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Cui non ulla fuit justi reverentia : salva
Libertate potens, et solus plebe parata
Privatus servire sibi, rectorque senatus,
Sed regnantis, erat. Nil belli jure poposcit :
Quæque dari voluit, voluit sibi posse negari.
Immodicas possedit opes, sed plura retentis
Intulit: invasit ferrum; sed ponere norat.
Prætulit arma togæ, sed pacem armatus amavit.
Juvit sumpta ducem, juvit dimissa potestas.
Casta domus, luxuque carens, corruptaque nunquam
Fortuna domini. Clarum et venerabile nomen
Gentibus, et multum nostræ quod proderat urbi.
Olim vera fides, Sylla Marioque receptis,
Libertatis obit: Pompeio rebus adempto
Nunc et ficta perit. Non jam regnare pudebit :
Nec color imperii, nec frons erit ulla senatus.
O felix, cui summa dies fuit obvia victo,
Et cui quærendos Pharium scelus obtulit enses!
Fortisan in soceri potuisset vivere regno.
Scire mori, sors prima viris, sed proxima, cogi.
Et mihi, si fatis aliena in jura venimus,
Da talem, Fortuna, Jubam: non deprecor hosti
Servari, dum me servet cervice recisa.

ICON POMPEII MAGNI.

VELLEIUS PATERCULUS, LIB. II, C. XXIX.

Fuit hic genitus matre Lucilia, stirpis senatoriæ, forma excellens, non ea qua flos commendatur ætatis, sed dignitate et constantia : quæ in illam conveniens amplitudinem, fortunam quoque ejus ad ultimum vitæ comitata est diem: innocentia eximius, sanctitate præcipuus, eloquentia medius; potentiæ quæ honoris causa ad eum deferretur, non ut ab eo occuparetur, cupidissimus dux bello peritissimus civis in toga (nisi ubi vereretur ne quem haberet parem) modestissimus, amiciliarum tenax, in offensis exorabilis, in reconcilianda gratia fidelissimus, in accipienda satisfactione facillimus, potentia sua nunquam aut raro ad impotentiam usus, pene omnium votorum expers, nisi numeraretur inter maxima, in civitate libera dominaque gentium, indignari, cum omnes cives jure haberet pares, quemquam æqualem dignitate conspicere.

ICON C. J. CAESARIS,

VELLEIUS PATERCULUS, LIB. 11, C. XLI.

Hic nobilissima Juliorum genitus familia, et, quod inter omnes antiquissimos constabat, ab Anchise ac Venere deducens genus, forma omnium civium excellentissimus, vigore animi acerrimus, munificentia effusissimus, animo super humanam et naturam et fidem evectus, magnitudine cogitationum, celeritate bellandi, patientia periculorum, Magno illi Alexandro, sed sobrio, neque iracundo, simillimus: qui denique semper et somno et cibo in vitam, non in voluptatem uteretur.

TRAGÉDIE. 1641.

ACTEURS.

JULES-CÉSAR.

MARC-ANTOINE.

LÉPIDE.

CORNÉLIE, femme de Pompée.

PTOLOMÉE1, roi d'Égypte.

CLÉOPATRE, sœur de Ptolomée.

PHOTIN, chef du conseil d'Égypte.

ACHILLAS, lieutenant général des armées du roi d'Égypte.
SEPTIME, tribun romain, à la solde du roi d'Égypte.
CHARMION, dame d'honneur de Cléopâtre.

ACHORÉE, écuyer de Cléopâtre.

PHILIPPE, affranchi de Pompée.
TROUPE DE ROMAINS.

TROUPE D'ÉGYPTIENS.

La scène est en Alexandrie, dans le palais de Ptolomée.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

PTOLOMÉE, PHOTIN, ACHILLAS, SEPTIME.

PTOLOMÉE.

Le destin se déclare, et nous venons d'entendre
Ce qu'il a résolu du beau-père et du gendre.

Quand les dieux étonnés semblaient se partager 2,

■ Ptolémée eût été plus conforme à l'étymologie. Voltaire a écrit l'un

et l'autre.

2

Que devant Troie en famme Hécube désolée
Ne vienne point pousser une plainte ampoulée,
Ni sans raison décrire en quels affreux pays
Par sept bouches l'Euxin reçoit le Tanais.
BOILEAU, Art poétique.

