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avons dit de leur influence, pour que de pareilles substitutions puissent s'effectuer.

De pareils phénomènes semblent pourtant avoir lieu sans cette condition. Le fait que nous allons citer le fait du moins présumer. Des vases en forme de tonneau ont été découverts auprès de l'ancien temple de Janus, par les soins de la Société archéologique d'Autun. Ces vases en grande partie pétrifiés et incrustés par du carbonate de chaux, avaient conservé les empreintes des cercles et des douves. Ces empreintes indiquaient qu'ils avaient dû être confectionnés avec des végétaux dicotylédons.

M. l'abbé Laudot qui a décrit ce curieux phénomène dans une note imprimée et communiquée à la Société Eduenne, n'a rien dit qui puisse faire supposer que ces vases se soient pétrifiés dans de grandes masses d'eau. Nous ignorons si cette circonstance s'est ou non présentée dans le fait d'Autun; elle pourrait toutefois avoir eu lieu, quoiqu'on ne l'ait pas mentionnée. S'il en avait été ainsi, la pétrification de ces sortes de tonneaux aurait eu lieu, comme dans la plupart des circonstances qui nous sont connues, c'est-à-dire, dans l'eau.

Le troisième mode de fossilisation ou celui qui a converti les arbres et les plantes de l'ancien monde en houille et en lignite, paraît avoir dépendu de la température élevée dont le globe jouissait à l'époque où de pareilles métamorphoses ont eu lieu. La pression exercée sur les végétaux par les dépôts terrestres qui les ont recouverts, ne paraît pas avoir été sans influence sur la conversion de leur substance en matière charbonneuse plus ou moins minéralisée. Il faut encore ajouter à cette influence, celle de la nature des eaux dans lesquelles les matières végétales étaient plongées.

Du moins, d'après les expériences de M. Persoz, des bouleaux abandonnés pendant plusieurs années dans une

dissolution de sel marin, ont été convertis en une matière de nature bitumineuse (1). D'un autre côté, les bois retirés du fond des lacs, et qui y ont séjourné pendant un temps assez long, y prennent l'aspect et les propriétés du lignite. En défaisant, en 1841, le petit pont du Rhin entre Strasbourg et Kiel, construit en 1811, la portion des piliers qui était plongée dans l'eau, était en grande partie transformée en lignite. Cette conversion parait avoir été produite par l'action de l'eau douce sur ces bois; ce qui indique que les houilles doivent probablement les différenees qu'elles présentent avec les lignites, à ce qu'elles se sont formées sous l'influence d'eaux chargées de chlorure sodique et de sulfate de la même base.

Le dernier mode de fossilisation, et peut-être le plus simple, a eu lieu lorsque les ètres organisés composés en partie de tests ou de carapaces solides et pierreuses, ont été en si grand nombre, que leur agglomération a suffi pour former des roches d'une étendue considérable Les matériaux qui sont le résidu organique de ces êtres vivants, nous témoignent de leur ancienne existence et de leur immense quantité dans les temps géologiques.

Ce qui est non moins remarquable, les couches de sédiment entièrement composées de débris organiques, ont été à peu près uniquement produites par les espèces animales des plus faibles dimensions. Les infusoires, ces infiniment petits de la nature animée, paraissent avoir eu sculs ce pouvoir. Les roches d'une grande étendue, dont ils ont composé la masse avec leurs carapaces calcaires ou siliceuses, montrent assez dans quelles proportions immenses devaient être leurs espèces et les individus qui en faisaient partie.

(1) Introduction à la chimie elementaire, par Persoz. Paris, Baillère, 1839, pag. 601.

TOME XVI.

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Les genres des infusoires de l'ancien monde présentent une constance de forme que les animaux des classes supérieures sont loin d'avoir offert. En effet, les espèces de l'oolithe ou des terrains crétacés sont souvent les mêmes que ceux qui vivent de nos jours dans les climats les plus divers. Ces infusoires à carapace siliceuse ou calcaire habitant les fleuves et les mers, ont persisté depuis lors avec des caractères identiques. Leurs races ont joué un rôle important, près l'Équateur ou vers les pôles, dans la formation des dépôts terrestres et l'arrangen:ent de la surface du globe.

