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Je n'ai pourtant pas executé mes courageux deffeins, je n'en ai pas été le Maître. Cette Edition n'eft que pour l'interêt du Libraire, & nullement pour le mien. Il a voulu remedier au préjudice que lui apportent un grand nombre d'Editions contrefaites, & en donner une qui les fit tomber. Il n'a donc pas été poffible d'y faire des retranchemens, elle auroit paspour défectueufe. Le Public ne fouffre pas qu'on lui dérobe rien de ce qu'il a une fois eu en fa poffeffion, peutêtre même fa malignité en feroit-elle affligée, elle perdroit des Sujets de s'exercer.

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Il pourra bien mépriser, ou-
blier, ce qu'on lui donne de
trop, mais il veut en avoir
le plaifir; & fi ce
& fi ce trop entraî-

ne la difgrace du reste, c'est
ce qui ne lui importe guere.
Par ces raifons je n'ai pas
fupprimé les Lettres du Che-
valier d'Her... qui dès qu'el-
les parurent fe glifferent à
la fuite des Dialogues des
Morts, & de la Pluralité des
Mondes, & que je n'ai jamais
avouées. L'Hiftoire en feroit
peu agréable, & fort indiffé-
rente au Public; puifqu'il les
a crues de moi, & qu'il les a
eues même fous mon nom
qu'il les ait encore. Je vou-
drois bien que sa séverité

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ne tombât que fur elles. Je parle jufqu'ici précisément comme j'ai fait dans ma derniere Edition de Paris de 1724. mais il faut présentement, à ce qu'il me femble, changer de ton, puifque je donne une Addition très-confiderable par fa groffeur. La Vie de M. Corneille, avec Hiftoire du Theatre François jufqu'à lui, & des Réflexions fur la Poetique. Comment, concilier cela avec ce grand amour pour les retranchemens dont je me fuis vanté ? Il y a près de so. ans que cet Ouvrage eft fait. Je n'avois nul empreffement de le donner au Public. Je fçavois

que je n'avois pas fait affés de recherches fur l'Hiftoire du Theatre François, ni apparemment affés de réfle xions fur la Poetique, & dans ce long espace de tems, il a paru des Hiftoires de no tre Theatre beaucoup plus détaillées, & des Pieces nouvelles me faifoient naître de nouvelles vûes fur le fond de l'Art. Cependant je ne renfermois pas mon Manufcrit avec un extrême foin. Je le faifois voir quand on en avoit envie, je le prêtois en aver tiffant bien que ce n'étoit pas un Ouvrage fini, & je par, donnois à ceux qui en déroboient des Copies. Quand

M. l'Abbé d'Olivet donna en 1729. fa belle Hiftoire de Academie Françoife, il eût puy mettre la Vie de M. Corneille fans mon confentement, & il ne me le deman→ da que par politeffe. Elle est donc déja publique, & je ne la pouvois plus refufer au Libraire. Il eft vrai que je la donne ici avec deux mor+ ceaux qui ne l'accompa gnoient pas encore quoiqu'ils lui appartinffent, & ces deux morceaux ne font que dans leur ancien état. Tout

le long tems qui s'est écoulé depuis qu'ils font faits, a été rempli par des travaux d'une nature toute differente, & à

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