A plus forte raison un roi d'Égypte, qui n'a point vu Pharsale, et à qui cette guerre est étrangère, ne doit point dire que les dieux étaient étonnés en se partageant, qu'ils n'osaient juger, et que la bataille a

Pharsale a décidé ce qu'ils n'osaient juger.
Ses fleuves teints de sang, et rendus plus rapides
Par le débordement de tant de parricides,
Cet horrible débris d'aigles, d'armes, de chars,
Sur ses champs empestés confusément épars,
Ces montagnes de morts privés d'honneurs suprêmes,
Que la nature force à se venger eux-mêmes,
Et dont les troncs pourris exhalent dans les vents
De quoi faire la guerre au reste des vivants,
Sont les titres affreux dont le droit de l'épée,
Justifiant César, a condamné Pompée.
Ce déplorable chef du parti le meilleur,
Que sa fortune lasse abandonne au malheur,
Devient un grand exemple, et laisse à la mémoire
Des changements du sort une éclatante histoire.
Il fuit, lui qui, toujours triomphant et vainqueur,
Vit ses prospérités égaler son grand cœur ;

Il fuit, et dans nos ports, dans nos murs, dans nos villes,
Et contre son beau-père ayant besoin d'asiles,

Sa déroute orgueilleuse en cherche aux mêmes lieux
Où contre les Titans en trouvèrent les dieux':
Il croit que ce climat, en dépit de la guerre,
Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre,
Et, dans son désespoir à la fin se mêlant,
Pourra prêter l'épaule au monde chancelant'.

jugé pour eux. Dès qu'on reconnaît des dieux, on doit convenir qu'ils ont jugé par la bataille même. Ces champs empestés, ces montagnes de morts qui se vengent, ces débordements de parricides, ces troncs pourris, étaient notés par Boileau comme un exemple d'enflure et de déclamation. Il fallait dire simplement:

Le destin se déclare; et le droit de l'épée,
Justifiant César, a condamné Pompée.

C'était parler en roi. Les vers ampoulés ne conviennent pas dans un conseil d'État. Il n'y a donc qu'à retrancher des vers sonores et inutiles, pour que la pièce commence noblement; car l'ampoulé n'est pas plus noble que convenable. (V.)

1 Une déroute orgueilleuse qui cherche un asile ne présente di une idée vraie, ni une idée nette. Où les dieux en trouvèrent contre les Titans est une idée qui pourrait être admise dans une ode, où le poëte se livre à l'enthousiasme; mais dans un conseil on parle sérieusement. De plus, Pompée serait ici le dieu, et César le Titan; et, si une comparaison poétique était une raison, c'en serait une en faveur de Pompée. (V.)

2 Un climat qui prête l'épaule forme une idée trop incohérente. Com

Oui, Pompée avec lui porte le sort du monde,
Et veut que notre Égypte, en miracles féconde,
Serve à sa liberté de sépulcre ou d'appui1,
Et relève sa chute, ou trébuche sous lui.

C'est de quoi, mes amis, nous avons à résoudre;
Il apporte en ces lieux les palmes ou la foudre :
S'il couronna le père, il hasarde le fils;
Et, nous l'ayant donnée, il expose Memphis.
Il faut le recevoir, ou hâter son supplice,
Le suivre, ou le pousser dedans le précipice.
L'un me semble peu sûr, l'autre peu généreux;
Et je crains d'être injuste, ou d'être malheureux.
Quoi que je fasse enfin, la fortune ennemie
M'offre bien des périls, ou beaucoup d'infamie :
C'est à moi de choisir, c'est à vous d'aviser
A quel choix vos conseils doivent me disposer.
Il s'agit de Pompée, et nous aurons la gloire
D'achever de César ou troubler la victoire 2;
Et je puis dire enfin que jamais potentat
N'eut à délibérer d'un si grand coup d'État 3.

PHOTIN.

Seigneur, quand par le fer les choses sont vidées 4,

La justice et le droit sont de vaines idées;

Et qui veut être juste en de telles saisons
Balance le pouvoir, et non pas les raisons 5.

ment l'auteur de Cinna put-il se livrer à un pareil phébus? c'est qu'il y eut de mauvais critiques qui ne trouvèrent pas les beaux vers de Cinna assez relevés; c'est que de son temps on n'avait ni connaissance, ni goût : cela est si vrai, que Boileau fut le premier qui fit connaître combien ce commencement est défectueux. (V.)

1 Appui n'est pas l'opposé de sépulcre; mais c'est une très-légère faute (V.)

2 On peut dire également ici de troubler ou troubler parce que le de répété est désagréable. Mais troubler n'est pas le mot propre; une vic toire troublée n'a pas un sens assez déterminé, assez clair. (V.)

3 L'usage veut aujourd'hui que délibérer soit suivi de sur: mais le de est aussi permis. On délibéra du sort de Jacques II dans le conseil du prince d'Orange: mais je crois que la règle est de pouvoir employer le de quand on spécifie les intérêts dont on parle. On délibère aujourd'hui de la nécessité, ou sur la nécessité d'envoyer des secours en Allemagne ; on délibère sur de grands intérêts, sur des points importants. (V.)

4 Les choses vidées n'est pas du style noble; de plus, on vide un procès, une querelle; on ne vide pas une chose. (V.)

5 En de telles saisons est pour la rime. Balance le pouvoir, et non pas les raisons; il veut dire, examine ce qu'il peut, et non pas ce qu'il

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