Sans doute, des animaux d'un ordre plus élevé que les infusoires, entrent aussi pour beaucoup dans la formation de certaines couches sédimentaires; mais il n'en est pas qui les constituent en entier. Les infusoires nous présentent ce degré de fossilisation à son complément. En considérant l'étendue et la puissance des masses minérales qu'ils ont produites, on est réellement étonné de la surabondance de vie des temps géologiques. Aussi a-t-elle laissé des traces partout dans les dépôts postérieurs à l'apparition des êtres qui jouissaient de ce bienfait.

Le dernier mode de fossilisation nous présente la substance minérale qui faisait partie intégrante des corps organisés lorsqu'ils jouissaient de la vie. Comme la substance qui les composait pour lors, constitue maintenant les roches où les matériaux terrestres, tels par exemple que la craie, on pourrait donner à ce mode de pétrification, le nom de minéralisation.

Le phénomène des remplacements a eu lieu, lorsqu'un corps inorganique s'est borné à prendre la place d'un corps vivant, sans pour cela se montrer ou s'introduire dans les mailles et les tissus qui en font partie. Lorsque cette dernière circonstance s'est présentée, la substance brute ne

s'est pas bornée à occuper la place du corps organisé ; mais elle en a suivi tous les linéaments et lui a été substituée en quelque sorte molécule à molécule. On peut donner à ce mode de pétrification le nom de substitution; il s'opère aussi bien dans les temps historiques qu'il a eu lieu dans les temps géologiques; seulement, il a exercé son action, à ces anciennes époques, sur une plus grande échelle.

Les effets de la minéralisation qui se rapportent aux temps historiques sont encore imperceptibles; mais les infusoires actuellement vivants préparent en silence, dans l'écorce la plus superficielle de la terre, de nombreux matériaux qui auront aussi à leur tour leur importance. Il n'est pas cependant probable qu'ils soient jamais comparables aux immenses dépôts qu'ont formés les zoophytes et les infusoires de l'ancien monde.

Les silex des terrains crayeux n'ont donc pas une origine animale, comme la craie au milieu de laquelle ils sont disséminés. Ils ont seulement occupé la place des corps organisés qui s'y trouvaient; en les remplaçant, ils en ont pris jusqu'à un certain point la forme extérieure, mais sans en représenter la structure et l'organisation.

On ne saurait dès-lors apercevoir en eux-mêmes des preuves de ce mode de formation; seulement les rognons siliceux offrent souvent dans leur intérieur, des corps organisés ou des noyaux pierreux La silice attirée par ces corps, s'est moulée autour de leur surface, et en a plus ou moins conservé la forme. Il en a été de même, soit qu'elle ait rencontré un noyau solide, soit que des alcyonium, des éponges ou tout autre zoophyte lui aient servi de centres d'attraction.

Cependant, pour que la silice pût remplacer ces corps organisés, il n'a pas été nécessaire, comme dans le cas des substitutions, qu'elle fût dans une liquidité parfaite. Il a

suffi pour qu'un pareil remplacement eût lieu, que cette substance fût dans un état pâteux, presque gélatineux. Si cette substance attirée par des corps organisés avait été réellement fluide, elle se serait substituée à ces corps. Elle en représenterait non-seulement la forme, mais les linéainents et jusqu'aux moindres détails de leur structure. Cette dernière circonstance paraît du moins avoir eu lieu toutes les fois que la silice se trouvait dans cet état.

Il n'en a pas été ainsi, lorsque cette substance a pris la place des corps organisés disséminés dans la masse de la craie, ce qui semble annoncer que la silice n'était pour lors ni liquide ni coulante. Elle les a bien remplacés, mais elle ne s'est point substituée à leur propre substance et n'a point pris la forme de leurs mailles et de leur tissu. La matière siliceuse est restée, après ce remplacement, ce qu'elle était auparavant; rien n'a été changé dans sa texture; mais ses rognons rappellent la forme particulière aux corps organisés dont elle a pris la place.

IX.OBSERVATIONS sur la fécondation des Guêpes communes, Vespa vulgaris, LIN.

Les insectes qui habitent près de nous, que nous voyons tous les jours, que nous foulons aux pieds, ont été les moins observés. On a pensé que leur histoire était écrite avec assez de détails, pour qu'il ne fût plus nécessaire de s'en occuper. Le défaut d'observations a laissé subsister une foule d'erreurs qui se répètent chaque jour et qui sont accréditées par des hommes qui portent un nom distingué dans les sciences naturelles. Je conviens qu'on ne voit pas autant qu'on le voudrait; mais combien de naturalistes plus portés

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