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ner naissance à une nombreuse postérité, s'accouple dans le mois d'Octobre. Placée sur une plante ou sur une feuille d'arbre, elle attend dans l'immobilité que quelque mâle vienne la féconder. Si celui-ci l'aperçoit, il voltige de droite. à gauche par un mouvement ondulé, sans s'éloigner beaucoup, s'approche, se retire tour à tour et paraît hésiter à s'avancer sur sa femelle; mais il finit par se poser près d'elle, et après quelques caresses auxquelles elle ne parait prendre aucune part, il grimpe sur son dos et en descend pour y monter encore Il s'accroche au corselet avec ses deux pattes antérieures qu'il tient tendues et reporte peu à peu son corps en arrière pour que ses organes copulateurs soient en contact avec ceux de la femelle. L'appareil génital paraît alors en entier, les deux cornes qui sont de chaque côté du penis, tâtonnent pour s'introduire dans la vulve et la femelle est très-indifférente aux désirs du mâle qui n'en est que plus empressé. Enfin excitée par tous ses préludes, elle place son abdomen plus horizontalement. Le måle, après quelques efforts, parvient à introduire l'extrémité des deux cornes dans l'orifice vaginal, il les ouvre et les ferme alternativement pour en dilater l'ouverture et faire pénétrer l'organe générateur. Cet acte accompli, il reste quelque temps dans sa primitive attitude; mais soit que les efforts qu'il a faits l'aient affaibli, soit que cette position le fatigue, il se renverse en arrière et reste attaché à sa femelle pendant tout le temps nécessaire à la fécondation. Cette union dure tant que l'organe masculin est dans un état d'excitation et jusqu'à ce que l'émission du sperme ait lieu. Dès que l'orgasme cesse chez le mâle et que la contraction de l'orifice vaginal n'existe plus, les deux individus se séparent. Le mâle, devenu libre, va se poser sur une plante et après quelques instants, il prend l'essor pour aller mourir plus loin, car il survit à peine un jour.

Les femelles qui ont été fécondées sentant l'approche des frimats, cherchent un refuge dans les greniers et dans les trous des murs de l'intérieur des maisons. On les voit par un beau temps, voltiger çà et là pour trouver un lieu commode où elles passeront l'hiver. L'ont-elles trouvé, elles s'y blottissent jusqu'à l'arrivée des beaux jours, où elles s'occuperont alors à jeter les fondements d'une nouvelle colonie.

Après avoir formé des cellules propres à recevoir sa nouvelle famille, la guêpe femelle y pond des œufs qui ne tardent pas à éclore. Elle nourrit les larves qui en sortent, avec une espèce de pâtée ou bouillie qu'elle leur prépare. Lorsque celles-ci ont pris tout leur accroissement, elles bouchent l'ouverture de leur cellule d'un couvercle soyeux, et lorsqu'elles sont devenues insectes parfaits, pour faciliter leur sortie, elles coupent circulairement ce couvercle avec leurs mandibules, le laissant cependant adhérer par un point de la circonférence. Les nids des polistes qui se trouvent sur diverses plantes, en offrent de nombreux exemples. Ces insectes ne cherchent point à se servir de leur aiguillon, on peut les emporter chez soi, les toucher et les examiner sans crainte.

L'analogie qu'il y a entre la famille des abeilles et celle des guêpes, corposée l'une et l'autre de trois sortes d'individus; la ressen bance qui existe entre leurs organes sexuels (1), prouve à a'en pas douter que l'accouplement des abeilles, loin d'avoir lieu avec toutes les circonstances fabuleuses et conjecturales dont on l'avait enveloppé jusqu'à ce jour, s'opère de la même manière que celui des guêpes, hors de la ruche et à l'écart; que la femelle ne reçoit point deux fois les approches du mâle, qu'une seule suffit et n'est ja

(1) Mémoire de Réaumur sur les Insectes.

Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle de Déterville, T. 1, p. 7, paragraphe 1. 1817

mais infructueuse puisqu'il y a un accouplement parfait, et que le mâle après l'accouplement n'est pas privé des parties de la génération, qui ne restent pas fixées à celles de la femelle.

Ce n'est point, comme je l'ai dit, dans les ruches et dans les guêpiers qu'il faut chercher à connaître la fécondation des abeilles et des guêpes. La quantité de mâles qui s'y trouvent se nuisent les uns et les autres : c'est dans la campagne qu'il faut surprendre le mystère de la génération de ces insectes; mais que l'observateur y prenne garde, un pas, un geste suffisent pour le priver quelquefois sans retour de ce qu'il croyait déjà lui appartenir.

