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Et qui, depuis trente ans, écrit pour des ingrats, Vient de créer un mot qui manque à Vaugelas: Cemot est bienfaisance; il me plait, il rassemble, Si le cœur en est cru, bien des vertus ensemble.

Petits grammairiens, précepteurs des sots, Qui pesez la parole, et mesurez les mots, Pareille expression vous semble hasardée, Mais l'univers entier en doit chérir l'idée.

MANDEMENT.

le

Ordonnance pastorale qui distille l'ennui et la sottise. Un évêque, rencontrant Piron dans une société, salua et lui dit: Comment vous portezvous, monsieur Piron? Fort bien; ⚫et vous, monseigneur? A merveille. Avez-vous lu mon mandement ? encore; et vous, monseigneur?

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Pas

Un archevêque chargea un jour un abbé de lui faire relier un recueil de mandemens, lui disant qu'il craignoit que le volume ne fût trop gros. Non, monseigneur, lui répondit le secré

taire; quand on l'aura bien battu et bien relié, et qu'on le reliera, tout cela sera fort plat.

AMBITION.

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Instinct, ou plutôt sottise sérieuse qui nous porte à nous aggrandir par quelque voie que ce soit. Elle se loge dans le cœur de tous les hommes; elle est dans le cénobite qui place sur son froc une croix de bois, comme dans le guerrier qui se fait chamarrer de tous les cordons de l'Europe; elle anime le caraïbe qui ne cherche qu'un hamac, comme Alexandre qui veut multiplier les mondes pour avoir la gloire de les conquérir.

A POTHIC AIR E.

Espèce de marchand qui manipule des drogues qu'il ne connoît pas, pour les faire entrer dans un corps qu'il connoît encore moins.

De tout tems, les apothicaires ont

prêté à la plaisanterie ; Molière a fait pleuvoir sur eux un déluge de sarcasmes qui ne connoît ce trait vraiment comique d'un personnage de comédie, auquel Molière fait dire à un apothicaire: On voit bien, monsieur, que vous n'êtes pas accoutumé à parler à des visages. Ceci nous rappelle l'épitaphe suivante :

Ci-gît qui, pour un quart d'écu,
S'agenouilloit devant un c...

AMOUR.

Qu'est-ce que l'amour? L'un vous répond que c'est une affection qui fait le charme de la vie ; l'autre, que c'est un instinct brutal qui cherche à assouvir un besoin. Celui-ci vous dit qu'il est l'échange de deux fantaisies, et le contact de deux épidermes ; celui-là que c'est une espèce de liaison qui a sa source dans le rapprochement et l'identité des humeurs de deux personnes. Après avoir entendu toutes ces belles

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choses on n'en est pas plus avancé. Tout ce qu'il y a de certain, c'est que l'on aime bien qu'une seule fois, c'est la première ; que les amours qui suivent sont moins involontaires. Pour nous résumer, l'amour s'occupe du présent, cherche le plaisir actuel, oublie les maux passés, et n'en prévoit point pour l'avenir.

CONFESSION.

Le coup de maître du sacerdoce en politique, pour s'emparer des consciences et les diriger à sa fantaisie et le dernier degré de la sottise pour se livrer pieds et mains liés à des portesoutanes qui vouloient la dépouiller. L'indiscrétion des confesseurs, les sar'casmes qu'on a fait pleuvoir sur cette invention diabolique, et, plus que tout cela, les raisonnemens de la philosophie, ont presque détruit cette misérable et pernicieuse coutume. On a chansonné

les confesseurs, les confessés et la confession, et on n'entend plus parler de tout cela que dans le cercle de quelques vieilles dévotes qui, tenant à leurs anciennes habitudes, aiment encore avouer leurs fautes à un homme, n'en pouvant plus recevoir de galanteries. Voici la confession d'une fille ignorante qui plaira par sa naïveté :

Isabeau, non loin de sa mère,

Aux genoux d'un vieux moine étoit,
Et tout bas, tout bas se hâtoit
De conter sa petite affaire.

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Mais sa mère pourra l'entendre!

Et le cas est embarrassant.

Elle dit tout en rougissant :

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Je ne sais pas comment m'y prendre.

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