiffant que for » Empire eft éternel, que tous les habitans de la terre font devant lui comme » un néant, & qu'il fait tout ce qu'il lui fans que » plaît au Ciel & fur la terre, » personne réfifte à fa main toute-puiffante » ni puifle lui dire, pourquoi avez-vous ≫agi ainfi ? » Alors il recouvra fa premiere forme. Les Grands de fa Cour allerent le chercher ; il remonta fur le trône, & devint plus grand & plus puiffant que jamais. Pénétré de la plus vive reconnoiffance, il fit un Edit folemnel pour publier dans toute l'étendue de fa domination les merveilles étonnantes que Dieu venoit de faire en fa perfonne.

Ce Prince mourut un an après, ayant régné depuis la mort de fon pere quarantetrois ans. C'eft un des plus grands Rois qui ait jamais régné en orient. Son fils lui fuccéda.

EVILMERODAC.

Dès qu'il fut établi fur le trône, il fit AN. M. 344. fortir Jéchonias, Roi de Juda, de la pri- Av. J. C.562. fon où il avoit été détenu près de trente- 4. Reg. 25. fept ans.

27-30.

On place fous fon régne, qui ne dura Dan, ch. 19. que deux ans, la découverte que fit Daniel de la fraude des Prêtres de Bel; l'innocent artifice par lequel ce Prophete fit périr un Dragon qui étoit honoré comme un Dieu, la délivrance miraculeufe par laquelle ce même Prophête avoit été tiré de

Beros Megafthen.

AN. M. 3444.

Fa foffe aux lions, où le Prophete Habacuc lui avoit porté de la nourriture.

Evilmerodac s'étoit rendu fi odieux par fes débauches & fes autres déréglements, que fes propres parens confpirerent contre lui, & le mirent à mort.

NERIGLISSOR mari de fa foeur, qui Av. J. C.560, avoit été à la tête des conjurés, régna en fa place.

Cyrop. lib. 1.

Comme dès fon avénement à la couronne it faifoit de grands préparatifs de guerre contre les Médes, Cyaxare appella de Perfe Cyrus à fon fecours. Cette hiftoire fera bientôt déduite plus au long, & l'on verra que le Roi de Babylone fut tué dans une bataille la quatrieme année de fon regne.

LABOR OSOARCHOD for fils lui fuccéda. C'étoit un très-mauvais Prince. Né avec les inclinations les plus vicieufes, ik s'y abandonna fans retenue lorfqu'il fut fur le trône, comme s'il n'eût été revêtu de l'autorité fouveraine que pour avoir le privilege de commettre impunément les actions les plus infames & les plus barbares. Il ne régna que neuf mois. Ses fujets confpirerent contre lui, & le mirent à mort. Il eut pour fucceffeur.

LABYNIT ou Nabonid. Il a encore d'autres noms. L'Ecriture lui donne celur de BALTASAR.

On conjecture avec beaucoup de fondement qu'il étoit fils d'Evilmérodac par Nitocris femme de ce Prince, & par conféquent petit-fils de Nabuchodonofor, à qui,

felon la prophétre de Jérémie, les peuples de l'Orient devoient être affujettis, & après lui à fon fils & à fon petit-fils: Et fervient Jerem. 27. 7. ei omnes gentes, & filio ejus, & filio filii ejus; donec veniat tempus terræ ejus & ipfius.

Nitocris eft cette Reine qui fit de fi Herod. I 1. grands ouvrages à Babylone. Elle avoit placé c. 185. &c. fon tombeau au deffus d'une des portes les plus remarquables de la ville, avec une infcription qui avertiffoit fes fucceffeurs de ne point toucher fans une extrême & indifpenfable néceffité aux richeffes qui y étoient renfermées. Le, tombeau demeura fermé jufqu'au régne de Darius, qui J'ayant fait ouvrir, au lieu des tréfors immenfes qu'il fe flattoit d'en tirer, n'y trouva que cette infcription: SI TU N'ÉTOIS INSATIABLE D'ARGENT, ET DEVORÉ PAR UNE BASSE AVARICE TU NAUROIS PAS OUVERT LES TOMBEAUX DES MORTS.

La premiere année du régne de Balta- Dan. s. 7. far, Daniel eut la vifion des quatre bêtes qui figuroient les quatre grandes Monarchies, & celle du Royaume du Meffie qui devoit leur fuccéder. La troifieme année de ce Prince; il eut la vifion du Belier & du Bouc, qui figuroient la deftruction. de 1 Empire des Perfes par Alexandre le Grand & la perfécution qu'Antiochus Epiphane Roide Syrie devoit fufiter aux Juifs. Je ferai dans la fuite quelques réfléxions fur ces Prophéties, & je les rapporteraj avec plus d'étendue.

Pendant que les ennemis affiégeoient Ba- Dan. c. si

AN. M. 346

bylone, Baltafar fit un grand feftin à toute fa Cour la nuit d'une fête qui se célébroit tous les ans avec de grandes réjouiffances. La joie de ces repas fut bien troublée par une vifion; & encore plus par l'explication que Daniel en donna au Roi. La fentence écrite fur la muraille portoit, que fon Royaume lui étoit ôté, & donné aux Médes & aux Perfes. Cette nuit là même la ville fut prife, & Baltafar tué.

Ainfi finit l'Empire Babylonien, après avoir duré deux cents dix ans depuis la def truction du grand Empire des Affyriens.

On trouvera dans l'hiftoire de Cyrus le Av.J.C.3. détail & les circonftances du fiége & de la prise de Babylone.

AN.M

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CHAPITRE TROISIEME HISTOIRE DU ROYAUME DES MEDES. Arbace. Déjoce: il bâtit Ecbatane. Phraor te. Cyaxare 1. Irruption des Scythes: prife & deftruction de Ninive. Aftyage. Cyaxa re II.

Av.J.C.747. J'AI marqué, en parlant de la deftruction de l'ancien Empire des Affyriens, qu'Arbace, Général de l'armée des Médes, avoit été un des principaux auteurs de la confpiration contre Sardanaple: & plufieurs croient que dês-lors il fut établi maître fouverain de la Médie & de plufieurs autres Provinces, & que d'abord il prit le nom de Roi. Ce n'eft pas le fenument