Page images
PDF
EPUB

chard si facilement pénétrables suivant lui, qu'une partie au moins de l'encre aurait dû s'infiltrer dans ces vaisseaux? Or, comme ceux-ci occupent, toujours d'après cet auteur, l'intervalle qui sépare le canal aérifère de la tunique extérieure, le liquide, n'ayant aucun obstacle à éprouver de la présence immédiate de l'air, aurait dû pénétrer d'autant mieux dans les fines ramifications vasculaires, qu'il était favorisé par les lois de la capillarité. Qu'on veuille bien se pénétrer de ce raisonnement ! Dans l'idée de cette infiltra tion inter-membranulaire, je prévoyais bien que la nuance devait être encore plus pâle que la teinte enfumée des troncs. J'ai donc apporté dans cette exploration, le soin le plus scrupuleux et cependant je n'ai pas trouvé la moindre différence entre le nacré des trachéoles du côté des stigmates intacts, et celui des trachéoles du côté des stigmates excisés. Ce fait négatif, minime en apparence, a pourtant sa valeur physiologique. Il témoigne à mes yeux d'abord de la présence de l'encre dans le véritable canal aérifère et puis de la présence de l'air dans les divisions de ce canal d'où l'encre n'a pas pu le déloger.

Il m'est arrivé plusieurs fois d'injecter soit avec le bleu, soit avec l'encre des courtilières de manière à remplir, à distendre l'abdomen et le thorax sans qu'une seule trachée, le moindre rameau aient été pénétrés par le liquide coloré. Or, les individus injectés à l'encre ont, malgré cette hydropisie artificielle, survécu plus d'une heure. Ce défaut de coloration des trachées tient probablement à ce que l'in troduction de la canule dans la lacune abdominale a eu lieu sans blesser ni trachées, ni trachéoles de quelqu'importance. Si pourtant les vaisseaux circulatoires de M. Blanchard existaient, comment leurs bouches béantes respectées dans cette injection, n'auraient-elles pas aspiré le liquide coloré dans un orthoptère si riche en belles trachées ? J'en

[merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

chard si facilement pénétrables suivant lui, qu'une partie au moins de l'encre aurait dû s'infiltrer dans ces vaisseaux? Or, comme ceux-ci occupent, toujours d'après cet auteur, l'intervalle qui sépare le canal aérifère de la tunique extérieure, le liquide, n'ayant aucun obstacle à éprouver de la présence immédiate de l'air, aurait dû pénétrer d'autant mieux dans les fines ramifications vasculaires, qu'il était favorisé par les lois de la capillarité. Qu'on veuille bien se pénétrer de ce raisonnement ! Dans l'idée de cette infiltra. tion inter-membranulaire, je prévoyais bien que la nuance devait être encore plus pâle que la teinte enfumée des troncs. J'ai donc apporté dans cette exploration, le soin le plus scrupuleux et cependant je n'ai pas trouvé la moindre différence entre le nacré des trachéoles du côté des stigmates intacts, et celui des trachéoles du côté des stigmates excisés. Ce fait négatif, minime en apparence, a pourtant sa valeur physiologique. Il témoigne à mes yeux d'abord de la présence de l'encre dans le véritable canal aérifère et puis de la présence de l'air dans les divisions de ce canal d'où l'encre n'a pas pu le déloger.

Il m'est arrivé plusieurs fois d'injecter soit avec le bleu, soit avec l'encre des courtilières de manière à remplir, à distendre l'abdomen et le thorax sans qu'une seule trachée, le moindre rameau aient été pénétrés par le liquide coloré. Or, les individus injectés à l'encre ont, malgré cette hydropisie artificielle, survécu plus d'une heure. Ce défaut de coloration des trachées tient probablement à ce que l'introduction de la canule dans la lacune abdominale a eu lieu sans blesser ni trachées, ni trachéoles de quelqu'imporSi pourtant les vaisseaux circulatoires de M. Blanxistaientent leurs h béantes respectées s aspiré le liquide

[graphic]
[ocr errors]

tends d'ici M. Blanchard se retrancher derrière le peu de valeur des faits négatifs pour infirmer des faits positifs. Je ne saurais admettre la rigueur de cette sentence.