Chez quelques hyménoptères de la famille des mellifères, les préludes de l'accouplement se font d'une manière trèsdifférente. La femelle du Bourdon des mousses, Apis muscorum, se pose sur une plante pour recevoir le mâle. La Xilocope violette, Xilocopa violacea, vole en rodant autour de sa femelle suspendue à une feuille et cherche à saisir le moment favorable pour s'élancer sur elle. La femelle d'une espèce d'Osmie, se tenant sur un plan horizontal, attend le mâle qui vient se placer sur son dos et s'y accrocher : par un mouvement de friction d'avant en arrière, il cherche à exciter sa femelle au plaisir, il l'abandonne, revient plusieurs fois, renouvelle le même manège, et finit par la féconder.

J'ai étudié et examiné, avec l'attention la plus scrupuleuse, les faits que je rapporte. Je n'ai rien omis de ce qui pouvait me faciliter les moyens d'arriver à la vérité. J'ose donc espérer que mes observations sur la fécondation des guêpes serviront à jeter quelque jour sur leur histoire et sur celle des abeilles.

Angoulême, Septembre 1848.

A. TRÉMEAU de Rochebrune.

X. OBSERVATIONS sur l'accouplement des Lombrics

terrestres.

M. Ant. Dugés, dans ses recherches sur la circulation, la respiration et la reproduction des Annélides abranches, dit qu'il lui a été impossible de continuer ses investigations sur leur génération et ses diverses phases (1)

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Un heureux hasard m'ayant mis à même de faire quelques observations sur l'accouplement du lombric trapézoïde, j'ai cru devoir les soumettre à la Société Linnéenne.

Lombric trapezoïde, Lombricus trapezoïdes. Ce lombric long de huit pouces (22 centimètres) est brunâtre endessus, pâle en-dessous quelquefois noirâtre en avant; la queue est plus décidément quadrilatère, plus étroite et moins obtuse que chez le lombric géant ( DUGES, loc. cit.).

Organes masculins. Ces organes sont placés sous le douzième anneau après la tête et en occupent cinq; seize anneaux les séparent de l'organe générateur femelle De petits corps blancs, longs d'environ une ligne ( 2 millimètres), et que je regarde comme autant de penis, sortent de chaque côté des cinq anneaux à l'époque du rut de ces annélides et correspondent à de petits testicules hémisphériques, de la grossseur d'un grain de millet, situés dans la cavité thorachique. La partie de l'anneau d'où sortent ces penis, a la forme d'un petit mamelon dont l'orifice produit l'effet d'une

ventouse.

Organes féminins. Ces organes paraissent sur le trente ou trente-troisième anneau; ils en occupent cinq. On les reconnaît à des espèces de petites vulves, placées comme les organes mâles, à l'extrémité d'un petit mamelon. Ils

(1) Annales des Sciences, année 1828.

sont si fortement gonflés que dans cette partie, le corps du lombric a un tiers de plus en grosseur et forme un renflement considérable de couleur de chair (1). Cette couleur s'étend sur toute la circonférence de l'organe femelle et le fait facilement distinguer. La partie sexuelle mâle, n'est d'une teinte rosée que sur la face inférieure : le dos conserve sa couleur brune.

Lorsque le printemps anime, d'une nouvelle existence, tous les êtres vivants et que le soleil réchauffe la terre, les lombrics se recherchent pour se livrer à la reproduction. C'est dans le mois d'Avril ou de Mai, suivant la température, qu'a lieu leur accouplement Pendant cet acte, ils sont placés dans un sens tout-à-fait opposé, c'est-à-dire que la partie antérieure de l'un est tournée vers la partie postérieure de l'autre, pour que les organes mâles correspondent aux organes femelles. fig. I. Les lombrics adhèrent fortement l'un à l'autre et sont dans un état de torpeur dont rien ne peut les tirer. Un tiraillement assez violent, ne les sépare pas et montre l'union intime qui existe entre les organes générateurs. Retirés de terre et exposés à un soleil ardent, ils n'en restent pas moins longtemps accouplés : leur corps est enduit d'une humeur visqueuse très-abondante. Après la fécondation ils deviennent mous et indolents, et paraissent comme épuisés par un acte qui, en les excitant à un très-baut degré, a anéanti leurs forces et une partie de leur vitalité musculaire. Le repos et une abondante nourriture leur deviennent nécessaires pour se rétablir. Ceux que j'avais séparés de force et remis dans la terre devenaient tellement mous, qu'ils n'avaient plus aucune consis

tance.

Habitant dans la terre, vivant toujours dans une obscurité profonde, il est bien difficile de découvrir quels sont leurs préludes amoureux et de quelle manière ils parviennent à

(1) Ce renflement a été nommé LA SELLE ou le BAT ( Bardella, par Reddi, et LA CEINTURE par Savigni.

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