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Que si l'un parlait basque, et l'autre bas-breton.
C'est là, qui le croirait ? un fléau redoutable;
Et la pâle famine, et la peste effroyable,
N'égalent point les maux et les troubles divers
Que les malentendus sèment dans l'univers.

Peindrai-je des dévots les discordes funestes,
Les saints emportemens de ces ames célestes,
Le Fanatisme au meurtre excitant les humains,

Des poisons, des poignards, des flambeaux dans les mains;
Nos villages déserts, nos villes embrasées,

Sous nos foyers détruits nos mères écrasées;
Dans nos temples sanglans abandonnés du ciel,
Les ministres rivaux égorgés sur l'autel;
Tous les crimes unis, meurtre, inceste, pillage,
Les fureurs du plaisir se mêlant au carnage;
Sur des corps expirans, d'infames ravisseurs
Dans leurs embrassemens reconnaissent leurs sœurs;
L'étranger dévorant le sein de ma patrie,
Et sous la piété déguisant sa furie;

Les pères conduisant leurs enfans aux bourreaux,
Et les vaincus toujours traînés aux échafauds?...
Dieu puissant! permettez que ces temps déplorables
Un jour par nos neveux soient mis au rang des fables.

Mais je vois s'avancer un fâcheux disputeur;
Son air d'humilité couvre mal sa hauteur;
Et son austérité, pleine de l'Évangile,

Paraît offrir à Dieu le venin qu'il distille.

«

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Monsieur, tout ceci cache un dangereux poison:

Personne, selon vous, n'a ni tort ni raison;

. Et sur la vérité n'ayant point de mesure,

Il faut suivre pour loi l'instinct de la nature!»

Monsieur, je n'ai point dit un mot de tout cela... - << Oh! quoique vous ayez déguisé ce sens-là, En vous interprétant la chose devient claire... »

Mais en termes précis j'ai dit tout le contraire.

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Cherchons la vérité, mais d'un commun accord:
Qui discute a raison, et qui dispute a tort.
Voilà ce que j'ai dit ; et d'ailleurs, qu'à la guerre,
A la ville, à la cour, souvent il faut se taire.

- Mon cher monsieur, ceci cache toujours deux sens.

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Je distingue... » - Monsieur, distinguez, j'y consens.
J'ai dit mon sentiment, je vous laisse les vôtres,

En demandant pour moi ce que j'accorde aux autres...
Mon fils, nous vous avons défendu de
Et pour vous convertir, je cours vous dénoncer..

penser;

Heureux! ô trop heureux qui, loin des fanatiques,
Des causeurs importuns, et des jaloux critiques,
En paix sur l'Hélicon pourrait cueillir des fleurs !
Tels on voit dans les champs de sages laboureurs,
D'une ruche irritée évitant les blessures,
En dérober le miel à l'abri des piqûres.

DISTANCE.

Un homme qui connaît combien on compte de pas d'un bout de sa maison à l'autre, s'imagine que la nature lui a enseigné tout d'un coup cette distance, et qu'il n'a eu besoin que d'un coup d'œil, comme lorsqu'il a vu des couleurs. Il se trompe; on ne peut connaître les différens éloignemens des objets que par expérience, par comparaison, par habitude. C'est ce qui fait qu'un matelot, en voyant sur mer un vaisseau voguer loin du sien, vous dira sans hésiter à quelle distance on est à peu près de ce vaisseau; et le passager n'en pourra former qu'un doute très confus'.

1 On lit ici, dans toutes les éditions, un article de dix pages

DIVINITÉ DE JÉSUS.

Les sociniens, qui sont regardés comme des blasphémateurs, ne reconnaissent point la divinité de Jésus-Christ. Ils osent prétendre, avec les philosophes de l'antiquité, avec les Juifs, avec les mahométans, et tant d'autres nations, que l'idée d'un dieu-homme est monstrueuse, que la distance d'un dieu à l'homme est infinie, et qu'il est impossible que l'Être infini, immense, éternel, ait été contenu dans un corps périssable.

