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tuels consiste dans le droit canon et cet argument est irrésistible.

USURPATEUR.

Homme audacieux qui sait mettre à profit les circonstances et les tourner à son avantage.

On louoit un jour un usurpateur d'un royaume de l'avoir conquis. Il m'est plus glorieux, dit-il, de le conserver par ma prudence que de l'avoir conquis par la lâcheté de mes ennemis. Le premier roi fut un usurpa

teur.

MÉDECINE.

Les anciens se donnèrent bien de la peine pour en faire une science, et ils n'y réussirent pas. Les modernes ont tâché d'en faire un trafic, et ils y ont réussi. En conséquence on médicamente un malade, à tort et à tra

vers, jusqu'à ce que les remèdes l'aient tué, ou que la nature l'ait sauvé.

Un malade interrogé par son médecin quel effet il sentoit des mélicamens qu'il lui avoit donnés : j'ai fort sué, répondit-il. Cela est bon, dit le médecin. Une autre fois il lui demanda encore comment il s'étoit trouvé depuis: j'ai eu un froid extrême, dit le malade, et j'ai fort tremblé. Cela est bon, dit encore le médecin. A la troisième visite, même question de sa part je me sens, dit le malade, enfler et bouffir comme d'hydropisie. Voilà qui va bien, ajouta le médecin. Là-dessus, un des amis du malade, venant à s'informer de son état : certes, mon ami, à force d'être bien, je me meurs.

LECTURE.

C'est une espèce de fureur particulière à tous les goujats du Parnasse de lire leurs productions au premier venu,

Ils le verront bailler, étendre les bras et s'endormir ; ils ne cesseront pas de poursuivre leur lecture, et de le réveiller de tems en tems pour lui demander son avis, qu'ils ne suivront pas. Ils promènent leurs petits vers de maison en maison, de boudoir en boudoir, de société en société, quêtant des applaudissemens qu'on ne leur donne que pour se débarrasser d'eux, et de leur muse ennuyeuse et maussade. S'ils rencontrent dans la rue quelques personnes de leur connoissance, ils les tirent à part, les font asseoir sur une borne, et sortant un manuscrit de leur poche, l'un lit sa journée, l'autre une satyre en vers iroquois ; celui-ci un bouquet à Cloris, l'autre un accrostiche à Aglaé. Si, par malheur, le Courier des Spectacles passe, il vous happe aussitôt, et vous fait la lecture d'une douzaine de charades, d'énigmes et de logogriphes; il vous défie ensuite de les deviner : ce qu'assurément on ne peut faire, attendu que

que leur profondeur passe toute intelligence humaine. Il n'y a que celui qui les fait qui les devine.

Quelquefois dans les lectures particulières que les poètes font de leurs vers à la glace, les gens du monde se plaisent d'enivrer d'encens un pauvre auteur comme pour lui faire tourner la tête. Ces petits poètes, ayant beaucoup de modestie, ont un excellent moyen de se dérober au bruit de leurs productions ils les font imprimer et on n'en parle plus.

:

IDOL E.

Peut décheoir de sa divinité par bien des accidens. Le mariage, en particulier, est une espèce d'anti-apothéose ou de canonisation renversée. D'abord qu'un homme devient familier avec sa déesse, elle retombe bientôt dans son état de créature mortelle.

K

ABRICATION.

Démarche dont on finit toujours par se repentir. Christine, reine de Suède, s'imagina que son abdication alloit fixer sur elle tous les yeux, et qu'on ne parleroit plus que d'elle dans toute l'Europe. On en parla effectivement deux ou trois jours, et après on n'y songea plus. Elle vit qu'elle avoit fait une sottise, lorsqu'il ne fut plus

tems.

Charles Quint, après avoir fait trembler une partie de l'Europe, crut ne pouvoir mieux couronner ses trophées militaires que par une abdication, en prenant l'habit de moine au couvent de Saint-Just. On le laissa faire : on en parla un moment, et on oublia le moine.

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Fausse abondance, plus odieuse que la stérilité, et plus à craindre que la

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