Page images
PDF
EPUB

pas

lui prouver par l'exemple qu'il n'avoit le sens/commun, lui fit servir à tous ses repas, pour tous mets, des perdrix. Le bon homme s'en lassa parce qu'on se lasse de tout. Au bout de la quinzaine, en parlant à Henri IV, il le pria de faire diversifier ses mets, parce qu'il étoit rassasié de perdrix. Eh bien! lui dit le roi, mon cher, ne vous étonnez pas si je change: toujours des perdrix? dites-vous; et moi je réponds, à mon tour toujours la même femme? Le confesseur se tut de crainte d'avoir encore des perdrix. Pour rompre l'uniformité de la vie il faut changer; sans le changement point de plaisirs, point de jouissances. La chanson suivante,imitée de Cowley, fournira un sujet de réflexions à nos lecteurs, et appuiera notre assertion. On pourra la chanter sur l'air qu'on

voudra.

:

Celle, si je m'en souviens bien,
Qui régna sur moi la première. ..

2

[ocr errors]

Qui, la première... fut Glycère :

Pauvre Glycer

en moins de rien

On la vit, la belle Hélène,

Céder le trône sans retour :

Celle-ci n'y siégea qu'un jour,
Puis le remit à Madeleine.

Je prenois goût au changement:
Madeleine fut détrônée ;

Annette me plut un moment;
Cécile finit la journée.

Honorine, le sceptre en main,
Voulut être ma souveraine ;
J'y consentis.... le lendemain,
Lise s'offrit, et fut ma reine.

J'avois déjà changé six fois,
Lise conservoit son empire
Depuis près de quatre grands mois :
Pour son malheur, je vis Zelmire:
Zelmire fut reine à son tour g
Jusqu'au moment où Rosalie,
Riche en appas, riche en amour

De m'adorer fit la folie.

L'attribut

L'attribut de la royauté

Depuis deux mois ornoit sa tête;
Rosalie en prit vanité :
Euphrosine fit ma conquête.

Euphrosine, non sans courroux,
Résigna le sceptre à Victoire.
Le cœur de Rose en fut jaloux,
De l'obtenir il eut la gloire.
Rose, hélas! régna dix-huit jours ;
Ce fut un siècle d'injustices.

J'étois bien las de ses caprices,
Quand Laure en arrêta le cours.
Quelle étoit belle, c.tte Laure !....

Suzon pourtant la supplanta:
Mais aussitôt Éléonore

Parut et la déposséda.

Marthe détrôna la dernière ; Marthe mourut un mois après. Pour m'en consoler, out exprès, Je prie Flore, Agnès et Glycère; Je leur donnai quelques instans: Puis j'aimai, je laissai Sophie: Ensuite vint une anarchie,

Dont je me souviendrai long-tems!

G

Je repris le joug monarchique,
Et reperdis ma liberté.

Un matin, la belle Angélique
S'empara de la royauté.

A midi sonnant, Rosamonde
Réussissoit à l'en chasser:

Et dès le soir, Suzon seconde,
Me plut, et vint les remplacer.

Je comptois ma vingtième année:
Glycère, troisième du nom,
Chassa la folâtre Suzon,`
Qui ne régna qu'une journée.
Ah! ce n'est point avoir étéˆ
Que d'avoir été sans Glycère.
Puisse, puisse le ciel prospère
Lui donner long règne et santé !

URBANITÉ.

Fleur qui naît de la culture des lettres et des arts, fleur presque desséchée sous le souffle impur des nouyeaux parvenus. Eh! quelle fleur ne se flétriroit pas sous une haleine qui

n'exhale que levin et l'eau-de-vie! Bien boire, bien manger, bien dormir sont choses aisées à faire ; et voilà la raison seule pourquoi ils le font. Ne leur demandez rien de plus, ce seroit peine inutile. Vox clamantis in deserto.

[ocr errors]

INSURRECTION.

Si, dans une fermentation générale, un athénien ne se joint à aucun parti, et refuse de prendre part aux troubles civils, qu'il soit chassé de ses foyers`, de ses possessions, de sa patrie, et qu'il soit envoyé aux extrémités de la terre! «< Cette loi de Solon, au premier abord, semble un peu révoltante; mais, en la méditant avec une profonde attention on voit qu'elle est pleine de sagesse : quand une partie du peuple s'insurge, l'autre partie, en se joignant aux insurgés, annulle pour ainsi dire le mouvement révolutionnaire. Ce qui a fait dire au célèbre J.-J. Rousseau que les gens les plus dangereux dans

« PreviousContinue »