Et de ce qu'un fait est donné comme positif, s'en suit-il qu'on ne puisse pas lui contester ce caractère; est-il donc déclaré inébranlable et inattaquable? Quand l'établissement de ce fait est le résultat de l'expérimentation et du raisonnement, ne peut-on pas le combattre par l'épreuve des mêmes moyens ? Dans le cas actuel, l'absence d'infiltration vasculaire dans des conditions favorables à son effectuation a néanmoins, quoique fait négatif sa portée physiologique! Ce même fait négatif ne confirme-t-il pas puissamment le fait positif des infiltrations colorées partielles dont j'ai parlé plus haut et qui s'expliquent par la rupture ou le déchirement de trachées ou de trachéoles?

Faut-il le dire sans détour? ces arborisations bleues ou noires, tant partielles que plus ou moins générales, ont dans mon esprit peu de signification physiologique quant à la circulation vasculaire. Ce sont des images qui peuvent halluciner des yeux prévenus, complaisants ou peu compétents. Elles justifient l'hémistiche du poète latin que j'ai pris pour épigraphe.

Les orthodoxes de la circulation vasculaire dans les insectes n'ont pas, je crois, convenablement apprécié cette prodigalité de trachées, ce luxe, cette somptuosité de canaux aérifères dont les divisions infinies, semblables à celles des vaisseaux sanguins des animaux supérieurs vont insinuer partout le fluide respiratoire. L'insecte est sous ce rapport un poumon universalisé. C'est là, sans contredit, le trait anatomique le plus caractéristique de ce groupe transitionnel des articulés. Les partisans de la circulation ont tous, sans doute, lu le célèbre mémoire de Cuvier, mais l'ont-ils bien médité? La providence, aussi sublime que

conséquente dans ses œuvres, n'a étalé sur et dans tous les tissus ces resplendissantes broderies trachéennes qu'avec la mission toute vitale de faire jouir du bénéfice de l'air le liquide nourricier partout épanché, partout infiltré. Voilà une vérité qui saute aux yeux de quiconque a l'habitude de porter le scalpel dans les entrailles des insectes; mais je crois qu'on l'a mal interprétée. Si le génie créateur eût voulu accorder aux insectes un cœur et des vaisseaux sanguins, pourquoi ne les aurait-il pas dotés en même temps d'un organe respiratoire circonscrit destiné à l'oxygénation du sang? Comment n'aurait-il pas été conséquent à luimême lorsqu'il a organisé les choses ainsi dans les arachnides qui ne précèdent que d'un degré les insectes dans l'échelle zoologique ?

Ces mêmes orthodoxes ont trop isolé leur sujet; ils ont méconnu ou mal apprécié la filiation organique qui existe entre les insectes et les animaux qui les dévancent dans la série. S'ils avaient consulté la marche si savamment graduée des créations; s'ils s'étaient mis sous les yeux cet admirable enchaînement des faits anatomiques, ils seraient arrivés par le plus simple, le plus naturel des raisonnements, la plus logique des inductions à refuser aux insectes une véritable circulation. Cette opinion négative se serait fondée, indépendamment de l'absence d'organes circulatoires bien conditionnés, soit sur la circulation moitié vasculaire, moitié lacuneuse des mollusques établie d'abord par Cuvier, plus généralisée ensuite par M. Milne Edwards, soit sur celle des crustacés, animaux intéressants dans la question par leur position classique entre les mollusques qu'ils suivent et les insectes dont ils ne sont séparés que par les Arachnides. Ils auraient retrouvé dans ces crustacés, une interruption manifeste dans leur appareil vasculaire, mise en évidence par les belles recherches d'Audouin et de M. TOME XVI. 3

« PreviousContinue »