subdivisent en mille, et ces mille ontencore des nuances différentes.

VERS.

Le jeu d'échecs ressemble au jeu des vers:
Savoir la marche est chose très-unie;
Jouer le jeu, c'est le fruit du génie.

Jamais la récolte n'en a été plus abondante que l'année passée. Il n'y a pas de grimaud d'écolier qui n'en ait forgés: il existe beaucoup de manufactures générales, où il s'en fabrique à tant le mètre.

On peut assurer avec vérité qu'il s'est fait l'année dernière 10,000,000 de vers, dont mille peut être n'iront pas à leur adresse, c'est-à-dire à la postérité. Au bout du compte chacun,

É

QUIVO QUE.

Voile qui peut être tissu avec beaucoup d'art, sans prouver beaucoup

d'esprit. En général l'équivoque est une espèce de calembourg, ou de jeu dont on doit user le moins

de mots, possible, parce qu'il ennuie à la longue. En voici un d'un allemand, qui ne pèche pas par la malice.

Un allemand fort habile en musique, Mais connoissant le langage harmonique Mieux que celui que parlent les françois, Un certain jour, à la cour de nos rois, · Fut appelé pour jouer de sa lyre. Toute la cour éprouvoit un délire Qu'on ne peut rendre. On s'écria soudain: Ah! pour le coup, divin! divin! divin! Ce dernier mot plut beaucoup à l'oreille De l'Amphion, fort ami de la treille,

Qui, regardant partout, cria :-Je veux partir, J'entends parler de vin, moin'envoir point venir,

A MI S.

Le nom d'ami est commun, mais la fidélité en est rare. Dans le monde où il n'y a point d'intérêt, il n'y a point d'amitié ; c'est lui qui la fait naître,

c'est lui qui la nourrit, et c'est lui qui l'anéantit. Les méchans ont des complices, les volupteux des compagnons de débauche les intéressés des associés, les politiques des factieux, les princes des courtisans : les hommes vertueux ont seuls des amis.

Un philosophe ancien disoit : Mon ami est un autre moi-même; quand je suis avec mon ami, je ne suis pas seul, et nous ne sommes pas deux.

A VIDIT É.

Pour avoir une idée de la valeur de ce mot, il n'est besoin que de se figurer une bande d'héritiers collatéraux assistant à la levée des scellés, et à l'inventaire du riche mobilier d'un parent décédé. Gens qui, selon Regnard,

... D'un régard avide, et d'une dent de loup, Dans le fond de leur cœur dévorent, par avance, Une succession qui fait leur espérance,

VULGAIRE.

Partie du peuple sans éducation, envieuse, méchante, légère, inconstante, quiréfléchit peu, prononce sans examen, et qui ne voit tout et ne juge tout qu'à travers le prisme des préjugés. Celui qui a dit: La voix du peuple est la voix de Dieu, a dit une grande absurdité. Si cette espèce d'axiôme étoit vraie, Dieu auroit choisi un fort mauvais truchement.

Car, en un mot, le vulgaire stupide

Ne suit jamais que le plus mauvais guide,
Et ne voit rien qu'à travers les faux jours
D'un verre obscur qui le trompe toujours.
D'un œil confus, il cherche, il développe
Quelques objets tournez le télescope;
Ce qui d'abord lui parut un géant,
Semble à ses yeux rentrer dans le néant.

POLITIQUE.

Hommes fins et profonds! creusez

vous la tête pour trouver des combinaisons dans ce qui n'est souvent que l'enchaînement des circonstances et le produit du basard. Après de profondes et larges méditations, vous reconnoîtrez en définitif que presque tous les évènemens qui arrivent sont les résultats des petites causes. Une tasse de café renversée sur la robe de l'une des favorites de la reine Anne d'Angleterre procura la paix à tout le continent.

Quelqu'un a dit que la politique étoit une lime sourde qui usoit et parvenoit toujours à sa fin : il ne faut qu'ouvrir l'histoire pour se convaincre de la fausseté de cette pensée. La politique n'étant autre chose que l'art de tromper, chacun doit s'en méfier, et c'est cette méfiance convenue qui fait que rarement elle peut agir et aller droit à son but.

Toute la politique des souverains ac