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* LE TAMBOUR

D U

MONDE.

QU'EST-CE

DIE U.

U'EST-CE que Dieu ? A ce nom sacré, prononcé devant Newton, ce grand homme faisoit une inclination de tête, pour marquer son respect. Interrogez Jérôme Lalande, le nouveau Mathieu Laensberg, il vous répondra d'un ton affirmatif, et avec un sourire sardonique, qu'il n'y en a point. Interrogez Sylvain Maréchal, il vous présentera sou livre intitulé: Dieu et les Prêtres, et son gros Dictionnaire des Athées, précédé d'une préface, dans laquelle il annonce qu'il va renverser le suprême ordonnateur des mondes de son trône

A

usurpé depuis tant de siècles. Interrogez Voltaire, il vous dira que la croyance d'un Dieu

Est le sacré lien de la société,

Le premier fondement de la sainte équité,
Le frein du scélérat, l'espérance du juste.
Si les cieux, dépouillés de son empreinte auguste,
Pouvoient cesser jamais de le manifester,
Si Dieu n'existoit pas, il faudroit l'inventer.

Mais que sont les sentimens de Voltaire, J.-J. Rousseau et Montesquieu contre les assertions de deux extravagans qu'on auroit dû depuis long-tems caserner aux Petites-Maisons? Jérôme Lalande a découvert la non-existence d'un Dieu en regardant en l'air, et Sylvain Maréchal en regardant à ses pieds (Sylvain est myope.)

HABLEUR.

Surtout certain hableur, à la gueule affamée, Qui vint à ce festin, conduit par la fumée, Et qui s'est dit profès en l'ordre des coteaux, A fait, en bien inangeant, l'éloge des morceaux.

On peut dire d'un hableur que c'est un personnage ennuyeux, qui dit tout ce qu'il croit, tout ce qu'il veut, tout ce qu'il sait; et, faute de tout cela, tout ce qu'il ignore.

Tout homme qui parle tant,

Et cherche en vain l'art de plaire,
Seroit bien plus divertissant

S'il savoit celui de se taire.

NOUVEAUTÉ.

re

Elle renferme les deux contraires : elle plaît et attire; elle déplait, pousse, et souvent révolte. Deux sortes de personnes sont avides de voir : celles qui n'ont rien vu, et celles qui, ayant beaucoup vu, n'ont pourtant rien vu qui les satisfasse. Ainsi, le vulgaire et les philosophes courent après la nouveauté. Partout, et surtout en Francè comme dit le bon Lafontaine :

Il nous faut du nouveau " n'en fût-il plus au monde. SUICIDE.

Le suïcide est un homme qui, par

spéculation, trouve tout aussi simple d'aller chercher le bonheur dans l'autre monde que de tenter fortune dans le nouveau. On peut regarder celui qui se tue comme un laquais qui quitte un maître qui ne lui paie point ses gages.

BROCAR D.

Burchard, évêque de Worms, mort en 1024, compila le grand volume des décrets,et acquit une telle autorité,qu'il suffisoit, dans les disputes de l'école d'alléguer une de ses sentences pour terrasser son adversaire. De là, vient le nom de Burcadicum ou Brocardicum, un brocard, pour désigner une réflexion sans réplique. La signification de ce mot est bien changée depuis ce tems, car on n'entend plus qu'une pointe, une mauvaise plaisanterie, et souvent un mauvais calembourg.

FORTUN E.

Qui ne court après la fortune? Elle

prodigue ses faveurs à quelques personnes, les fait espérer à un plus grand nombre, et finit par laisser ses plus chers courtisans; mais, en définitif,

De la fortune à tort on se plaint tous les jours; On lui reproche en vain d'user de préférence: Équitable envers tous, elle donne toujours La crainte au riche, au pauvre l'espérance.

DESSE I N.

Intention, projet ou résolution de faire quelque chose; mais souvent

L'homme propose,

Dit le proverbe, et Dieu dispose; J'en suis persuadé, comme tout bon chrétien, Et cela, sans doute, est la cause Qu'en ce monde tout va si bien.

EXPRESSION.

On peut l'appeler l'habit de la pensée. Le monde juge souvent de la bonté d'un discours par la beauté de l'expression, comme du mérite d'un

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