Ils ont la confiance de citer en leur faveur Eusèbe, évêque de Césarée, qui, dans son Histoire ecclésiastique, liv. 1, chap. xi, déclare qu'il est. absurde que la nature non engendrée, immuable, du Dieu tout puissant, prenne la forme d'un homme. Ils citent les pères de l'église Justin et Tertullien, qui ont dit la même chose: Justin, dans son Dialogue avec Tryphon, et Tertullien, dans son Discours contre Praxéas.

Ils citent saint Paul, qui n'appelle jamais JésusChrist dieu, et qui l'appelle homme très souvent. Ils poussent l'audace jusqu'au point d'affirmer que les chrétiens passèrent trois siècles entiers à former peu à peu l'apothéose de Jésus, et qu'ils

qui se trouve reproduit en entier dans le chapitre v de la seconde partie de la Philosophie de Newton, et que par cette raison nous avons cru devoir supprimer. (Nouv. Édit.)

DICTIONN. PHILOS. T. IV.

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n'élevaient cet étonnant édifice qu'à l'exemple des païens, qui avaient divinisé des mortels. D'abord, selon eux, on ne regarda Jésus que comme un homme inspiré de Dieu; ensuite comme une créature plus parfaite que les autres. On lui donna quelque temps après une place au dessus des anges, comme le dit saint Paul. Chaque jour ajoutait à sa grandeur; il devint une émanation de Dieu produite dans le temps. Ce ne fut pas assez; on le fit naître avant le temps même. Enfin, on le fit dieu consubstantiel à Dieu. Crellius, Voquelsius, Natalis, Alexander, Hornebeck, ont appuyé tous ces blasphèmes par des argumens qui étonnent les sages et qui pervertissent les faibles. Ce fut surtout Fauste Socin qui répandit les semences de cette doctrine dans l'Europe; et sur la fin du seizième siècle, il s'en est peu fallu qu'il n'établît une nouvelle espèce de christianisme : il y en avait déja eu plus de trois cents espèces.

DIVORCE.

Il est dit dans l'Encyclopédie, à l'article DIVORCE, que « l'usage du divorce ayant été porté dans les << Gaules les Romains, ce fut ainsi que Bissine

I

par

Cet article était composé de deux sections dont nous ne donnons que la première. La seconde, qui était composée du Mémoire d'un magistrat, écrit vers l'an 1764, fait partie de l'article ADULTÈRE dans le tome 1o de ce Dictionnaire. (L. D. B.)

< ou Bazine quitta le roi de Thuringe, son mari, << pour suivre Childéric, qui l'épousa. >> C'est comme si on disait que les Troyens ayant établi le divorce à Sparte, Hélène répudia Ménélas, suivant la loi, pour s'en aller avec Pâris en Phrygie.

La fable agréable de Pâris, et la fable ridicule de Childéric, qui n'a jamais été roi de France, et qu'on prétend avoir enlevé Bazine, femme de Bazin, n'ont rien de commun avec la loi du divorce.

On cite encore Cherebert, régule de la petite ville de Lutèce près d'Issi, Lutetia Parisiorum, qui répudia sa femme. L'abbé Velli, dans son Histoire de France, dit que ce Cherebert, ou Caribert, répudia sa femme Ingoberge, pour épouser Mirefleur, fille d'un artisan, et ensuite Theudegilde, fille d'un berger, qui « fut élevée sur le premier trône de l'empire français. »

«

Il n'y avait alors ni premier ni second trône chez ces Barbares, que l'empire romain ne reconnut jamais pour rois. Il n'y avait point d'empire français.

L'empire des Francs ne commença que par Charlemagne. Il est fort douteux que le mot Mirefleur fût en usage dans la langue Welche ou gauloise, qui était un patois du jargon celte ce patois n'avait pas des expressions si douces.

Il est dit encore que le réga ou régule Chilpéric, seigneur de la province du Soissonnais, et qu'on appelle roi de France, fit un divorce avec la reine

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